Certaines activités sont très affectées par la hausse des défaillances telles l’immobilier, la construction, voire le transport.
⇒ Une 1ére approche des données globales.
16 371 défaillances au 2éme trimestre, en hausse de 23,4% comparé à 2023, notamment dans la procédure redressement (+39%), nettement plus que pour les liquidations judiciaires (+19%).
La hausse du 1er semestre 2024 au regard de 2023 chiffre 21,3%, dont 15,1 pour les liquidations et 36,1% pour les redressements, ce qui manifeste une situation nouvelle puisqu’antérieurement les liquidations progressaient davantage. Est-ce le fait d’une approche différente des Tribunaux de Commerce au regard de la conjoncture actuelle, et des prêts gouvernementaux suite au covid ?
Si nous opérons la comparaison avec 2019, la hausse est plus modeste (+16% dont +19% pour les redressements et +13% pour les liquidations).
En fait cette comparaison des données fournies par Altares est peu utilisable parce que les données publiées en 2019, sont différentes de celles publiées par la suite pour cette même année 2019 (corrections effectuées au fil des années qui suivent) ; si l’on s’en tenait aux données publiées en 2019, la hausse des défaillances en 2024, comparées à 2019 serait de 33%, alors que les donnés corrigées par la suite conduisent à une hausse de 16%. J’abandonne cette comparaison par la suite, pourtant plus pertinente que celle des années 2020-2023.
⇒ Les défaillances selon la taille des entreprises.
Les entreprises de moins de 3 salariés sont toujours les plus nombreuses : 74% des défaillances dont 78% des liquidations et 65% des redressements. Elles sont 26% de plus au 2éme trimestre 2024 qu’en 2023, notamment dans la procédure redressements (49,5% vs en moyenne 39). Le taux de liquidation y est aussi le plus élevé (72%).
Globalement les autres tailles affichent des évolutions du nombre de défaillances assez proches (entre 16 et 19%), mais avec des différences notoires selon les procédures. Les entreprises de 20 salariés et plus connaissent des taux de liquidation faibles (26 à 29%). Noter que les entreprises de 20 salariés et plus y sont peu nombreuses (510, ou 3% des défaillances).
L’observation des défaillances du 1er semestre permet de prendre un peu de recul avec un temps plus long. Les entreprises de moins de 3 salariés sont 23% de plus au 1er semestre 2024 (vs 26 au 2éme trimestre), avec un peu moins de liquidations(15,5 au lieu de 20) mais tout autant de redressements (49%).
Noter les taux de redressement de 33 à 37% pour les entreprises de 20 salariés et plus vs 22 à 27% pour les 3 à 19 salariés.
⇒ Les défaillances selon l’ancienneté des entreprises.
Au 2éme trimestre, hors les moins de 3 ans d’ancienneté peu nombreuses (11% des défaillances), 3 autres ensembles sont proches : les 3 à 5 ans d’ancienneté (30% des défaillances), les 6 à 10 ans (28%) et les plus de 10 ans (31%). Les moins de 10 ans totalisent plus des 2/3 des défaillances.
Les taux de liquidation (entre 14 et 24%) et de redressement (entre 33 et 40%) sont plutôt proches au 2éme trimestre 2024, quelle que soit l’ancienneté, avec l’exception du taux de liquidation des moins de 3 ans (7%) et des taux de redressement pour les plus de 10 ans (43-46%).
Sur le semestre, si les taux globaux suivent ceux du 2éme trimestre, Ils sont plus disparates en ce qui concerne les liquidations et les redressements.
⇒ Les défaillances selon les régions.
Si les taux de liquidation sont assez proches selon les régions (entre 62 et 70 avec une moyenne de 68), noter le taux élevé pour l’Île-de-France (80%) et des taux faibles pour la Corse, Paca et l’Outre-Mer (entre 52 et 56%) manifestant des pratiques différentes dans ces dernières régions.
En ce qui concerne l’évolution semestrielle, 3 régions montrent des taux élevés de défaillances entre 2023 et 2024 (Ile-de-France, Corse et Normandie) et 3 régions les taux les plus faibles (Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, et Hauts-de-France).
⇒ Une approche par activités fines.
Les activités les plus mises à mal au 1er semestre 2024 dans la conjoncture actuelle sont les plus souvent défaillantes (l’immobilier, la construction et le transport routier) ; ce sont 30% des défaillances.
Par contre la moitié des activités ont un taux de défaillances inférieur à la moyenne de 21% : on y trouve notamment les HCR (13% des défaillances et un taux de 11,2%), le commerce (21% des défaillances et un taux de 17%), les activités récréatives (-8,1% en taux de défaillance). Est-ce le fait d’entreprises individuelles qui négocient leur cessation sans passer par la défaillance, voire de fonds de commerce remis en vente ?
Pour en savoir davantage : https://www.altares.com/2024/07/11/etude-defaillances-dentreprises-en-france-2eme-trimestre-2024/
⇒ 2 autres sources de données sur les défaillances d’entreprise.
Les méthodologies pratiquées peuvent être pour partie différentes.
♦ La Banque de France dans sa publication du 8 juillet évaluait les défaillances des 12 derniers mois à 61 036, vs 49 383 un an avant (+26,2%) et seulement -2,9% au regard de la moyenne 2010-2019 (59 342 défaillances).
Méthodologie : la Banque de France collecte des informations concernant les décisions judiciaires auprès des greffes des tribunaux de commerce, des tribunaux de grande instance compétents en matière commerciale et auprès des tribunaux des DOM et collectivités d’outre-mer. La défaillance est qualifiée par l’ouverture d’une procédure collective donnant lieu au dépôt d’une déclaration de cessation de paiement.
♦ Le Conseil National des Administrateurs judiciaires et des Mandataires Judiciaires proposait le chiffre de 33 493 défaillances au 1er semestre 2024 (vs 27 583 pour Altares), en hausse de 18% au regard de 2023 et de 20% au regard de 2019.
En termes de méthodologie, les données incluent toutes les entités légales (y compris les entrepreneurs individuels, les professionnels libéraux et les associations) qui ont fait l’objet d’une décision d’ouverture de procédure collective (sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe) par un tribunal de commerce ou un tribunal judiciaire. Mais une entreprise peut ainsi être comptée plusieurs fois dans les statistiques lorsqu’elle est confrontée à des difficultés qui se répètent. En revanche, les statistiques de défaillances ne dénombrent pas les suites d’ouverture telles que les arrêts de plan ou conversions en liquidation. Ainsi, parmi les liquidations judiciaires, seules les liquidations judiciaires directes sont comptabilisées.