La consommation collaborative priorise l’économie faite, avant la solidarité et le choix d’une autre forme de société ; elle implique la moitié de la population ; elle est plus présente chez les jeunes et les CSP+


" PROSPECTIVE Enjeux et perspectives de la consommation collaborative", DGE, PICOM, PIPAME, juillet 2015

« Prospective : enjeux et perspectives de la consommation collaborative », DGE, PICOM, PIPAME, non daté Méthodologie : 2 006 personnes interrogées en ligne de plus de 18 ans, entre le 15 et le 20 octobre 2014

 

5 groupes différents se structurant autour de deux axes (selon une analyse ACP) :

– le premier, horizontal, représente les principaux leviers de la consommation collaborative et distinguant les individus principalement sensibles aux bénéfices économiques qu’offrent ces pratiques des individus davantage sensibles aux dimensions sociales et environnementales ainsi qu’aux valeurs de solidarité et de partage que véhiculent la consommation collaborative.

– Le second, l’axe vertical représente le niveau de confiance que les individus accordent au modèle de la consommation collaborative : d’une confiance élevée dans les pratiques de la consommation collaborative et les échanges entre particuliers à ceux qui sont en défiance parce que synonymes, d’arnaques, de tracas et d’insécurité.

 

Les 5 groupes (classés dans l’ordre d’intérêt) :

 

Les opportunistes (40% de l’échantillon) : la réalisation d’économie et/ou le gain d’argent les motivent  (62% à le dire): viennent ensuite des aspects très concrets de facilité et de praticité lié à un acte de consommation le plus souvent dématérialisé ; ils se montrent toutefois très sensibles aux questions de sécurité des transactions ; enfin l’idée de faire durer les objets et de limiter le gaspillage constituent des bénéfices non négligeables à leurs yeux ; en revanche, ils ne mettent pas en avant les bénéfices sociaux et environnementaux de ce modèle de consommation. Ce sont plutôt des moins de 50 ans (32% de moins de 35 ans) ; issues des catégories supérieures (cadres et professions intermédiaires 41%), des urbains (34% dans des villes de plus de 100 000 habitants) ; 60% sont très connectées ; 4% ont l’habitude d’évaluer produits et plateformes

 

Les engagés (13%) : leur prise de position engagée en faveur de l’environnement constitue la principale raison de leur implication dans la consommation collaborative ; les notions de solidarité (39%), de partage (35%), de communauté (21%), de convivialité (30%) occupent une place essentielle. Les bénéfices qu’ils entrevoient sont doubles : aider les gens dans le besoin, apprendre et partager des connaissances, être acteur dans la co-construction d’un modèle de consommation, mais ils soulignent également les intérêts économiques (générer un revenu supplémentaire, faire des économies pour 44% d’entre eux). 58% sont des femmes ; 31% habitent en milieu rural ; 35% ont des engagements bénévoles ; 58% ont l’habitude de s’appuyer sur les commentaires d’autres consommateurs pour choisir.

 

Les futurs adeptes idéalistes ? (33%) : ils manquent de connaissance de cette pratique tout en témoignant d’un vif intérêt. Cette pratique est synonyme de valeurs fortes auxquelles ils s’identifient : solidarité (46%), respect de l’environnement, partage (40%) et convivialité (27%), l’idée de créer un modèle de consommation meilleur pour la société ; Leur seule réserve réside dans le fait qu’ils n’aiment pas l’idée d’être évalué par d’autres utilisateurs. 55% ont plus de 50 ans ; 30% ont un engagement bénévole régulier ; ils apprécient d’avoir des conseils en magasin et un contact humain avec un vendeur et estimant que certains biens, objets, produits ne peuvent être partagés.

 

Les déçus critiques (6%) : ces personnes ont eu l’occasion de pratiquer la consommation collaborative à travers le covoiturage et l’achat de biens entre particuliers et se sont heurtées à des expériences négatives (gens malhonnêtes, prestations décevantes), qui les ont profondément marquées. Le manque de confiance à l’égard des particuliers qu’ils ne connaissent pas est ainsi devenu un véritable frein

 

– Les réfractaires (8%) : ils s’opposent à ces pratiques (posture de principe), sans pour autant en donner les raisons. Ce sont 50% des femmes, 31% des plus de 65 ans et 50% des retraités ou préretraités, des personnes issues des catégories populaires et n’utilisant pas les réseaux sociaux (45%).

 

Les 3 mots qui définissent le mieux la consommation collaborative :

-43%, le gain d’argent, notamment les étudiants

35% le partage, notamment pour ceux ayant un revenu mensuel inférieur à 1 000€

34% la solidarité, notamment les 65 ans et plus (qui citent davantage aussi la convivialité)

 

Ce qui est jugé le plus important dans une communauté de consommateurs, c’est le niveau de confiance (21%), la solidarité et l’engagement au-delà de l’acte d’achat (14%), la partage de valeurs communes (12%), la diversité des compétences (11%), la proximité géographique (11ù), l’exigence de garanties (10%) et la qualité de l’information transmise (9%).

 

Les pratiques sont liées

  • à l’alimentation :
  Repas participatifs hors familles et amis Achat à des particuliers De manière collaborative (AMAP…) Troc Achat, vente de repas à des particuliers Partage de parcelles cultivables
A déjà pratiqué 28 28 23 12 5
Utilisateur 22 26 19 8 3
Offreur 10 2 6 5 2
Non 72 72 77 88 95
Dont envisage 18 37 31 17 18
Hausse sur 12 mois* -11 +14 +14 -18 +5

*solde entre ceux qui disent avoir augmenté cette pratique et ceux qui l’ont diminué

 

Si on ne s’intéresse qu’aux personnes réalisant ces pratiques plus d’une fois par an,  les taux de pénétration, s’établissent à 14% pour les repas participatifs et 22% pour l’achat de produits frais à un producteur de manière collaborative. Ceux qui le pratiquent sont plus souvent les repas participatifs sont des cadres ou des étudiants, aux familles nombreuses, et par ailleurs très versés dans d’autres pratiques collaboratives.

Le recours aux AMAP ou à ce type de pratique  correspond au groupe précédent. Par contre, ceux qui ont recours au troc sont des 25-34 ans, aux familles rurales, notamment agricoles, très versés aussi dans le collaboratif. Idem pour le partage de parcelles cultivables.

 

  •  au déplacement : le covoiturage est la pratique la plus fréquente ; noter que ceux qui envisagent une de ces pratiques ont des taux proches  (moins toutefois en ce qui concerne l’échange de voiture) :
  Covoiturage ponctuel Covoiturage régulier Partage de taxi Livraison de produit Entre particuliers Location de voiture Entre particuliers Echange de voiture Entre particuliers
A déjà pratiqué 25 24 14 11 5 5
Utilisateur 18 18 12 8 4 3
Offreur 13 14 2 3 1 2
Non 75 76 86 89 95 95
Dont envisage 28 26 23 26 19 13
Hausse sur 12 mois* +15 +7 -12 -7 -5  
  • au logement : 2 pratiques mises en avant, l’hébergement payant et la colocation
  Hébergement payant Colocation Hébergement gratuit Echange de maison Ou d’appartement Habitat participatif
A déjà pratiqué 20 15 9 8 3
Utilisateur 18 11 7 3 3
Offreur 2 4 3 2 0
Non 80 85 91 95 97
Dont envisage 21 10 20 23 13
Hausse sur 12 mois* -6   -13 -9  
  • à la finance : 8% ont déjà pratiqué des prêts entre particuliers et 7% au financement de projet d’organisation sur des plateformes ad hoc sur internet ; 13 et 19% en ont l’intention.

Ceux qui pratiquent les prêts sont plus souvent hommes, jeunes, de CSP+ ; ceux qui le font en direction d’entreprise, y voient un modèle alternatif très lié aux nouvelles technologies, et font notamment confiance aux startups pour développer le secteur ; ceux qui prêtent aux particuliers associent la consommation collaborative à une expérience communautaire créatrice de lien social. Sur une année, les dons ont augmenté, alors que les prêts ont diminué

 

Pour ceux qui ont participé à ces pratiques, c’est le plus souvent de 1 à 6 fois par an, mais le covoiturage régulier et  l’achat de produits frais (type AMAP) sont les pratiques très répétitives et fréquentes ; par contre, certaines activités sont très répétitives mais peu fréquentes telles le partage de parcelles cultivables, l’échange de voiture, le troc, la livraison de produits frais :

  Covoiturage régulier Achat de produits Frais (AMAP…) Partage Parcelles cultivables Echange voiture Entre particuliers Troc Livraison de produit (repas, colis…) Location voitures entre particuliers Covoiturage Ponctuel (blablacar…) Achat, vente repas
% de « pratiquant » 28 28 5 5 23 11 5 25 12
Au moins 1 fois/semaine 26 13 25 14 9 10 4 6 8
1 à 3 fois par mois 21 33 21 25 27 24 28 22 16
Fréquence marquante 47 46 46 39 36 34 32 28 24
1 à 6 fois par an 31 43 32 21 41 36 36 52 40
Moins souvent 22 11 22 40 23 30 32 20 36
  Echange maison appartement Prêt financier à organisation via site web Participation A repas participatif Hébergement gratuit chez l’habitant Partage de taxis Prêt à particulier Hébergement Payant chez particuliers
% de « pratiquant » 5 7 28 9 14 8 20
Au moins 1 fois/semaine 9 7 5 6 3 4 2
1 à 3 fois par mois 14 13 13 12 14 12 7
Fréquence marquante 23 20 18 18 17 16 9
1 à 6 fois par an 39 43 57 41 39 26 54
Moins souvent 38 37 25 41 44 58 36

Les biens faisant l’objet de transactions plus fréquentes sont les chaussures, les habits et les jouets/jeux video/DVD et pour l’ensemble des transactions ce sont des ventes (44%), des achats (42%), des dons (25%), des prêts %), voire des échanges (9%) ou un partage (7%). Pour les services, 54% ont été payants, 54% gratuits (dont 25% avec échange ou troc).

 

Noter que 36% ont réalisé des achats groupés, notamment dans la restauration, les activités culturelles et touristiques, et pour les biens dans l’habillement/chaussure, l’informatique et l’électroménager, avec des fréquences faibles (82% moins de 6 fois par an).

41% ont déjà proposé des services à des particuliers (garde d’enfants, petits travaux, ménage…) : 21% une fois par semaine, 21% une à 3 fois par mois, 34% une à 6 fois par an.

33% ont sollicité des services, plus rarement 44% de 1 à 6 fois par an et 28% au moins 1 fois par mois). Leur fréquence a été la suivante, avec des décalages nets entre demande et offre ; ceux qui proposent leurs services sont plus souvent des 18-24 ans, étudiants notamment, des urbains qui pratiquent beaucoup la consommation collaborative et utilisent les réseaux sociaux ; ils mettent en avant le lien social, la solidarité, la convivialité, la possibilité de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre des expériences authentiques mais aussi le fait de gagner de l’argent ; ceux qui sollicitent les services sont plus souvent les femmes, les 35-49 ans, les CSP+ avec plusieurs enfants au foyer, et qui utilisent les réseaux sociaux ; ils mettent aussi en avant le lien social, la solidarité, le partage, la possibilité d’aider des personnes dans le besoin.

  Petits travaux jardinage ménage Garde animaux Garde enfants Enseignement Aide aux Personnes âgées Visites touristiques autres
Demande 43 30 29 24 22 16 9 8 13
Offre 33 22 24 29 43 31 25 9 17

Les pratiques qui conduisent le plus à participer à la consommation participative sont l’échange de maison ou appartement, l’habitat participatif, la location et l’échange de voiture, voire le partage de parcelles.

 

Ce qui pourrait accentuer la pratique de consommation collaborative, c’est d’abord l’accentuation de la crise économique, puis la sécurisation des transactions, l’envie de changer le système conjugué aux préoccupations environnementales.

 

Les freins sont d’abord la sécurité des transactions financières et les garanties (assurance, après-vente), ou le conseil vendeur, le fait que certains biens soit difficiles à partager, le fait encore que cela soit compatible avec son mode de vie.

 

Pour 74% la consommation collaborative représente moins de 20% de leurs dépenses courantes, mais pour 26% au moins 30% (dont 15% la moitié et plus) ; de même en ce qui concerne les gains issus de cette consommation, 27% les estiment nuls, 50% de 10 à 20% des revenus et 23% plus de 30% (dont 13% la moitié et plus des revenus).

Les achats sont faits d’abord via internet, puis en direction de brocantes, friperies et boutiques d’occasion et enfin dans les magasins bio.