Le rapport annuel de la Banque de France sur les finances des TPE et PME.


"LA SITUATION DES TPE-PME, UN FINANCEMENT ASSURÉ MAIS DES ENJEUX STRUCTURELS IMPORTANTS", Banque de France, Observatoire du financement des entreprises, novembre 2024

Le financement des entreprises reste globalement bien assuré.

⇒ Les grands indicateurs. 

La progression du chiffre d’affaires s’établit en moyenne à 5% ; 34% des TPE et 36% des PME ont toutefois connu une variation négative au regard de 2022.

 

Le taux de marge des TPE-PME Françaises, défini comme le rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, a résisté en 2023 (32,9% vs 30,9 en 2019 ), malgré le ralentissement de l’activité et la fin des aides du fonds de solidarité mais du fait de la baisse des impôts de production, et de la baisse du poids des charges de personnel. Les salaires comptent pour 66% pour les TPE et pour 73% pour les PME et la valeur ajoutée pour 31 et 24%.

 

Le taux d’endettement a, par ailleurs, diminué grâce au renforcement des capitaux propres et au remboursement des PGE. La trésorerie des PME s’est érodée, mais reste à un niveau supérieur à l’avant crise Covid. Il atteint le taux le plus bas observé depuis 1996 pour les PME, et depuis 2019 pour les TPE. Cette baisse résulte à la fois d’un renforcement marqué des capitaux propres (+12% pour les TPE, +6% pour les PME), et du léger recul (de l’ordre de – 3% pour les TPE ou de la stagnation pour les PME de la dette brute). 

 

Pour les TPE, la trésorerie médiane est passée de 88 jours de chiffre d’affaires en 2021 à 69 jours en 2023, et de 68 à 55 jours pour les PME. À fin 2023, les situations de trésorerie restaient toutefois globalement meilleures que ce qu’elles étaient avant la crise sanitaire, quels que soient la taille ou le secteur considérés.
La trésorerie médiane des TPE a augmenté de 33% entre 2019 et 2023 (+ 17 jours de chiffre d’affaires), celle des PME de 34% (+ 14 jours).

Cette situation est à mettre en relation avec la stabilité du besoin en fonds de roulement  depuis 2019. En 2023, le besoin en fonds de roulement s’établit ainsi à 30 jours pour les TPE et 31 jours de chiffre d’affaires pour les PME. 

 

Au total, dans un contexte de remontée des taux d’intérêt, la capacité de remboursement des PME était préservée à fin 2023. 

⇒ Le financement des entreprises reste globalement bien assuré.

En 2023, la distribution du crédit aux entreprises ralentit dans le contexte de remontée des taux d’intérêt et une baisse du rythme de croissance de leurs encours de crédit.

 

Les crédits de trésorerie diminuent (–3,2%, après –5% en mai) tandis que les crédits à l’investissement progressent  (+3,1% après +3,4% en mai).

 

À fin juin 2024, les crédits mobilisés par les entreprises atteignent 1 360Md€, en hausse de 2% sur un an. 
La majorité de la dette des entreprises est à taux fixe et renouvelée sur plusieurs années ; de ce fait, les taux d’intérêt effectivement payés ont nettement moins augmenté que les taux des nouveaux crédits bancaires.

 

Avec 312Md€ de flux cumulés sur un an à fin juin 2024, les nouveaux crédits bancaires se maintiennent à des niveaux comparables à la période pré‑pandémique.

 

9% des PME et 37% des ETI ont fait appel à des crédits pour investissement. 97% des PME et 98% des ETI ayant demandé un prêt l’ont obtenu en totalité ou à plus de 75%.

Pour les nouveaux crédits de trésorerie, 6% des PME et 9% des ETI ont sollicité un crédit ; le taux d’obtention pour les ETI demeure élevé à 90% et à 78% pour les PME. 

 

La part de dirigeants de PME/TPE rencontrant des difficultés d’accès au crédit reste limitée, que ce soit en ce qui concerne le financement de l’exploitation courante (20%) et pour les dépenses d’investissement (15%).

 

La médiation du crédit est peu sollicitée : au 1er semestre 2024, 672 demandes ont été éligibles. Les demandes continuent à émaner majoritairement (81%) de TPE ; les demandes éligibles ont abouti favorablement dans 63% des cas. 

⇒ Le remboursement des PGE se poursuit.

Les TPE et PME ont été les principales bénéficiaires puisque les TPE sont 75% des bénéficiaires et 28% des montants totaux et les PME 20% des bénéficiaires et 47% des montants alloués.

L’analyse de la situation des entreprises bénéficiaires de PGE montre certaines caractéristiques différentes des entreprises non bénéficiaires : taux de marge et trésorerie plus faibles, besoin en fonds de roulement plus élevé chez les PME. 

 

Les PGE bénéficient d’une garantie de l’État (jusqu’à 90% pour les plus petites entreprises) et, comme tous les prêts, ils doivent se rembourser selon le calendrier prévu au contrat (une durée maximale de 6 ans) ; il existe des possibilités de restructuration des PGE dans le cadre des procédures collectives ou au travers de la médiation. 

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À fin juin 2024, 61,4% des capitaux empruntés ont été remboursés (59,3% pour les TPE, 61,5% pour les PME),  avec un remboursement intégral des PGE pour 19% des TPE et les autres PME. Pour l’instant, même chez les plus petites entreprises, on n’observe donc pas de difficulté particulière de remboursement. Il semblerait que les chefs d’entreprise préfèrent rembourser leurs dettes au détriment, parfois, de leur propre rémunération ou de l’investissement. 

 

Une analyse des choix de remboursement par les entreprises selon leur taille et caractéristiques financières (niveau de trésorerie et croissance du chiffre d’affaires) montre que les petites entreprises ont choisi d’étaler leur remboursement dans le temps, sauf si elles détenaient des liquidités abondantes avant la crise, alors que les ETI ont été plus nombreuses à rembourser immédiatement ou avec un décalage d’un an.

⇒ Situation 2024 et à venir.

En 2024, la croissance serait identique à 2023 (+1,1%), avant une reprise en 2025 (+1,2%) qui se confirmerait en 2026 (+1,5%).

Ce ralentissement s’accompagnerait en 2024 d’une baisse de l’investissement des entreprises (0,7%) qui avait été un facteur important de soutien à la croissance en 2023 (+2,5%). 

 

Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/publications/la-situation-des-tpe-pme-un-financement-assure-mais-des-enjeux-structurels-important-rapport-de