Ce document de travail identifie les zones d’emploi à cibler de manière privilégiée par des études de terrain, en croisant plusieurs indicateurs statistiques issus du traitement de données sur l’emploi sur deux périodes, 2007-2016 et 2016-2018. Cette dernière période présente un intérêt particulier dans la mesure où, après une longue phase de désindustrialisation, la France a connu une croissance de l’emploi industriel à partir de 2017 (INSEE, 2020). En particulier, on s’intéresse aux zones qui ont une identité industrielle, une évolution favorable de l’emploi industriel sur les 2 périodes et un effet local qui joue un rôle plus important dans l’évolution de ce taux d’emploi industriel que les conditions macroéconomiques et sectorielles.
Sur les 220 zones où l’industrie est marquante, 78 ont une forte spécificités industrielle dont la moitié sont qualifiées de performantes.
⇒ Parmi les 321 zones d’emploi que compte la France, 220 zones sont marquées par le secteur industriel en 2018. 93 ont connu entre 2016 et 2018 une croissance de l’emploi industriel supérieure à la moyenne nationale (+0,4%).
Pour les 89 autres zones d’emploi sur les 93, la croissance récente de l’emploi industriel a donc fait suite à un long déclin entre 2007 et 2016. Comment alors expliquer ce retournement ?
Pour 36 zones d’emploi parmi les 93, le regain s’explique par des effets locaux prépondérants :
-25 sur la période 2007-2016. Si l’on regarde l’évolution de l’emploi total, la majeure partie de ces zones (14 sur 25) avaient un environnement économique plutôt dynamique depuis 2007, contrairement à l’emploi industriel.
-Inversement, pour 11 de ces 36 zones d’emplois, la croissance de l’emploi industriel de 2016 à 2018 s’explique bien par des effets locaux importants mais cette prédominance ne s’observait pas sur la période 2007-2016 ; la croissance récente de l’emploi industriel y est corrélée à celle de l’ensemble des emplois salariés privés, tout comme le déclin de l’emploi industriel sur la période précédente était concomitant au déclin de l’emploi total.
⇒ Parmi les 220 zones d’emploi caractérisées par une identité industrielle, on en compte donc 127 à avoir connu un déclin de l’emploi industriel sur la période récente.
Ce déclin est observable depuis 2007, à l’exception de 8 d’entre elles dont l’emploi industriel avait augmenté entre 2007 et 2016.
Ces 8 zones d’emploi ont 2 points communs. D’une part, la croissance de l’emploi industriel entre 2007 et 2016 s’explique par des effets locaux supérieurs aux effets macroéconomiques et sectoriels; d’autre part, si des effets locaux ont favorisé l’emploi industriel entre 2007 et 2016, ce sont aussi des effets locaux qui expliquent son déclin sur la période récente (le cas de Vitré par exemple).
Ce résultat justifie que l’on mène une enquête de terrain pour comprendre comment les conditions locales sont devenues moins favorables à l’emploi industriel.
Les 119 autres zones d’emploi ont donc connu un déclin de l’emploi industriel aussi bien de 2007 à 2016 que de 2016 à 2018.
-Toutefois, 31 d’entre elles avaient des effets locaux positifs sur la période 2007-2016, qui n’ont pas empêché le recul de l’emploi industriel.
-Dans les 88 zones d’emploi restantes, le déclin historique de l’industrie tient davantage au contexte macro-économique et à la spécialisation sectorielle plutôt qu’aux conditions locales.
⇒ Conclusion :
78 zones d’emploi présentent à la fois une forte spécificité industrielle, une trajectoire de croissance qui s’écarte de la moyenne nationale sur la période 2016-2018 et des effets locaux prépondérants. Parmi celles-ci, 39 zones d’emploi peuvent être qualifiées de « performantes » industriellement et 39 autres zones d’emploi catégorisées comme étant en « déclin » industriel.
36 zones d’emploi ont été recensées comme ayant des caractéristiques saillantes; je propose d’observer celles dont les emplois industriels dépassent 10 000 salariés industriels.
Pour en savoir davantage : https://www.la-fabrique.fr/fr/publication/a-la-recherche-des-territoires-dindustrie-a-effet-local-dominant/