Les Français font peu confiance aux autres.


"En quoi les Français ont ils confiance aujourd'hui ? Vague 16 du baromètre", Cevipof, Opinion Way, février 2025

Méthodologie : échantillon de :
3561personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 3875 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
2000 personnes représentatives de la population allemande âgée de 18 ans et plus.
– 1760 personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1933 personnes représentatif de la population italienne âgée de 18 ans et plus.
– 1771personnes inscrites sur les listes électorales issu d’un échantillon de 1847 personnes représentatif de la population hollandaise âgée de 18 ans et plus.

Les interrogations ont eu lieu entre le 17 janvier et le 5 février 2025 en ligne.

L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle (en France), de région de résidence, taille d’agglomération (en France) et de niveau de revenus (sauf en France).

 

L’enquête annuelle Cevipof est un observatoire d’importance ; je m’attacherais après un tour d’horizon rapide sur l’état d’esprit des Français à mettre en lumière ce qui y est décrit des Français face à l’économie et à l’entreprise.

 

♦ L’état d’esprit actuel ; les Français sont :

– Approche négative : méfiants (45%), las (40), moroses (30) et ont peur (18) et 133 si je cumule ces 4 items ; chaque item a connu une hausse entre +4 et +7 points depuis l’an passé,

– Approche positive : par contre, 15% expriment du bien-être, 14 de la sérénité, 13 de la confiance et même 8 de l’enthousiasme et 51 si je cumule ces 4 items ; en baisse de 0 à -3.

 

C’est nettement moins le cas aux Pays-Bas (approche négative, % cumulés 43 et approche positive 90), en Italie (95 et 69) ou en Allemagne (75 et 72) ; au regard de l’année passée la tendance est une amélioration de l’approche positive et une baisse de l’approche négative.

 

Les Français font tout à fait confiance à leur famille (66%, 26 un peu et pas confiance 7), mais peu aux autres personnes : leurs voisins (22, 50 et 27), les gens qui ont une opinion religieuse différente de la leur (18, 45 et 31) les gens d’une autre nationalité en général (17, 47, et 33), les gens rencontrés pour la première fois (6, 38 et 54).

Par contre, les données pour les 4 autres pays sont assez proches.

Ainsi “On peut faire confiance à la plupart des gens” : Pays-Bas (48%), Allemagne (43), France et Italie (30).

 

Par ailleurs 45% estiment qu’il faille se protéger davantage du monde d’aujourd’hui, 25 s’ouvrir davantage au monde d’aujourd’hui, et 28 ni l’un ni l’autre. 

 

♦ Comment ils expliquent cela ?

– 67% (dont 16 tout à fait d’accord) disent avoir des conditions de vie de moins en moins bonnes que d’autres groupes ;  64% (dont 15 tout à fait d’accord) disent ne pas recevoir le respect qu’ils méritent.

36% ont souvent l’impression d’être seul dans la vie, mais 53% disent avoir une liberté et un contrôle total sur leur propre avenir.

Toutefois, 47% estiment que leur situation est meilleure que celle de leurs parents, 29% moins bien et 10 égale.

 

– De fait 42% (vs 18-24 les 4 autres pays) affirment ne pas avoir le sentiment d’appartenir à une communauté, vs 22% disent se sentir appartenir à une communauté nationale, 13% à une communauté de personnes qui parlent la même langue ou la même origine géographique (vs 24- 27 les 4 autres pays), 11% à une communauté de personnes qui partagent les mêmes goûts et 11% à une communauté de personnes qui partagent les mêmes valeurs.

 

♦ La confiance dans les institutions.

 

 – Qu’est-ce qu’une société juste ? Avant tout celle l’on rémunère davantage ceux qui travaillent plus que les autres (50% mais c’est moins vrai dans les 4 autres pays, 34-44), vs 43% celle où l’on réduit les écarts de rémunération entre les plus modestes et les plus riches.

 

– La confiance dans la politique : 26% répondent oui vs 39 en Italie, 43 aux Pays-Bas et 47 en Allemagne. Pourtant 55% porte de l’intérêt au politique vs 46-79% dans les 4 autres pays.

Mais 83% estiment que les responsables politiques ne se préoccupent pas en général de ce que pensent les gens (vs 59-77 dans les 4 autres pays). 74% pensent que le personnel politique est corrompu (46-68 les 4 autres pays).

 

Les systèmes politiques recherchés sont pour 80% (dont tout à fait d’accord 34) un système politique démocratique, pour 56% (dont 11) que ce soient des experts et non un gouvernement qui décident ce qui leur semble le meilleur pour le pays, pour 41% (dont 13) le fait d’avoir à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections et enfin pour 24% (dont 6) que l’armée dirige le pays. Globalement entre 2012 et 2017, 89% penchaient pour un système démocratique vs 80% entre 2018 et 2024.

 

Pour faire avancer les choses, c’est utile de voter car c’est par les élections que l’on peut faire évoluer les choses 74% (dont 34 tout à fait d’accord) affirment que la démocratie fonctionnerait mieux en France si les citoyens étaient associés de manière directe (pétitions, tirage au sort) à toutes les grandes décisions politiques, 71% (dont 25), si les organisations de la société civile (associations, syndicats) étaient davantage associées à toutes les grandes décisions politiques, alors que pour 48% -dont 13),  il vaudrait mieux moins de démocratie pour plus d’efficacité.

 

– Ils estiment par ailleurs que le vrai pouvoir est aujourd’hui est détenu par les marchés financiers (31), les grandes entreprises (24), l’Europe (18), et peu les citoyens (15).

 

♦ En France cette confiance se manifeste plutôt au niveau local : dans le conseil municipal (58), le conseil départemental (50) et le conseil régional (49), et moins dans ce qui est éloigné : l’Union européenne (32), le Sénat (32), le Parlement européen (29), l’institution présidentielle (26), l’Assemblée nationale (24),  le gouvernement (23).

En termes de fonction, cela se traduit par : le maire de leur commune (61%), leurs conseillers départemental (48), leur conseillers régionaux (46), leur député (40), leur député européen (32), le Premier ministre actuel (27, mais les répondants des autres pays sont 42-53% et le président de la République actuel (23).

En France, 28% (37-51 dans les 4 autres pays) disent que la démocratie fonctionne bien vs 43 pas trés bien et 28 pas bien du tout. 

⇒ Sur le plan économique,

♦ 49% pensent que l’on doit s’ouvrir davantage et 30% que l’on doit se fermer davantage  vs 53-68 s’ouvrir davantage selon les 4 autres pays.

 

La confiance dans les entreprises : 

♦ La confiance dans les entreprises et leur environnement : les artisans (82% dont 20 tout à fait d’accord et 72-83 pour les 4 autres pays), la science (80 dont 20), les TPE et PME (76 dont 12 et 65-76 pour les 4 autres pays), les associations (63 dont 9 et 49-64 pour les 4 autres pays), les grandes entreprise publiques (51 dont 6 et 43-52 pour les 4 autres pays) et les grandes entreprises privées (48 dont 6 et 44-49 pour les 4 autres pays), les banques (43 dont 4 et 33-52 pour les 4 autres pays), les syndicats (37 dont 5 et 34-59 pour les 4 autres pays).

 

Dans les grandes institutions qui régissent nos vies, la confiance est aussi certaine : gendarmerie, police, hôpitaux, armée, écoles, sécurité sociale (entre 67 et 82 dont 9-23), mais la justice (44 dont 7) ; elles l’est moins dans les média (31 dont 4) ou les réseaux sociaux (18 dont 4).

 

Face aux difficultés économiques, 60% des Français disent que l’Etat doit faire confiance aux entreprises et leur donne plus de liberté (vs 55 entre novembre 2016 et février 2024), alors que 35% affirment que l’Etat doit leur faire moins confiance.

 

♦ 37% affirment qu’ils aimeraient, ou auraient aimé créer leur propre entreprise et 33% une entreprise artisanale. Ceci étant, seuls 18% estiment plus de chances de réussir dans la vie professionnelle en créant son entreprise (on peut y ajouter les 4% travaillant seul sur une
ou plusieurs plateformes numériques) vs 52 en travaillant comme salarié dans une entreprise privée et 23% dans le secteur public. 24% pourrait se reconvertir en créant une entreprise artisanale.

On croit davantage dans les 4 autres pays dans le fait de créer son entreprise pour réussir (entre 21 et 27).

 

♦ La reconnaissance dans leur vie professionnelle : 47% le pensent mais 52% ne sont pas d’accord dont 19 pas du tout d’accord.

 

L’importance de la formation : dans la société française, l’apprentissage n’est pas
suffisamment reconnu (84% dont 38 tout à fait d’accord), alors qu’on y donne trop souvent la priorité aux diplômes par rapport à l’expérience professionnelle (78 dont 32), et qu’il est important d’avoir un diplôme de haut niveau pour être respecté (58 dont 17), alors que la formation tout au long de la vie ne permet pas de développer sa carrière professionnelle (50 dont 14).

 

♦ 65% (dont 15) tout à fait sont d’accord pour affirmer leur confiance dans leurs collègues immédiats, 56% (dont 13) avec leur responsable immédiat et 49% (dont 10) avec la direction de leur entreprise ou de leur organisation.

 

Pour en savoir davantage : https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/Barometre%20confiance%20CEVIPOF%20Vague%2016%20fev%202025-v2_0.pdf