Le profil des créations 2022 en Ile-de-France, comparées à la France.


"Plus d’un tiers des créateurs d’entreprise franciliens ont moins de trente ans", Insee Analyses IdF, Crocis, N°200, avril 2025

Sources : le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) permet d’observer et de suivre une génération de nouvelles entreprises tous les 4 ans.

Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des créations d’entreprise du premier semestre dans l’ensemble des activités économiques marchandes non agricoles en France. Ce champ est restreint aux entreprises qui ont vécu plus d’un mois dans le cas des sociétés et des entreprises individuelles hors régime du micro-entrepreneur. L’échantillon de l’enquête est composé de 70 000 entreprises créées au 1er semestre 2022 et interrogées en novembre 2022. Ces dernières seront de nouveau enquêtées en 2025 et 2027.
L’Insee Ile-de-France et Crocis ont travaillé sur la même enquête mais ont été complémentaires dans leurs analyses au sein de leurs publications respectives 

 

Les écarts de profil entre l’Ile de France sont manifestes (plus de jeunes, de trés diplômés, et de services aux entreprises). L’observation en Ile de France des 3 formes juridiques est lui aussi explicite.

⇒ En termes de caractéristiques des entrepreneurs.

289 000 entreprises ont été créées en Île-de-France, ce qui représente 26% du total des créations en France.

 

Les motivations : le souhait de devenir indépendant concerne 45% des créateurs de société, 43% des créateurs d’entreprise individuelle et 38% des micro-entrepreneurs. En outre, cette motivation est citée par 53% chômeurs.
29% évoquent aussi la volonté d’augmenter ses revenus (33% les microentrepreneurs et 45% les entrepreneurs individuels qui créent une entreprise dans le commerce).
Et 24% le fait de pouvoir exercer une activité ayant du sens, une motivation particulièrement évoquée par les anciens chômeurs (30%).

 

♦ Une comparaison Ile-de-France et France (toute la France dont les DROM, ou les seules autres régions métropolitaines Françaises ?) : plus de jeunes et plus de diplômés qu’en France.

Si la proportion de femmes est proche (39% en Ile-de-France vs 40 en France), tout comme la situation avant la création (ex salarié ou ex chômeur, voire retraité), l’Ile-de-France fait toutefois état de davantage d’étudiants (16,1% vs 11,8) et surtout de davantage de moins de 30 ans (35,2% vs 30,9), moins de 40 ans et plus (33,7% vs 38) et surtout davantage de diplômés de bac +5 et au-delà (33,5% vs 23,6).

 

♦ Une comparaison des différentes formes juridiques en Ile-de-France.

Parmi les entreprises créées au 1er semestre 2022, 60% relèvent du régime de la micro-entreprise, 8% sont des autres entreprises individuelles et 32% des sociétés.

 

Le décalage entre entreprises individuelles et sociétés est flagrant : on trouve dans les sociétés moins de femmes (25% vs 44 en microentreprises et 52 en entreprises individuelles autres), moins de jeunes (14,5% vs 46 en microentreprises et 37 en entreprises individuelles autres) et nettement plus de 50 ans et plus (23% vs 12 et 15). Il l’est encore quant à la situation antérieure du créateur (36% des chefs d’entreprise vs 8 et 15) et nettement moins d’étudiant (4% vs 22 et 20).

 

Une proximité toutefois entre les entrepreneurs en société et ceux en entreprise individuelles autres, celle des diplômés de niveau bac+5 et au-delà (44% vs 40), qui s’explique notamment du fait de l’impossibilité d’immatriculation en microentreprise pour nombre de professions libérales. 

Noter qu’une entreprise sur deux créée par une femme relève des activités spécialisées, scientifiques et techniques (35%), et du commerce (15%). Par ailleurs, les secteurs de création les plus féminisés sont la santé et l’action sociale (71% de créatrices) et les autres activités de services aux ménages (68%). À l’inverse, les secteurs les moins féminisés sont la construction (6%) et les transports (9%).

 

Noter encore que 41% des créateurs n’ont aucune expérience dans le secteur d’activité de l’entreprise créée. Cette absence d’expérience s’observe particulièrement pour les micro-entrepreneurs (50%). La part élevée d’absence d’expérience est à mettre en relation avec les reconversions professionnelles (25% vs 28 en France). À l’opposé, 19% des créateurs affichent au moins 10 ans d’expérience dans le secteur d’activité de l’entreprise créée (21% en France).
 

En 2022, 17% des créateurs d’entreprise franciliens ont suivi une formation avant de lancer leur projet. Parmi eux, 55% ont suivi des formations professionnelles spécifiques à leur métier et 22%, des formations en gestion. Les créateurs de société se forment davantage en gestion (29%) tandis que les créateurs d’entreprise individuelle choisissent en majorité des formations métier (67%). En outre, 39% des créateurs d’entreprise ayant suivi une formation ont utilisé leur compte personnel de formation (CPF).

 

Noter enfin que 23% ont recours à des espaces de travail partagé (coworking, fablab, atelier partagé, autre tiers-lieu). Par ailleurs, 15% travaillent via une ou plusieurs plateformes numériques de mise en relation (au national 11%), mais 63% dans l’activité transport et 33% chez ceux en HCR. 

 

♦ Les créations selon leurs activités : comparaison IdF et France :

On y trouve davantage de services aux entreprises (41,2% vs 31,6), davantage d’activités dans le transport (11,8% vs 8,3, du fait de la livraison à domicile), mais moins de création dans les autres activités (du moins en structure de création, faute de connaitre leur densité au regard de la population).

 

Les créations selon leurs activités par nature juridique (en termes de structure) en IdF :

Les 2/3 des microentreprises sont localisées dans les services aux entreprises (45%), et les services aux particuliers (21%), alors que 60% des sociétés se retrouvent dans les services aux entreprises (37,5%), et le commerce et HCR (22%). 57% des autres entreprises individuelles sont le fait de services aux particuliers (29%, notamment en santé), et de services aux entreprises (28%), 

 

Dans les services aux entreprises, les activités scientifiques et techniques dominent (27% mais 32% en microentrepreneurs).

Dans les activités de services aux particuliers, les activités de santé et d’arts et spectacles sont trés présentes sous la forme d’autres entreprises individuelles (27% sur un total de 29 vs 7% en microentreprises sur un total de 21).

Au sein du commerce, réparation auto et HCR, ce sont les autres entreprises individuelles (23%) et les sociétés (22%) qui dominent.

Dans la construction, les sociétés prennent le pas sur les 2 autres formes (13% vs 4 et 3), alors que dans le sous-groupe activités immobilières et financières, les sociétés dominent (11% vs 3).

Enfin dans les transports, les sociétés sont moins nombreuses.

⇒ Les capitaux de départ des créations en IdF par nature juridique :

87% des entreprises sous forme de microentreprises démarrent avec au plus 2 000€ de capitaux initiaux, comme d’ailleurs 76% des autres entreprises individuelles, alors que 41% des sociétés démarrent avec au moins 4 000€.

Près des 3/4 des créateurs étudiants lancent leur projet sans aucun financement. A contrario, 23% des entreprises créées par d’ex chefs d’entreprise disposent d’un budget initial de plus de 16 000€.

 

Lorsque le projet nécessite des moyens financiers, 60% des créateurs mobilisent leurs ressources propres ; l’emprunt bancaire au titre de l’entreprise n’est utilisé que par 10% des créateurs ; le crowdfunding intervient dans 9% des projets. Par ailleurs, 29% déclarent avoir bénéficié de dispositifs publics d’aides financières (7% des allocations chômage reçues sous la forme d’un capital, 1% des aides régionales ou locales).

⇒ Le contexte de la crise sanitaire :

Selon 25%, la crise sanitaire a eu un impact sur leur projet de création en retardant leur projet (15%) ou à l’inverse en le faisant naître ou en l’accélérant (11%).

Pour ceux en reconversion professionnelle, la crise sanitaire a eu davantage d’effet (respectivement 19% et 16). Les étudiants, contrairement aux autres catégories, déclarent que la crise a plus souvent fait naître ou avancé leur projet qu’elle ne l’a retardé (11% contre 7%).
Chez les chômeurs, la crise a souvent eu un fort impact, dans un sens (18% de reports) ou dans l’autre (17%). Parmi les autres créateurs, les projets ont davantage été retardés, notamment pour les anciens chefs d’entreprise avec 19% de projets retardés contre 9% naissants ou accélérés.

 

Son incidence est globalement forte pour les créateurs de sociétés (21% de reports contre 11de projets naissants ou accélérés). Elle a un effet plus marginal pour les entrepreneurs individuels (14% contre 8). Les micro-entrepreneurs déclarent dans des proportions similaires que la crise sanitaire a fait naître ou avancer leur projet ou qu’elle l’a retardé (12%).

⇒ Près de 2/3 des créateurs sont sensibles à l’impact environnemental de leur activité.

Pour plus de la moitié d’entre eux, il s’agit d’une préoccupation forte (27%) ou c’est la raison même de la création de leur entreprise (8%).
À l’opposé, 25% déclarent que l’impact environnemental ne concerne pas l’activité de leur entreprise, et 12,5% sont indifférents à cette préoccupation.

La préoccupation environnementale est plus forte dans les secteurs de l’industrie, de la construction et des HCR, où les 3/4 des entrepreneurs sont soucieux de l’impact environnemental de leur entreprise. Cette sensibilité est même à l’origine de 12% des créations dans l’industrie contre 7% tous secteurs confondus.

 

4 créateurs sur dix sont engagés dans une logique de gestion économe et durable des matières premières, de l’eau et des fournitures.

Compte tenu du fort développement du réseau de transports collectifs en Île-de-France, les créateurs d’entreprise franciliens utilisent plus souvent que leurs homologues en France des modes doux de transport (vélo, marche) ou les transports en commun (train, bus, covoiturage) pour leurs déplacements domicile-travail (33% vs 20).

 

 Pour en savoir davantage : https://www.cci-paris-idf.fr/sites/default/files/2025-04/enjeux-260.pdf