Méthodologie : un questionnaire a été adressé, fin mars-début avril 2019, à 3 705 ETI ayant répondu à l’enquête de conjoncture 2018. Sur les 1 048 questionnaires reçus avant le 7 juin, 637 ont été validés pour constitution de l’échantillon d’analyse. Ont été écartées les entreprises hors critères ETI et celles dont le questionnaire était incomplet ou mal rempli.
Rappel de la définition de l’ETI : ce sont les entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie PME, et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, et d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1,5 Md€ ou un total du bilan annuel n’excédant pas 2 Md€.
La légére baisse est plutôt le fait des entreprises les plus internationalisées du fait de la conjoncture mondiale.
⇒ Caractéristiques :
♦ 49% ont de 500 à moins de 5 000 salariés (dont 83% en France), 34% de 250 à 500 (dont 96% en France) et 17% moins de 250 (dont 95% en France). En fait les 2/3 ont la totalité de leur effectif en France, et 15% d’entre elles moins de 75% de leur effectif.
♦ Par ailleurs, 38% sont du ressort du commerce-HCR-transports, 31% des services et 31% de l’industrie-construction.
♦ 33% sont localisées en Ile-de-France.
♦ 56% sont innovantes.
Une entreprise est qualifiée « innovante », si elle a réalisé au moins 1 des 5 mesures suivantes au cours des 3 dernières années :
– a financé des frais de recherche et développement (interne ou externe) ou recruté du personnel de R&D (le fait de 81%),
– a déposé un brevet (53%),
– a opéré un développement pour le compte de tiers d’un produit ou procédé (prestation) nouveau ou significativement amélioré (33%),
– a commercialisé un nouveau produit, bien ou service qu’elle a réalisé, ou a utilisé un nouveau procédé (ou méthode) de production, de commercialisation ou d’organisation (25%),
– a acquis une licence d’exploitation, un procédé ou une technologie (19%).
♦ Plus de 40% ont une activité à l’international.
Le pourcentage moyen du chiffre d’affaires réalisé hors de France est de 16%; 25% des ETI font au moins le quart de leur activité en dehors de l’Hexagone, 16% entre 5 et 25% de leur chiffre d’affaires et 59% moins de 5% de leur chiffre d’affaires.
56% des très internationalisées appartiennent au secteur de l’Industrie.
61% de l’activité internationale des ETI se fait au sein de l’Union européenne et 39% dans le reste du monde.
Les ETI classées innovantes réalisent en moyenne 23% de leur activité à l’international, soit 2,5 fois plus que les « non-innovantes ».
Les ETI, dans leur ensemble, ont en moyenne entre 2 et 3 filiales implantées à l’étranger, mais seulement 36% ont au moins une implantation à l’étranger. Ces dernières ont alors en moyenne près de 7 filiales hors de France (8 filiales chez les très internationalisées, contre entre 4 et 5 chez les moyennement et les peu internationalisées). 70% des filiales et co-entreprises à l’étranger dépendent d’ETI très internationalisées et 83% d’ETI innovantes.
⇒ Les prévisions d’activité en 2019
Les plus grandes ETI, les plus exportatrices, les plus innovantes sont les plus optimistes, une situation plus modérée qu’en 2018.
Les secteurs tournés vers le marché intérieur résistent mieux (notamment la construction), alors que les activités exposées aux marchés extérieurs pâtissent de la dégradation de la conjoncture mondiale.
53% anticipent une augmentation de leur chiffre d’affaires consolidé sur l’année, tandis que 9% craignent une diminution.
L’indicateur prévisionnel des carnets de commandes ou de réservations recule, une tendance qui se vérifie pour l’ensemble des ETI, quels que soient leur taille, leur degré d’internationalisation ou leur caractère innovant. Les anticipations de hausse de la demande restent les plus fortes dans les ETI de 500 salariés et plus; la progression attendue de la demande apparaît la plus faible chez les non innovantes et dans le secteur du commerces-HCR- transports.
En 2018, seules les ETI fortement internationalisées ont dépassé leurs objectifs à l’exportation, mais dans une moindre mesure qu’en 2017; les ETI moyennement internationalisées réalisent de moins en moins leurs objectifs; l’indicateur prévisionnel d’activité à l’exportation recule par rapport à celui de 2018; Il fléchit, en particulier, nettement chez les plus exposées à la conjoncture mondiale.
⇒ L’emploi
Le solde prévisionnel des effectifs dans l’Hexagone fléchit légèrement; toutefois, il s’agit à nouveau d’une des prévisions les plus favorables depuis 2011, début de l’enquête. Les effectifs à l’étranger sont davantage prévus à la hausse.
Dans l’ensemble des secteurs d’activité, les effectifs en France continuent de se renforcer même si le rythme est moindre qu’en 2018.
Les difficultés de recrutement rencontrées se sont amplifiées : 43% ont rencontré d’importantes difficultés (36% en 2017), notamment pour celles dont l’effectif est le plus important en France; seules 10% disent de pas être concernées.
4 ETI sur 5 mettent en avant l’inadéquation entre leurs attentes et celles des candidats; elles évoquent d’abord le niveau de qualification du candidat (59%) et son manque d’expérience (31%) ainsi que l’implantation géographique de leur entreprise (27%, mais 46% pour les ETI industrielles), le niveau du salaire demandé (29%) et l’adaptabilité à l’entreprise (23%).
En revanche, elles sont plus nombreuses que les PME (45% contre 33%) à considérer elles-mêmes, ou leur organisation, à l’origine de ces difficultés.
Parmi les secteurs les plus exposés aux difficultés importantes de recrutement en 2018 figurent les services aux entreprises (50% ont rencontré un niveau élevé de difficultés) suivie par la construction et les secteurs du commerce / transports / tourisme (46%). Qu’elles soient innovantes ou pas, les ETI sont touchées pareillement par des difficultés importantes. Les ETI très internationalisées sont en revanche les moins affectées par le phénomène (33% contre 46% chez les autres).
⇒ La situation financière
La situation de la trésorerie en 2018 est jugée « aisée » par 23% des ETI et « difficile » par 16%. Sans être encore préoccupant, l’état de la trésorerie s’est dégradé dans les différentes catégories d’ETI, sauf chez les plus petites. En termes sectoriels, la situation s’améliore pour les ETI des services, mais se dégrade pour celles du groupe commerce, transport, HCR. Face à une activité prévue en ralentissement, les anticipations pointent vers des trésoreries un peu plus tendues en 2019; c’est notamment le cas pour les ETI internationalisées et les innovantes.
⇒ Les investissements
Le volume global des investissements physiques et immatériels a continué de progresser en 2018, mais à un rythme moins soutenu. Les investissements sont déclarés en hausse dans 45% des cas et en baisse dans 12%. Les ETI innovantes prévoient de poursuivre au même rythme leur politique d’investissement en 2019, alors que les ETI très internationalisées revoient leurs projets à la baisse.
⇒ la croissance externe
En 2018, 27% des ETI nationales ont créé au moins une nouvelle filiale en France ou à l’étranger, proportion quasi stable par rapport à l’année précédente (26%). La proportion est supérieure à la moyenne dans le secteur de la construction (36%) et celui de l’industrie (29%), chez les ETI les plus exportatrices (34%) et internationalisées (38%), les innovantes (32%), chez celles employant 500 salariés et plus (32%).
28% ont des projets de création en 2019 (46% pour les plus internationalisées).
31% ont pris des participations dans au moins une autre société, dans la moyenne des années précédentes (43% pour les plus internationalisées. 43% pour les plus de 250 salariés). 43% ont projet de le faire en 2019 (58% les plus internationalisées, 55% les plus de 500 salariés, 54% les services aux entreprises).
Pour financer leurs investissements, les ETI ont eu un peu plus recours à l’endettement financier et aux concours bancaires qu’en 2017; le poids moyen dans le plan de financement ressort à 51% (48% en 2017); 44% pratiquent l’autofinancement et 5% ont apporté des fonds propres. 2% n’ont pu obtenir aucune facilité de la part des banques pour financer leur exploitation courante; 3% ont dû annuler ou reporter des projets d’investissement faute d’obtention du soutien des établissements de crédit; 81% n’ont rencontré aucune difficulté.
Dans un contexte de coût du crédit aux entreprises toujours très favorable, les ETI envisagent à nouveau de réduire la part de l’autofinancement au profit de l’endettement financier; 25% souhaitent augmenter la part relative des concours financiers externes et 13% la réduire.
L’insuffisance des marges d’exploitation demeure l’obstacle principal au développement des ETI (45%, mais 51% en 2015). L’endettement excessif, le manque de fonds propres, le resserrement des conditions d’accès au crédit comptent peu (15 ou 16%).
En matière d’accès aux concours bancaires, seules les garanties demandées par les établissements de crédit présentent une contrainte significative (19% pour le court terme, 24% pour le moyen et log terme), alors que le niveau des taux d’intérêt, le coût d’assurance ne sont mentionnés que par 6 à 9%.
Pour en savoir plus : https://www.bpifrance-lelab.fr/Analyses-Reflexions/Les-Travaux-du-Lab/Les-enquetes-de-conjoncture/Enquete-de-conjoncture-ETI-2019