La France est en retard dans l’économie numérique


« Les chiffres clés du numérique et les bonnes pratiques de numérisation des TPE/PME », IGF, lu juin 2014

 Bien qu’en croissance ces dernières années, le poids de l’économie numérique en  France est bien en deçà de celui des USA : 5,7% du PIB versus 8%, 3% de l’emploi au lieu de 10%, 700 000 créations d’emplois depuis 15 ans, contre plus de 3 millions créés dans les start-ups aux USA depuis 30 ans.

 

L’économie numérique touche en France plus de 72% de l’économie ; il impacte fortement les secteurs de la publicité, de l’audiovisuel, des finances, de l’assurance et des voyages (12% du PIB) ; il influence moyennement la distribution, l’industrie (chimie, automobile, équipement) et les administrations publiques (au total 60% du PIB), notamment dans les gains de productivité ; en revanche, son impact est très faible, voire quasi nul dans les secteurs de l’artisanat, du bois, de la pêche et des services à la personne (22% du PIB).

 

L’économie numérique est dominée par des géants mondiaux tels que Facebook, Google, Apple, Amazon, tous américains, face à une perte progressive d’influence de l’Europe sur Internet, notamment de la part de la France : il n’y a ainsi que 11 sites européens parmi le top des 200 sites mondiaux, moins qu’en Chine (35), et très largement en dessous des USA (127). Autre exemple, le taux de croissance de la publicité numérique en France, de 5% pour la période 2011-2012, et en net fléchissement par rapport à la période 2010-2011 (13%) décroche totalement par rapport à celui des USA qui s’établit à 17% ! C’est ainsi que le digital ne représente que 20% des dépenses publicitaires des entreprises début 2013, loin derrière les USA (35%) et l’Allemagne (30%) et que les perspectives de croissance pour la période 2012-2015 sont nulles.

 

La France compte en février 2014, 46,2 millions d’internautes, dont 3 millions d’acheteurs sur mobile (au moins un achat par mois) et 1 million d’acheteurs sur tablette (au moins un achat par mois).

 

34% des TPE sont équipées d’un site internet (vitrine), mais  elles sont 43% dans les 6 à 9 salariés ;  16% disposent d’un site e-commerce (sans grand décalage selon la taille de l’entreprise), soit la moitié des TPE ; 18% envisagent par ailleurs de s’équiper prochainement.

L’équipement en site internet varie fortement selon les activités : 84% des TPE du secteur touristique, 56% dans les services aux entreprises,  53% dans le commerce non alimentaire, 51% dans les services aux personnes, 45% dans les HCR, 36% dans l’artisanat et 31% dans le commerce alimentaire.

Il en est de même pour les PME, puisque seulement 64% d’entre elles, l’un des scores les plus bas d’Europe, et même derrière l’Espagne et l’Italie, étaient équipées d’un site Internet, contre 91% des PME finlandaises, 82% des PME allemandes et 81% des PME anglaises….

 

Le chiffre d’affaires de l’e-commerce BtoC s’élevait en 2012 en Europe à 312Md€ avec 250 millions d’acheteurs, 550 000 sites marchands et 2 millions d’emplois directs et indirects.

La progression de l’e-commerce est très favorable, passant d’un chiffre d’affaires de 31Md€ en 2010 à 45Md€ en 2012 et une prévision de 80Md€ en 2015 ; ceci étant il ne représente en 2012 que 2,2% du PIB contre 5% au Royaume-Uni, mais 1,8% en Allemagne.

Pour sa part, le marché du m-commerce (vente sur mobile et tablette) a connu une véritable explosion en France depuis 2011 : +83% de 2011 à 2012, +41% de 2012 à 2013, une estimation de +32% de 2013 à 2014 et de +24% de 2014 à 2015. Le chiffre d’affaires 2012 s’élevait à 2,2Md€, soit 4,9% du CA de l’e-commerce et devrait atteindre 7,1% en 2015.

 

Malgré ce retard, on constate une ouverture favorable à ces nouveaux modes de vente et de communication chez les TPE puisqu’en 2013, 55% des patrons de TPE estimaient indispensable d’avoir un site Internet (45% en 2012) et 46% d’entre eux étaient favorables à une présence sur les réseaux sociaux (42% en 2012).

 

Deux freins à un véritable essor : le temps passé à la mise à jour (une heure hebdomadaire pour le site, 10 heures  pour le site e-commerce) et le cout (investissement moyen annuel de 900€ pour le site internet classique, de 2 500€ pour un site e-commerce).