Méthodologie : l’évaluation du degré d’adéquation entre offres d’emploi et demandes d’emploi à l’échelle des intercommunalités est appréhendé à partir d’un indice rapportant le nombre d’emplois d’une catégorie socio-professionnelle (CSP) au nombre d’actifs de la même catégorie.
Une note de l’Assemblée des Communautés de France montre la forte disparités des emplois locaux au regard des actifs présents sur ce même territoire.
Au 1er janvier 2019, il y a 1 259 EPCI sur le territoire français. :
- 1 001 Communautés de Communes
- 22 Métropoles dont la métropole de Lyon
- 13 Communautés Urbaines
- 223 Communautés d’Agglomération
⇒ Une approche par taille d’intercommunalités
Les plus petites, celles de moins de 50 000 habitants, disposent en moyenne d’un ratio d’emplois inférieur à 70 pour 100 actifs, traduisant une fonction plus résidentielle que productive. Le déséquilibre se réduit dans les communautés de 50 000 à 200 000 habitants.
– les intercommunalités de 200 000 à 500 000 habitants se rapprochent de l’équilibre (ratio de 95).
– enfin, les intercommunalités de plus de 500 000 habitants affichent un ratio positif (104 emplois pour 100 actifs) qui traduit la fonction de « pôle d’activité » qu’assume ce type de territoire.
Parmi ces intercommunalités,
– 44 intercommunalités disposent d’un volume d’emplois supérieur à leur nombre d’actifs. On observe une sur-représentation d’intercommunalités au profil urbain avec 6 métropoles (Dijon, Brest, Toulouse, Rennes, Nancy et Clermont), 3 communautés urbaines (Arras, Caen La mer et Le Mans Métropole) et 18 communautés d’agglomération, notamment au profil touristique.
-1 008, dont la métropole de Nice, les communautés urbaines de Grand-Paris Seine-et-Oise et du Creusot-Montceau-les-Mines et 118 communautés d’agglomération, sont marquées par un désajustement important; les métropoles y sont sous-représentées; 88% sont des communautés de communes.
Ces situations génèrent des problématiques différentes d’aménagement du territoire et des moyens disponibles pour conduire les politiques afférentes.
⇒ L’analyse du niveau d’adéquation par catégorie socio-professionnelle :
A l’exception des Agriculteurs, on retrouve toujours, en moyenne, plus d’actifs que d’emplois au sein des intercommunalités françaises, quelle que soit la catégorie sociale. En revanche, plus on s’élève dans l’échelle des catégories socio-professionnelles, plus le taux d’adéquation s’approche de l’équilibre, passant de 79 emplois pour 100 actifs pour les employés, 84 emplois pour 100 actifs pour les ouvriers, à 95 emplois pour 100 actifs pour les Cadres, professions intellectuelles supérieures et chefs d’entreprise.
Le nombre d’intercommunalités proches de l’équilibre est particulièrement élevé pour les catégories Agriculteurs et Artisans, commerçants et chefs d’entreprise.
En ce qui concerne les cadres, et professions intellectuelles supérieures, seulement 275 intercommunalités présentent un bilan à peu près à l’équilibre. Ce sont des territoires densément urbanisés. On y trouve les 13 métropoles (Grenoble, Lyon, Paris, Dijon, Brest, Toulouse, Montpellier, Rennes, Saint-Etienne, Nancy, Clermont et Strasbourg), 5 communautés urbaines (Arras, Caen, Dunkerque, Le Creusot et Le Mans) et 62 communautés d’agglomération. À l’opposé, un millier d’intercommunalités sont marquées par un déficit d’emplois de cette catégorie.
Enfin, on relève un taux particulièrement faible d’intercommunalités présentant une relative adéquation pour les catégories Employés et Ouvriers (respectivement 164 et 156 intercommunalités).
⇒ L’inadéquation qui frappe les territoires peut prendre deux formes :
– La première se matérialise par un excès d’emplois sur la main-d’œuvre disponible. Rare, cette configuration s’observe pour l’essentiel dans les grands territoires urbains, les métropoles notamment, qui assument une réelle fonction de pôle de production et exercent une attraction très forte sur les territoires environnants.
– La seconde se traduit par un déficit d’emplois au regard du nombre d’actifs. Beaucoup plus fréquente, cette asymétrie contraint la population active à se déplacer à plus ou moins longue distance pour trouver un emploi.
Ces logiques d’interaction, portées notamment par la mobilité croissante de la population française, suscitent des dynamiques assez contre-intuitives. Elles conduisent par exemple à des paradoxes qui voient de nombreuses intercommunalités très créatrices d’emploi enregistrer dans le même temps une hausse continue de leur taux de chômage. Ce phénomène tient au fait qu’une partie des emplois créés n’est pas occupée par leurs propres actifs, parfois faute d’une employabilité suffisante de ces derniers.
En sens inverse, des intercommunalités peu créatrices d’emplois peuvent parfois bénéficier d’une réduction notable de leur taux de chômage, leur population active « fuitant » vers les territoires voisins pour travailler.
Pour en savoir davantage : https://www.adcf.org/files/LES_NOTES-de-l_AdCF/AdCF-Note-6-WEB-EP3.pdf