La création d’entreprises est une voie d’insertion socioprofessionnelle privilégiée par les personnes étrangères (hors UE) pour améliorer leurs conditions de travail, faire face à leur surexposition au chômage (en 2006 les personnes étrangères sont trois fois plus au chômage que les français) et faire face aux discriminations.
Créer en Midi-Pyrénées est beaucoup plus risqué (3 ans après la création, 42% sont encore en activité contre 69% pour les étrangers de l’UE et 71% des français), notamment pour les hommes avec 33% de pérennité à 3 ans contre 65% pour les femmes étrangères, (peu nombreuses : 26% des créateurs étrangers, un meilleur niveau de formation, un meilleur encadrement du projet) ; le profil socio-économique des créateurs étrangers est plus fragile ; leur démarrage plus difficile (nettement plus de sous-traitance), tout comme l’accès au financement bancaire.
58% des professionnels de l’accompagnement déclarent rencontrer des freins spécifiques aux créateurs étrangers : difficultés du porteur de projet à intégrer les notions économiques de prévisionnel, de marge, de BFR, « incompétence économique, linguistique, de gestion », difficultés à intégrer le formalisme liées à la création d’entreprise, de passer à l’écrit ; sont moins cités, le droit des étrangers à créer, la difficulté à faire reconnaître les compétences acquises (via le VAE et la comparabilité des diplômes).
49% des professionnels citent encore l’accès difficile au crédit bancaire (accentué par l’incertitude concernant leur séjour, leur sincérité sur la démarche de création, et celle relative à la viabilité de leur projet, dû par ailleurs à une inégalité de traitement.
Aux dires des auteurs de l’étude, si le sujet des discriminations racistes est largement pris en compte dans la société, il n’en est pas de même en ce qui concerne le champ de la création d’entreprise. Les difficultés à objectiver ces discriminations et la priorité donnée au montage du projet expliqueraient cela. Il est vrai aussi que les accompagnateurs n’ont pas été formés à « l’égalité de traitement », que le mode de pensée des accompagnateurs est fondé sur la qualité innée (celle d’entreprendre) et peu sur des compétences à construire ou développer ; si le créateur étranger ne réussit pas en création, c’est qu’il n’a pas consenti assez d’efforts pour s’intégrer dans les exigences de l’entrepreneuriat. Enfin, autres hypothèses, la conviction que lutter contre la discrimination ne fait pas partie de leur métier et par ailleurs la faible interpellation des porteurs des créateurs étrangers potentiellement discriminés, accentuent cette non prise en compte.