L’industrie a perdu 30% de ses effectifs (3 millions d’emplois en 2012 contre 4,5 millions en 1990), passant de 32,7% des emplois salariés à 20,2 % en septembre 2013 ; on peut y ajouter le nombre d’intérimaires employés dans l’industrie (224 000 en 2013, contre 304 000 début 2010).
Jusqu’en 2007, la valeur ajoutée industrielle continue à progresser alors que l’emploi est en diminution ; en 2011, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est de 12,5% ce qui situe la France à la 15e place des 17 pays de la zone euro (selon le rapport Gallois).
Des facteurs de fragilité, notamment par rapport à l’Allemagne.
On peut citer : le lien insuffisant entre recherche et innovation, une culture de l’innovation trop tirée par la technologie et pas assez par le marché, un manque d’entreprises de taille intermédiaire, un décalage entre le coût du travail et la spécialisation industrielle française plutôt axée sur des segments à faible valeur ajoutée, un dialogue social insuffisant, des relations difficiles entre donneurs d’ordre et fournisseurs, une image défavorable de l’industrie et des formations techniques qui n’attirent pas les jeunes et les salariés, un accès difficile au financement (marges faibles)…
Les trois secteurs qui résistent le mieux à la crise sont aussi les principaux secteurs importateurs : aéronautique, agro-alimentaire, industrie pharmaceutique.
Les secteurs industriels les plus touchés de 2008 à 2012 (baisses au-delà de 12%) sont la fabrication de meubles, l’industrie automobile, les produits métalliques/métallurgie, l’imprimerie, le textile, l’habillement et la chaussure.
Selon la classification de l’OCDE, l’industrie de haute technologie représente 12% des emplois salariés de l’industrie manufacturière ; elle est concentrée géographiquement puisque 61% de l’emploi de ce secteur se situe dans les 20 premières zones d’emplois contre 29% à 43% pour les autres segments de l’industrie ; l’emploi dans l’industrie de haute technologie résiste mieux que les autres segments de l’industrie.
L’Île-de-France et Rhône-Alpes sont les deux premières régions industrielles françaises, concentrant respectivement 13,5% et 13% de l’emploi industriel national ; l’Île-de-France est nettement sous-représentée sachant que son poids dans l’emploi total en France est de 25,5%, contrairement à Rhône-Alpes (les zones d’emploi de Lyon, Grenoble et Saint- Etienne figurent parmi les dix premières zones industrielles Française) ; d’autres régions ont un poids industriel important : les Pays de Loire (7,9% du total), le Nord-Pas-de-Calais (6,5%), la Bretagne (5,2%) et l’Est, constitué des régions Alsace, Franche-Comté et Lorraine avec 11,1%.
Les deux tiers des emplois industriels sont localisés hors des « métropoles » : le tissu industriel français est bien réparti sur l’ensemble du territoire (107 zones d’emploi comptent au moins 8 000 emplois industriels en 2012) soient les ¾ des effectifs salariés de l’industrie manufacturière. française. L’Île-de-France et les 18 zones d’emploi de province les plus peuplées (plus de 500 000 habitants) représentent seulement 36% de l’emploi salarié industriel alors qu’elles concentrent la moitié de l’emploi salarié privé tous secteurs confondus et 65% dans le secteur tertiaire qualifié, ou la programmation informatique, une situation qui a peu bougé ces dernières années ; mais contrairement à une autre idée répandue, l’industrie française n’est pas concentrée dans les petits territoires, mais se répartit sur l’ensemble du territoire national.
La plupart des zones d’emploi françaises sont touchées par les baisses d’emploi industriel, mais l’effet est particulièrement fort dans un grand quadrant Nord Est, avec une industrie souvent positionnée sur des secteurs « traditionnels »; les territoires épargnés sont davantage localisés dans l’Ouest et le Sud
Les pertes d’emplois industriels, au-delà de l’impact social, sont aussi des pertes de compétences et de savoir-faire qui rendent difficiles le rebond et le redémarrage d’activités industrielles.
En moyenne, on constate un impact plus fort sur les petits bassins industriels : l’emploi industriel a diminué aussi bien dans les territoires où l’industrie est fortement présente que dans ceux où elle l’est beaucoup moins ; la plus grande diversification de leur tissu économique permet aux plus grandes zones d’emploi de connaître un impact limité.
De 2008 à 2012, il n’y a pas au niveau national de compensation « arithmétique » des emplois industriels perdus par des créations d’emplois dans le tertiaire ; celle-ci ne se produit que dans une partie des territoires, les secteurs tertiaires en croissance étant géographiquement polarisés.
En 4 ans (2007-2011), la production de l’industrie manufacturière a baissé de 6% et l’emploi industriel (en équivalents temps plein) a baissé de 10,8% ; cette chute de l’activité manufacturière a réduit la demande de services, d’énergie ou de construction émanant de l’industrie, entraînant une baisse de l’emploi non industriel (perte de134 000 emplois équivalent temps) ; cet effet indirect aggrave significativement la perte des 336 000 emplois industriels. Ces emplois perdus sont presque pour moitié dans les services d’accueil ou d’appui, constitués notamment des agences d’intérim, des centres d’appel, des services de nettoyage, des services immobiliers, des secteurs des transports et du commerce.
En revanche, les services technologiques qui regroupent la recherche, les activités spécialisées scientifiques et techniques, les technologies de l’information et de la communication, ne sont pas affectés.
Les emplois non industriels se maintiennent créant 76 300 emplois entre 2008 et 2012. Toutefois, dans les zones d’emploi, la croissance des emplois non industriels compense rarement les pertes importantes d’emplois industriels : parmi les 118 zones d’emploi qui enregistrent une baisse de l’emploi industriel supérieur à 2,5%, seulement 14 connaissent une hausse ou une baisse limitée de l’emploi total (inférieure à 2%) ; de même parmi les 83 zones d’emploi qui connaissent une évolution favorable de l’ensemble des emplois (hausse ou baisse limitée) seulement 6 ont enregistré une forte baisse de l’emploi industriel.
Le plus souvent, les évolutions favorables de l’emploi industriel (100 zones d’emploi avec baisse maximale de 1 % de l’emploi total) coexistent avec des évolutions favorables ou moyennes de l’emploi total.
Ces créations d’emploi sont très polarisées dans l’informatique, le tertiaire qualifié (la santé, l’éducation, le conseil ingénierie, le commerce et la restauration) : entre 2008 à 2012, la perte des emplois industriels (-284 000) est quasiment compensée par les créations d’emplois dans ces 6 secteurs d’activités (+265 000) ; mais les activités commerce de détail, informatique et le conseil ingénierie ne sont créatrices d’emploi que dans la moitié des zones d’emploi, alors que la restauration, l’éducation, et la santé et l’action sociale sont créatrices d’emploi dans la grande majorité des zones d’emploi.