3 étapes imposées, avec une réalisation inégale et la question difficile des formations complémentaires indispensables.
Le Conseil en Évolution Professionnelle vise « à garantir à tout actif qui en exprime le besoin, l’accès à un service d’appui universel, neutre, personnalisé et gratuit pour faire le point sur sa situation professionnelle, et le cas échéant élaborer et formaliser un projet d’évolution professionnelle » (cahier des charges du CEP de juillet 2014).
Il ne s’agit pas d’un dispositif supplémentaire, mais d’une démarche globale d’accompagnement visant à permettre à la personne de définir son projet de manière autonome, en la soutenant dans la préparation de celui-ci, en faisant le lien avec les besoins économiques du territoire et en articulant les interventions des différentes institutions impliquées dans sa réalisation.
La mise en œuvre du CEP a été confiée à cinq opérateurs assurant une mission de service public dans la sphère emploi-formation : Pôle emploi, les Cap emploi, l’Apec, les Missions locales et les Opacif. Une posture de co-construction du projet devait remplacer la logique prescriptive là où elle prévalait encore. Comment les acteurs de terrain ont-ils mis en œuvre le CEP ? Quel impact celui-ci a-t-il eu sur l’activité et les missions des agences de chacun des cinq opérateurs et sur celles des conseillers ? De quels appuis ceux-ci ont-ils pu bénéficier pour faire face à l’évolution de leurs missions ? Une étude du Céreq propose un premier diagnostic.
Pour schématiser, il existe deux conceptions du CEP. La première, celle des Fongecif/Opacif, de l’Apec et de Pôle emploi, le conçoit comme une démarche, formant l’un des maillons d’un changement plus global des logiques de l’action publique qui sous-tendent le fonctionnement de ces opérateurs. Le CEP peut ici être perçu comme un accélérateur de cette évolution, un vecteur d’enrichissement professionnel ou de montée en compétences.
La seconde conception, celle des Cap emploi et des Missions locales, considère plutôt le CEP comme une injonction supplémentaire qui ne modifie pas significativement la philosophie d’action ni la posture, mais qui impose de nouvelles règles contraignantes (synthèses à délivrer, rubriques du logiciel à renseigner, etc.). Les conseillers insistent alors sur la lourdeur dans l’exécution des tâches et sur la complexité liée à la gestion concomitante d’autres dispositifs.
Par-delà ces deux conceptions, la plupart des conseillers discernent difficilement les effets propres du CEP sur leur activité. Il s’est le plus souvent inscrit dans la continuité (Cap emploi et Missions locales), même lorsqu’il a étendu le champ de l’accompagnement (Apec) ou qu’il accéléré une mutation déjà engagée (Pôle emploi, Fongecif). Nombre de conseillers des différents opérateurs ont toutefois évoqué un changement qu’ils attribuent au CEP : un indéniable développement des échanges au sein des structures locales.
Concernant l’organisation concrète de l’accompagnement des publics, le constat est celui d’une diversité des modes d’organisation de ses trois niveaux et des modes de délivrance du service.
Le niveau 1, l’accueil individualisé, n’est pas à la hauteur des objectifs fixés par le cahier des charges. Aucun des territoires étudiés ne l’a déployé intégralement et de manière harmonisée entre les opérateurs ; les chargés d’accueil se sont souvent limités à un simple pré-diagnostic de la demande, sur le mode d’une « gare de triage ».
Le niveau 2, celui du conseil personnalisé lors de la définition du projet professionnel. Chaque opérateur délivre ce conseil en fonction de sa culture propre et des spécificités de son public. Ceci étant, les différentes structures se rejoignent sur un point : le cahier des charges du CEP a institué des pratiques d’écoute et d’accompagnement respectueuses du cheminement de la personne.
Bien qu’elle soit jugée pertinente par tous, cette posture de co-construction dans la durée est chronophage et entre en tension avec la dimension gestionnaire de leur activité (tâches de reporting, flux de personnes à accompagner, places de formations à remplir…).
Le niveau 3 est celui de l’accompagnement personnalisé à la mise en œuvre du projet professionnel. Les conseillers doivent endosser un rôle d’intermédiation dans l’ingénierie de parcours, étape que nombre d’entre eux jugent la plus délicate. D’abord parce qu’elle peut amener à interroger le « réalisme » du projet, ou du moins sa faisabilité ; ensuite parce que le projet suppose souvent une formation (à ce niveau, seuls Pôle emploi et les Opacif ont le pouvoir de déclencher son financement). Cette étape révèle donc la fragilité des opérateurs non financeurs.
Pour en savoir davantage : http://www.cereq.fr/publications/Cereq-Bref/Le-conseil-en-evolution-professionnelle-un-nouveau-metier