Entre 2008 et 2017 l’emploi progresse en France dans les grandes entreprises du fait des rachats au sein des autres tranches de taille.


"Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises", Insee Première N°1839, février 2021

Sources : démographie des établissements de 2008 à 2017 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique, etc.), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi (liaisons financières).

 

Au cours du temps, les entreprises évoluent : création et disparition, changement de taille (développement ou au contraire diminution d’effectifs, rachat…). Cette étude, par une approche dynamique de l’emploi permet de prendre en compte les flux entre les catégories, d’attribuer à chacune les créations ou suppressions d’emplois qui ont eu lieu.

L’approche dynamique consiste à répartir l’évolution de l’emploi en fonction des seuils définissant les catégories d’entreprises. Ainsi, si une microentreprise compte 7 salariés en 2014 et devient une PME de 15 salariés en 2015, le seuil déterminant la limite entre les microentreprises et les PME étant de 9 salariés, 2 emplois sont attribués aux créations d’emplois des microentreprises et 6 emplois aux créations des PME. En revanche, si une microentreprise de 7 salariés est rachetée par une PME, il n’y a ni création ni suppression d’emploi : il y a un flux de 7 salariés des microentreprises vers les PME.

 

Ce travail intéressant ne permet toutefois pas de situer ces évolutions au regard de l’indépendance des dits établissements (appartenance à un groupe, rachat, développement des entreprises indépendantes restées indépendantes).

 

L’emploi progresse le plus dans les petits établissements, mais l’évasion d’une grande part de ces emplois se fait en direction des PME.

⇒ Les TPE sont les établissements qui ont le solde d’emplois le plus important entre 2008 et 2017

En 2017, en France, les entreprises des secteurs marchands hors agriculture emploient 15,7 millions de salariés à travers 1,5 million d’établissements employeurs.

 

Entre 2008 et 2017, les TPE, les PME et les ETI créent respectivement 126 700, 80 000 et 68 700 emplois salariés, alors que les grandes entreprises en suppriment 246 300.

Noter que les TPE sont les établissements qui ont créé le plus d’emplois en termes de solde : 191 700 emplois créés du fait de leur développement au sein de la taille et une perte de 65 000 emplois résultant de la différence entre les emplois perdus et les emplois créés au sein de nouveaux établissements, soit au total 126 700 emplois.

Il en est de même pour les PME : un solde de 128 500 emplois dans les PME pérennes et une perte de 48 500 emplois entre les emplois disparus et ceux créés dans de nouveaux établissements , soit un solde global de 80 000 emplois.

 

A contrario les ETI pérennes ont perdu 143 000 emplois mais gagnés 211 700 du fait d’introduction de nouveaux établissements, soit un solde de 68 700. Les grandes entreprises pérennes ont perdu 448 900 emplois alors qu’ils en ont récupéré 202 600 via de nouveaux établissements pour un solde final en baisse de 246 300 emplois.

Les ETI et les grandes entreprises développent leurs emplois via de nouveaux établissements pour diverses raisons : géographiques avec de nouvelles implantations, économiques pour développer de nouvelles activités, etc.

⇒ Du fait des changements de taille les TPE perdent le plus grand nombre d’emploi, ceux-ci étant intégré dans les PME

Entre 2008 et 2017, les TPE ont un solde positif de 126 700 emplois, mais perdent finalement 275 000 emplois, parce que 402 000 emplois sont devenus des emplois en PME (développement de l’entreprise).

Les PME perdent quant à elles 149 000 emplois malgré un solde positif de 80 000 emplois et un gain de 402 000 emplois venant de TPE, mais elles perdent 584 000 emplois au profit des ETI et 47 000 au profit des grandes entreprises.

Les grandes entreprises sont les seules à détruire des emplois salariés, mais au total leurs effectifs salariés augmentent du fait de leur croissance externe (387 600 emplois en provenance d’ETI et 47 300 de PME).

Les ETI connaissent la plus forte croissance en solde d’emploi du fait de l’intégration de 583 700 emplois en provenance de PME, alors qu’elles n’apportent aux grandes entreprises que 387 600 emplois.

⇒ Le développement de l’emploi se focalise dans un petit nombre de zones d’emploi

Les grandes entreprises créent des emplois salariés dans seulement 40 zones d’emploi, alors que les TPE et les PME créent de l’emploi plutôt dans les grandes agglomérations et les pôles économiques (activités présentielles ou dépendant de l’activité des grandes entreprises et des ETI)

 

Dans les dix zones d’emploi les plus dynamiques (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Montpellier, Aix-en-Provence, Rennes et Saclay), les entreprises créent près de 340 000 emplois provenant principalement des TPE (+ 110 000), des PME (+ 120 000) et des ETI (+ 100 000).

Toutes les grandes zones d’emploi n’ont pas une dynamique positive : ainsi la croissance de l’emploi salarié est très faible à Marseille et à Strasbourg, et l’emploi diminue à Roissy et à Versailles-Saint-Quentin.

 

En dehors des grands pôles urbains à forte attractivité économique, l’emploi salarié diminue dans plus des deux tiers des zones d’emploi.

Les grandes entreprises concentrent plus de la moitié des destructions d’emplois, mais toutes les catégories d’entreprises y contribuent.

 

Pour en savoir davantage : Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises – Insee Première – 1839