En 2022, la DGE recense 6 811 ETI.


"Accompagner les ETI, des acteurs stratégiques pour la réindustrialisation et les territoires", DGE, théma N°29, mai 2025

Définition : la catégorie des ETI regroupe les entreprises ayant entre 250 et 4 999 salariés, avec un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5Md€ ou un bilan total inférieur à 2Md€. Les entreprises de moins de 250 salariés, mais au chiffre d’affaires supérieur à 50M€ et au total de bilan supérieur à 43M€ sont aussi comptabilisées comme des ETI.

La définition de l’entreprise s’appuie sur loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008. Avec l’émergence des groupes de sociétés notamment, les unités légales détenues par d’autres peuvent perdre tout ou partie de leur autonomie et ne sont donc pas des entreprises au sens économique. C’est pourquoi l’Insee appuie désormais ses statistiques structurelles sur les entreprises au sens économique, afin de disposer d’une vision plus pertinente des performances du tissu productif.

 

La difficulté du chiffrement du nombre ETI est double, du fait de mouvements d’entrée et de sortie de cette catégorie, et d’un chiffrement du nombre de salarié, inférieur dans nombre de cas à 250 salariés.

 

En 2022, l’économie française comptait 6 811 ETI, qui pesaient pour 25,1% des effectifs salariés (vs 24,9 en 2017), 29% du chiffre d’affaires et 26% de la valeur ajoutée. Le nombre d’ETI a augmenté de 26% entre 2017 (5 396) et 2022 (6 811). Leur taille se rapproche plus des PME que des GE puisqu’en moyenne elles emploient 580 salariés. 

⇒ Dans quels secteurs d’activité ces ETI ?

En nombre, 29% des ETI sont industrielles et 29% du secteur commerce, devant les services aux entreprises (16%, mais 22 si l’on cumule avec l’informatique), soit 80% des entreprises dans ces secteurs. 

 

Comparés à la répartition dans l’ensemble des entreprises, les ETI sont en nombre largement plus présentes dans l’industrie (29% vs 8 dans l’ensemble des entreprises) , davantage dans le commerce (29% vs 18), alors qu’elles sont moins présentes dans les services aux entreprises, l’informatique/com, la construction, les HCR, les activités immobilières, et les services aux personnes.

⇒ Quelles caractéristiques au regard des autres tailles d’entreprise ?

Les ETI se positionnent entre les PME et les grandes entreprises : 

– Les TPE sont peu tournées vers l’export (3%), moins que les PME (10% de leur chiffre d’affaires), vs pour les Grandes Entreprises (32%) et les ETI (20%),

– Avec un âge moyen de 34 ans, les ETI sont plus matures que les PME (21 ans) ou les TPE (9 ans), mais moins que les GE (41 ans),

– Elles ont traversé les phases de développement les plus critiques et affichent une productivité du travail supérieure aux PME (91,5 en K€ vs 71,2) et à celle des TPE (80,9), mais inférieure à celles des GE (104,5). 

 

De fait, les ETI reposent moins sur le capital et leurs immobilisations corporelles que les GE, leur taille moindre ne leur permettant pas non plus d’exploiter au même degré les économies d’échelle. En revanche, elles s’appuient davantage sur le facteur travail.

⇒ La localisation des ETI.

Si les sièges sociaux sont principalement situés en Île-de-France (2 300 ETI, 34% des ETI) ou proches des grandes agglomérations (320 dans le Rhône, 220 dans le Nord), la majeure partie des ETI est aussi présente dans diverses régions à travers l’implantation d’autres types d’établissements comme des usines de production, des magasins ou encore des bureaux décentralisés ; en 2019, 80% disposaient également d’un établissement dans au moins une autre région.
Les établissements des ETI participent davantage que ceux des GE au dynamisme économique des unités urbaines de 20 000 à 200 000 habitants, mais elles sont à proximité des GE pour celles supérieures à 200 000 habitants intégrant Paris, alors que les PME sont plus présentes dans les unités de moins de 20 000 habitants. 

⇒ Les ETI appartiennent le plus souvent à des groupes français, dont la majorité n’a de filiales qu’en France.

♦ Elles ont des stratégies très différentes en fonction de leur type de contrôle :

– 42% des ETI appartiennent à un groupe franco-français. L’activité de ces ETI est majoritairement concentrée sur les secteurs « abrités » de la concurrence internationale : 36% d’entre elles exercent dans le commerce et 10% dans la construction. Seulement 5% de leur chiffre d’affaires est réalisé à l’export,

– 28% appartiennent à une multinationale française (détenant plus de 75 unités légales en moyenne, dont 27 à l’étranger) et sont plus orientées vers le secteur industriel (39% de ces ETI). Elles exportent 24% de leur chiffre d’affaires,

– 25% appartiennent à un groupe étranger. elles sont de taille plus grande, exercent dans l’industrie et exportent davantage (30% de leur chiffre d’affaires),

– enfin, 6% sont indépendantes. Elles sont légèrement plus jeunes et plus petites, et sont plus présentes dans les activités immobilières, celles de soutien aux entreprises et les transports.

 

♦ La structure de la main-d’œuvre des ETI est influencée par leur contrôle. C’est le cas notamment des ETI industrielles, où les entreprises sous contrôle étranger ont une part plus importante de cadres et de professions intermédiaires, en lien avec une production souvent délocalisée.

⇒ Les ETI sont des acteurs importants de la réindustrialisation et de l’innovation de rupture :

Parmi les 1 600 usines présentes sur le territoire en 2021, 37% appartiennent à des ETI et concentrent 44% du chiffre d’affaires, alors que 12% appartiennent à des GE pour 33% du chiffre d’affaires. L’emploi moyen d’une usine détenue par une ETI atteint 56 ETP dont 71% sont des métiers industriels.

De 2022 à 2024, les ouvertures nettes de site sont d’abord le fait des PME (63%) puis des ETI (25%) et enfin des GE (12%) ; il en est de même pour les extensions (64, 20 et 16%) ; les ETI ont ainsi ouvert près de 2 fois plus de sites industriels que les GE.

 

Les ETI représentent 25% des dépenses de R&D des entreprises, à la suite des GE (54%) et proches des PME (21%). Elles investissent majoritairement dans les technologies de rupture (haute et moyenne-haute technologies).

⇒ La mobilité entre 2021 et 2022 :

♦ 5 950 ETI (88%) l’étaient déjà en 2021, alors que 825 PME ont évolué vers le statut d’ETI en 2022. Parmi ces dernières, 575 avaient été ETI en 2019 ou 2020, alors que 250 avaient été des PME ces 3 dernières années.

 

– Cette dernière population de 575 ETI sont moins orientées vers le secteur industriel et plus vers la construction et le commerce. 70% d’entre elles ont atteint le statut d’ETI en dépassant les seuils de chiffre d’affaires et de bilan en 2022, mais sans dépasser les 250 employés. Le chiffre d’affaires de cette population d’ETI a augmenté en moyenne de 13,4% par an entre 2017 et 2022, contre 5,5% pour les ETI déjà installées sur la même période. Ces nouvelles ETI ont embauché 38 salariés de plus, pour avoir en moyenne 166 salariés, alors que l’effectif des ETI déjà installées a crû de 24 salariés sur la même période (de 630 à 654 employés en moyenne).

 

– En 2021, 600 ETI franchissaient le seuil pour la première fois (au moins depuis 2019), contre 5 300 ETI déjà installées et 230 ETI qui avaient fait un passage par la catégorie PME en 2020 avec la crise sanitaire.
Ces 600 nouvelles ETI de 2021 ont des caractéristiques similaires aux 575 nouvelles ETI de 2022 : principalement positionnées dans les secteurs de la construction, du commerce et des activités de services et moins dans l’industrie. Elles ont montré un taux de croissance annuel très fort de leur chiffre d’affaires entre 2017 et 2021 (+14% par an) et ont rejoint la catégorie des ETI pour la majorité en dépassant les seuils de chiffre d’affaires et de bilan plutôt que le seuil d’effectif salarié.

85% sont restées ETI en 2022. Elles ont continué à croître, employant 26 salariés de plus en moyenne (contre 19,5 salariés de plus pour les ETI déjà installées) et montrant un taux de croissance en chiffre d’affaires de 24% entre 2021 et 2022 (contre 14% pour les ETI déjà installées), et ce dans tous les secteurs (dans une moindre mesure dans la construction).

 

– 350 ETI ont moins de 5 ans en 2022. Elles sont majoritairement dans les activités commerciales (32%), le soutien aux entreprises (26%, agences de travail temporaire, ingénierie, soutien aux entreprises) et la construction (11% dont la promotion immobilière).
Alors qu’elles sont âgées en moyenne de 3 ans, elles ont déjà plus de 500 employés en 2022 et sont portées par une croissance de presque 100 salariés supplémentaires. Elles ont majoritairement atteint ce stade en dépassant la barrière des 250 employés, en bâtissant leur croissance sur un recrutement important.

♦ Un éclairage complémentaire : celui de France Stratégie https://letowski.fr/une-analyse-de-levolution-des-eti-en-france-sur-la-periode-1994-2022/, 32% des ETI recensées en 2022 avaient un statut différent 5 ans plus tôt. Parmi elles, 6% étaient des TPE en 2017, 23% des PME (dont 20% d’entreprises de plus de 50 salariés et 3% de moins de 50 salariés) et 3% des ETI des créations ex nihilo entre 2017 et 2022.

 

⇒ La comparaison des ETI au sein de l’UE n’est pas possible.

Ce que l’on sait cependant, pour comparer la France et l’Allemagne (modèle du Mittelstand) : la force du modèle économique allemand repose sur la diversité de ses PME, réparties sur l’ensemble du territoire. Le marché français est beaucoup plus concentré autour de ses grandes entreprises : 2/3 du chiffre d’affaires total est généré par les 7 100 GE et les ETI, (dont 38% les seules GE). En Allemagne, les entreprises de plus de 250 salariés chiffrent en valeur ajoutée 52% vs 56 en France. C’est une part bien plus importante que celle de l’Italie (38%). 

⇒ Un  accompagnement public spécifique.

♦ Créé en 2023, le programme ETIncelles est une initiative de l’État destinée aux PME qui ont l’ambition de devenir des ETI. 
Les 197 PME du programme bénéficient d’un accompagnement personnalisé par un interlocuteur unique dont le but est de comprendre leurs besoins et fluidifier leurs échanges avec l’ensemble des services de l’État. Le dispositif s’appuie sur un réseau de 45 correspondants, dans les organismes publics et les principales administrations. Le programme vise au partage d’informations et à la création d’une communauté des « PME de croissance ».

 

Une analyse de leurs caractéristiques permet de montrer qu’au moment de leur recrutement, les ETIncelles sont beaucoup plus exportatrices que l’ensemble des PME, et même que les ETI (33% du chiffre d’affaires est réalisé à l’export en moyenne, contre 10% pour les PME hors microentreprises et 20% pour les ETI en France). Ces entreprises montrent également un ratio investissement / chiffre d’affaires élevé, de l’ordre de 7%.

 

♦ Les entreprises des 4 promotions ont 28 ans d’ancienneté, un chiffre d’affaires médian de 15M€ et 83 salariés.

Enfin, elles connaissent une croissance forte : dans le commerce, cette progression est de 20% par an, contre +6,3% pour les autres PME du secteur, dans les services administratifs et de soutien au entreprises (13,5% vs 4,2), dans l’informatique (12,5% vs 8,8), dans les autres services aux entreprises (11% vs 7) et dans l’industrie (56% des bénéficiaires, 7,4% vs 5,1).

 

♦ En 2024, le cabinet BDO a réalisé une étude pour identifier les PME à forte croissance qui auraient le potentiel de devenir ETI : 1 000 PME ont été identifiées, issues à 70% de la sphère productive et engagées pour 50% dans des activités à l’international. Mais leur part de chiffre d’affaires à l’exportation restait faible (moins de 10%), tout comme le nombre de brevets déposés. 

 

Pour en savoir davantage : https://www.entreprises.gouv.fr/la-dge/publications/accompagner-les-eti-des-acteurs-strategiques-pour-la-reindustrialisation-et-les