Sources : enquête Capacité à innover et stratégie 2022 (Community Innovation Survey, CIS), entre mai et novembre 2023 auprès d’un échantillon d’environ 16 000 entreprises actives, de 10 salariés ou plus, implantées en France hors Mayotte, auprès de secteurs principalement marchands hors secteur agricole. Elle porte sur les innovations menées sur une période de trois ans, de 2020 à 2022.
Les unités interrogées sont les entreprises, ce qui correspond à la définition « économique » de la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008. L’enquête a lieu tous les 2 ans.
Définition : une entreprise est innovante au sens large lorsqu’elle déclare avoir introduit une innovation dans au moins une des deux catégories d’innovation possibles (produits ou procédés) ou lorsqu’elle affirme s’être engagée dans des activités d’innovation en produits ou en procédés, ou dans des activités de recherche et développement (R&D).
23% ont coopéré pour innover.
Si 46% ont innové, 54% déclarent ne pas avoir introduit d’innovation dans leur activité. La principale raison est qu’elles n’en ont pas ressenti le besoin (64%), ou qu’elles manquaient de ressources ; 20% affichent des raisons autres.
⇒ Quelles sont les entreprises qui ont innové ?
♦ La propension à innover augmente avec la taille de l’entreprise : 43% des entreprises de 10 à 49 salariés ont innové vs 59% des entreprises de 50 à 249 salariés et 70% des entreprises de 250 salariés ou plus.
♦ 3 secteurs d’activité dominent : l’informatique, communication (74%), les activités financières et d’assurance (60%) et l’industrie (59%), alors que l’innovation est moins fréquente dans les activités de services administratifs et de soutien aux entreprises (38%) ou la construction (32%).
♦ Quel que soit le secteur, les entreprises innovent davantage en procédés qu’en produits.
Les entreprises innovent plus fréquemment en procédés (39%) qu’en produits (19%), ces 2 types d’innovation pouvant se cumuler ; 74% des entreprises innovantes en produits ont également innové en procédés (nouvelle méthode de production, de formation du personnel à ce nouveau produit ou à ce nouveau procédé, ou changement dans le marketing).
L’écart est particulièrement marqué dans les secteurs des activités financières et d’assurance (55% innovent en procédés, contre 25% en produits), celle du transport, entreposage (39 contre 12) et des activités immobilières (39 contre 11). Dans l’informatique, communication les entreprises innovent presque autant en procédés qu’en produits (58 contre 51).
♦ Parmi les entreprises innovantes en produits, 65% ont introduit au moins un produit nouveau sur un de leurs marchés. Ce taux est plus élevé dans les entreprises de l’informatique et communication (73%), celles des activités spécialisées, scientifiques et techniques (73) et de l’industrie (68%).
Par ailleurs, ce taux augmente avec la taille des entreprises, pour atteindre 69% pour les entreprises de 250 salariés ou plus, vs 63 pour celles de 10 à 49 salariés. Ces produits nouveaux pour le marché représentent en moyenne 9% de leur chiffre d’affaires.
⇒ Une entreprise innovante sur cinq a utilisé un soutien financier public.
♦ En 2022, les dépenses pour des activités d’innovation ont chiffré en moyenne 10% de leur chiffre d’affaires. Les dépenses pour les activités d’innovation comprennent les dépenses en R&D (90% des dépenses), mais aussi celles liées à des acquisitions de machines, d’équipements ou de droits de propriété intellectuelle, à des achats de matériels ou à des dépenses de personnel.
La majorité des dépenses de R&D relèvent d’activités en interne (70% des dépenses d’innovation, notamment pour les services aux entreprises et les activités immobilières). Les dépenses de R&D externalisées (20%, plus présentes dans le commerce et les HCR).
Elles augmentent avec la taille de l’entreprise : 24% pour les entreprises de 250 salariés ou plus, vs 12 pour celles entre 10 et 49 salariés.
♦ Les activités d’innovation peuvent être financées par des recours aux capitaux propres, aux emprunts ou en bénéficiant de crédits d’impôt, subventions ou prêts subventionnés. Entre 2020 et 2022, 19% ont déclaré avoir bénéficié d’exonérations fiscales (CIR, CII notamment) ; par ailleurs, 18% disent avoir reçu des soutiens financiers publics pour leurs activités d’innovation (y compris R&D), provenant des collectivités territoriales, d’organismes gouvernementaux ou de l’Union européenne (UE).
L’informatique, communication a le plus souvent perçu des exonérations fiscales (54%), et utilisé des soutiens financiers publics (32%) ; l’industrie est aussi souvent bénéficiaire (30 et 28%), comme les services aux entreprises (activités spécialisées, scientifiques et techniques).
Par contre les autres activités ont peu bénéficié de ces financements.
Plus finement, l’étude s’emploie à différencier les financements des collectivités territoriales (11% en moyenne) et ceux des organismes nationaux gouvernementaux. L’industrie est davantage aidée par les collectivités territoriales (20%), sans être délaissée par les instances nationales (17%), qui privilégient l’informatique, communication (26%) et les services aux entreprises (16%). Les autres activités sont moins bénéficiaires mais à hauteur proche en ce qui concerne ces 2 sources de financement.
♦ Les grandes entreprises bénéficient plus souvent de financements publics (24% des entreprises de 250 salariés ou plus vs 16% des entreprises de 10 à 49 salariés), ou de subventions des collectivités territoriales et d’organismes gouvernementaux (11% des entreprises dans les 2 cas). Ces entreprises de 250 salariés ou plus bénéficient aussi plus fréquemment de financements d’organismes gouvernementaux nationaux (17%) que les entreprises de 10 à 49 salariés (10%).
La proportion d’entreprises innovantes ayant reçu et utilisé des financements provenant de l’UE est faible (3%), et intervient davantage pour les 3 activités les plus bénéficiaires des collectivités territoriales et des instances nationales.
♦ 35% déclarent avoir manqué de ressources (financières, de personnel qualifié, de matériel, etc.). pour innover davantage.
Cette part est plus élevée dans les secteurs de l’informatique, communication (48%) et de l’industrie (42%), ainsi que les entreprises les plus petites (36% vs 31 les autres). 32% ont cité d’autres raisons (stratégie de l’entreprise, pas le bon moment pour innover davantage, d’autres priorités, risques trop élevés, faibles rendements attendus, etc.) et 34% n’ont pas jugé nécessaire d’innover davantage.
⇒ 23% ont coopéré pour innover.
Ce sont 33% des entreprises des secteurs des activités spécialisées, scientifiques et techniques, 31% de l’industrie et 29% de l’informatique, communication, activités par ailleurs les plus financées.
La coopération est le plus souvent verticale, avec des fournisseurs (62%), des consultants ou des laboratoires (49%) ou des entreprises clientes (38%) :
– Les entreprises des secteurs du transport, entreposage, des HCR et des activités de services administratifs et de soutien aux entreprises coopèrent plus fréquemment avec des fournisseurs (respectivement 90, 85 et 71%).
– La coopération avec des consultants ou des laboratoires est davantage citée par les entreprises des activités financières et d’assurance (59% des entreprises innovantes qui coopèrent), celles de l’industrie (57%) et des HCR (56%).
34% ont noué un partenariat avec des universités ou des grandes écoles et 22% avec des organismes du service public (administration, école, hôpital, etc.).
– Enfin, 12% des entreprises innovantes coopèrent avec un concurrent.
96% ont alors au moins un partenariat au niveau local ou national, et 27% au moins un, implanté dans un autre pays membre de l’UE ou de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et 19% dans un pays hors UE et AELE.
⇒ 45% estiment générer des bénéfices environnementaux importants.
♦ Ces bénéfices ont été réalisés aussi bien lors de la production (36%) que lors de l’utilisation ou de la consommation du bien ou du service (34%). Les bénéfices sont la réduction de la consommation d’énergie, de l’empreinte carbone, la réduction de la quantité de déchets liés aux emballages et la réduction de la consommation de matières.
♦ Les principaux facteurs qui les ont incité à apporter des bénéfices environnementaux sont le coût élevé de l’énergie, de l’eau ou des matériaux (35%), l’amélioration de la réputation de l’entreprise (25%) et le fait d’entreprendre volontairement des actions ou initiatives s’inscrivant dans les bonnes pratiques environnementales (25%).
Ce sont plus souvent des entreprises des HCR (47% lors de la production et 48% lors de la consommation) et du transport et entreposage (46 et 40%).
♦ Par rapport à la période 2018-2020, davantage d’entreprises innovantes estiment avoir réalisé des bénéfices environnementaux importants : +6 points lors de la production et +7 points lors de la consommation. Cette tendance est particulièrement marquée dans les HCR (+9 points lors de la production et +17 points lors de la consommation), le transport, entreposage (+14 points et +11 points), la construction (+9 points et +12 points) et les activités de services administratifs et de soutien aux entreprises (+7 points et +13 points).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8288396