On ne compte plus en 2013 que 31 grandes entreprises françaises parmi les 500 plus grandes entreprises du monde contre 40 en 2009.


« La France et ses grandes entreprises », Institut de l’Entreprise, juin 2014

Source : études chiffrées conduites par McKinsey & Company en 2013 et 2014 auprès des 229 grandes entreprises françaises existantes en 2010 (plus de 5 000 employés ou plus de 1,5 Md€ de CA ou plus de 2Md€ de bilan, entreprises françaises et filiales étrangères sur le territoire français).

 

 L’étude part du constat de la fragilisation croissante des grandes entreprises françaises alors que leur contribution est essentielle au maintien et au développement du tissu économique et social.

 

En 2010, on compte 3,08 millions d’entreprises dont 96%, soit 2,9 millions, sont des microentreprises ou des TPE, principalement dans le commerce, l’artisanat et les services. Ces entreprises ne contribuent que faiblement au dynamisme productif car peu exportatrices (2%) et peu innovatrices (1% des dépenses de R&D). Elles génèrent 20% de la valeur ajoutée et représentent 20% des emplois.

 

Les PME (moins de 250 personnes et moins de 50M€ de CA) sont au nombre de 165 000. Majoritairement dans la construction et les activités de services, elles emploient 30% des effectifs salariés et génèrent 25% de la valeur ajoutée. Néanmoins, elles souffrent de maux qui handicapent l’économie française, contrairement à leurs concurrentes allemandes : faible rentabilité, fonds propres insuffisants, faible part dans les exportations (13%), rôle modeste dans la R&D (13% de la R&D privée).

 

Les ETI (moins de 5 000 salariés et moins de 1,5Md de CA), au nombre de 4 600 (3 500 à capitaux majoritairement français) présentent un profil plus dynamique, avec 20 % des effectifs salariés, 20% de la valeur ajoutée, et surtout une part significative des exportations (31%) et de la R&D (26% de la R&D privée).

 

Dans ce contexte, les grandes entreprises françaises jouent un rôle primordial en étant les locomotives de la puissance économique française. En effet, elles ont apporté 33% de la valeur ajoutée, 30% des emplois privés (4,4 millions de salariés), 53% des exportations, 57% des demandes de brevets, 66% des dépenses de R&D, 38% de l’investissement total des entreprises en France. En 2012, elles ont contribué à 40% des impôts et taxes payés par les entreprises.

 

Trois indicateurs illustrent leur rôle majeur :

– La valeur ajoutée par salarié : elle est 50% plus élevée dans une grande entreprise que dans une PME (91 000 € contre 61 000)

– Le CA à l’exportation par salarié : il est 3,6 fois plus important dans une grande entreprise que dans une PME (73 000 € contre 20 000)

– Les immobilisations par salarié : le rapport est de 1 à 3 par rapport aux PME (238 000 € contre 84 000 €).

 

L’auteur considère que le paysage économique est aujourd’hui figé et que le passage des entreprises à la catégorie supérieure est l’exception et non la norme ; les atouts qui ont permis dans les années soixante l’émergence des grandes entreprises françaises (convergence d’intérêts public privé, Etat colbertiste, grands programmes industriels, culture d’ingénieurs, système d’enseignement supérieur d’excellence, infrastructures de qualité, système politique et social stable) ne sont plus actifs depuis plusieurs années au point aujourd’hui que la situation s’est inversée.

 

Désormais les grandes entreprises françaises sont devenues des proies et adoptent des stratégies d’alliance qui les conduisent à déplacer leur centre de gravité hors de France. Pire encore, certaines grandes entreprises délocalisent leurs activités, leurs cadres dirigeants ou des filiales entières pour échapper au système fiscal et social jugé non compétitif.

On constate ainsi un écart grandissant entre la croissance des grandes entreprises françaises liée à leur activité à l’étranger et la paupérisation relative du tissu économique français. Non seulement le territoire national ne favorise plus l’émergence de nouvelles entreprises destinées à prendre la place des grands groupes, mais en plus il ne permet plus de préserver les positions de ses fleurons industriels et a cessé d’être attractif pour ses propres entreprises (conditions de production et faible rentabilité des projets industriels potentiels). On ne compte plus en 2013 que 31 grandes entreprises françaises parmi les 500 plus grandes entreprises du monde contre 40 en 2009.