“Ludovic Bréant a créé ou repris une centaine d’entreprises pendant 25 ans. Après avoir fait grandir son groupe jusqu’à 80M€ de chiffre d’affaires, il a été contraint à une liquidation judiciaire en 2011….Avec la crise des subprimes, le carnet de commandes de ses trois usines bois chute de l’ordre de 40% en 2010, ce qui ébranle l’ensemble du groupe…”il en tire 7 enseignements clés :
–Se concentrer sur son cœur de métier
-“Calmer son impatience” : « J’ai privilégié un développement trop rapide et pas forcément maîtrisé celui de mon entreprise…. Ayant déjà connu beaucoup de succès auparavant, je ne me suis pas arrêté là. J’avais une telle soif de reconnaissance, notamment familiale, que j’ai toujours cherché plus… J’avais tendance à me projeter dans l’avenir en permanence. J’étais dans le besoin obsessionnel d’atteindre des objectifs, de réussir”
-“Écouter son corps” : « Le stress me rongeait de l’intérieur. Le lendemain où j’ai acheté une usine de production de 170 personnes, j’ai eu un lumbago terrible. J’aurais alors dû me dire “je ne suis pas sur le bon chemin, j’ai pris la mauvaise décision, je ne suis pas en accord avec moi-même”. Il faut être sensible aux signes de son corps qui nous dit plein de choses.”
–Affronter la réalité : “regarder les choses bien en face est une des conditions pour conserver sa lucidité.. J’ai longtemps résisté et tardé à réagir pour ne pas déposer le bilan. Pendant un an et demi, je ne dormais plus, j’étais tendu de partout…Cette acceptation, c’est surtout au niveau psychologique qu’il faut la réussir…Le dépôt de bilan ne doit pas être vécu comme une infamie, une honte. Il fait partie de la vie d’un chef d’entreprise. J’ai vécu une année terrible et au final, le jour du dépôt de bilan a été une vraie délivrance”
-accepter de se faire aider : “c’est après avoir beaucoup travaillé sur moi-même que j’ai commencé à écouter mes conseils et mes proches. Toutefois, les conseils avec qui j’ai pu échanger n’avaient pas connu cette situation. Mieux vaut aller voir des personnes qui ont vécu des difficultés similaires”
–Déculpabiliser
Un article précédent “surmonter l’échec entrepreneurial en 3 temps : la méthode 60 000 Rebonds” du 17/02/2016 rappelait les 3 étapes proposées par 60 000 rebonds :
-Mettre des mots sur ses difficultés et prendre du recul : la personne passe devant un comité de parrainage auprès duquel elle expose ses difficultés; l’accompagnement peut ensuite commencer. Il débute par un coaching sur mesure réalisé par un professionnel certifié et bénévole, pendant trois à quatre mois, à raison de sept sessions d’une heure et demie chacune. « Le but est de permettre de mettre des mots ce qui a été vécu, sur les émotions, mais surtout de prendre du recul sur ce qui est arrivé. Les entrepreneurs ont tendance à prendre sur eux. Ils se sentent responsables de ce qui est arrivé. Le plus important est de prendre conscience des erreurs de comportement qui risqueraient de se reproduire si elles ne sont pas analysées.
-Définir un nouveau projet professionnel : le parrainage constitue la deuxième étape de ce processus… Les parrains sont formés à l’écoute active. Ils sont là pour donner des conseils, orienter, permettre de se poser les bonnes questions. Cela n’a rien à voir avec un accompagnement psychologique.
–Activation du réseau pour aider les chefs d’entreprise accompagnés à trouver un emploi “alimentaire” : retour dans le groupe. Huit ateliers réunissent une dizaine de participants qui peuvent exposer leur projet d’avenir, quel qu’il soit. L’objectif est d’obtenir un avis de la part des autres et une vision complète du projet, de sa faisabilité et des pistes envisagées
Résultat : 70% des accompagnés réussissent à rebondir grâce à cet accompagnement. La durée du “rebonds” varie de 6 mois à 2 ans. le virus de l’entrepreneuriat revient au galop.