Si 31% des maires font face à un début d’épuisement, 56% sont fort satisfaits de leur activité d’élu.


"Du risque de burnout au bien-être des maires français : sortir de l’ignorance ", Amarok, AMRF, lu décembre 2024

Méthodologie : 300 600 données collectées auprès de 1120 maires lors de la première collecte du 22 février 2024 jusqu’au 13 mars 2024, puis de 900 maires lors de la seconde collecte du 7 juin au 11 juillet 2024.

 

Un clin d’œil, celui de donner quelques constats sur la santé de ces élus, qui trés appréciés des chefs d’entreprise, sont aux prises comme eux, avec une santé souvent négligée.

 

♦ 56% (note d’au moins 7 sur 10) des maires expriment une satisfaction pour leur fonction d’élu, 37% une note moyenne (4 à 6) et 7% une note inférieure. Note que 11% sont trés satisfaits (note 9-10). Au total, ce sont 69% des maires qui affichent une satisfaction positive.

 

♦ Toutefois, 31,4% des maires français éprouvent une présence d’épuisement dans leur fonction. Plus grave, 3,5% sont en situation d’épuisement sévère ce qui correspond à une fourchette de 1 142 à 1 218 maires. Ce chiffre demeure proche de ce que l’Observatoire Amarok a pu observer au sujet de l’épuisement des dirigeants de PME.

 

♦ La composition de cet épuisement laisse apparaître une conjugaison de sentiment de déception, de fatigue, d’impuissance, de mauvais sommeil et de lassitude. Ce sont des sentiments généralement la conséquence de personnes très investies dans leur travail (logique de projet, bourreau de travail…), ce que Farber appelle le syndrome frénétique lié à une surcharge de travail, à une forte ambition et à une forte implication. Ce sont des résultats aussi observés dans le monde des dirigeants de PME.

 

Le sentiment d’impuissance occupe la 3éme position chez les maires tandis qu’il est chez les dirigeants de PME en 6éme position parmi les 10 éléments constitutifs de l’épuisement mesuré par le BMS-10. 
Les maires souffrent d’une forme de syndrome d’épuisement et de frustration.

 

♦ Les éléments de satisfaction des maires.

25 satisfacteurs sont liés à la vie publique du maire et 9 relèvent de sa vie personnelle, familiale et amicale.
Au 1er rang de la satisfaction d’un maire se trouve son environnement familial et amical. Puis ce sont les satisfacteurs liés plus directement à la fonction d’élu tels :

– En 1ére position, la réussite d’un projet, puis en seconde les cérémonies ou célébrations, vécus comme des évènements très positifs (attestant de l’importance de la fonction de représentation du maire)

– vient ensuite une bonne entente avec l’équipe municipale, suivi de près par une bonne entente avec les agents dont il assume la responsabilité.

– Les réunions et rencontres positives, l’aide apportée pour résoudre le problème d’un habitant ou la bonne gestion des obligations communales sont des satisfacteurs d’intensité plus moyenne.

– Enfin, en queue de classement des satisfacteurs d’ordre personnel (ses propres vacances ou loisirs, sa bonne santé et sa satisfaction de la vie).

 

Si la famille est un dôme protecteur, le maire se néglige en tant que personne et s’oublie souvent au profit de sa fonction publique de maire, tout comme le dirigeant de TPE/PME.

 

♦ Les sujets d’insatisfaction.

– La complexité et la lourdeur administratives est le 1er facteur ; chaque décision, chaque projet nécessite une connaissance de textes juridiques, souvent en constante évolution. Les maires doivent gérer des domaines variés (urbanisme, éducation, sécurité…) qui impliquent des démarches administratives spécifiques, des demandes de subventions, des appels d’offres, etc.
Cette multiplication des tâches peut rapidement devenir accablante.

– Suit la charge de travail de la fonction et le manque de temps pour l’exercer ; elle peut conduire à l’épuisement professionnel et à une baisse de motivation.

– La gestion des subventions est le 3ème stresseur majeur pour les maires, souvent source de frustration et d’incertitude. Leur perte, le délai de réponse ou le refus, peuvent sérieusement entraver le développement de projets municipaux et affecter le moral des élus locaux.

Les agressions, souvent médiatisées, sont également évaluées à un niveau élevé de stress mais n’apparaissent qu’en 6ème position. On y trouve les conflits entre élus.

Ainsi les 5 stresseurs les plus intenses sont ainsi liés à la gestion des projets, aux subventions, aux contraintes administratives et parfois judiciaires, occasionnant une forte charge de travail pour les maires.

 

♦ 3 facteurs amplifient significativement le risque de burnout :

– Au 1er rang, plus un maire est confronté à un grand nombre d’évènements négatifs, plus grande sera sa quantité de stress, plus élevé sera son risque de burnout.

– A cela s’ajoute l’isolement.

– Le 3éme facteur significatif est le genre, les femmes élues souffrant davantage d’épuisement que les hommes (cumul de rôles entre la fonction d’élu, un emploi et le rôle familial).

– Il est utile de noter que ni l’âge, ni le cumul avec un emploi n’ont une influence sur le risque d’épuisement.

 

A l’inverse, plus les élus se sentent satisfaits dans leur fonction, plus leur bien-être est élevé. C”est ce que l’on retrouve aussi chez les dirigeants de PME. Ce facteur semble agir comme un fort protecteur contre les effets négatifs du stress et de l’isolement.
Parmi les prédicteurs non significatifs, le sexe, l’âge, le fait de travailler en sus de la fonction de maire n’ont pas un effet significatif sur leur bien-être.

 

Le stress est un prédicteur plus puissant du risque de burnout que du bien-être. La gestion du stress est donc cruciale pour prévenir le burnout, même si elle est également importante pour le bien-être, mais avec un impact légèrement moindre.

la satisfaction est un facteur plus déterminant pour améliorer le bien-être que pour prévenir le burnout. 

 

Ainsi, pour une stratégie équilibrée de gestion de la santé mentale des maires, il serait essentiel de cibler à la fois la réduction du stress (pour prévenir le burnout) et l’amélioration de la satisfaction (pour promouvoir le bien-être).

 

Pour en savoir davantage : https://www.amrf.fr/wp-content/uploads/sites/644/2024/09/Dossier-de-presse-Etude-sur-la-sante%CC%81-des-maires-v6.pdf