Le développement des start-up.


"SITUATION FINANCIÈRE DES START-UP en 2023", Banque de France, juillet 2024

Source : au 10 juin 2024, date d’extraction du fichier, 2 295 bilans ont été identifiés :
– 2 023 bilans correspondant à des start-up réalisant un CA> 750 k€ en 2022 et/ou en 2023 (80% de la population identifiée).

– 272 bilans correspondant à des start-up ayant réalisé une levée de fonds > 3 M€, mais se justifiant par la jeunesse de cette population qui ne dispose pas encore de documentation comptable depuis deux exercices consécutifs.

Noter que sont exclues les entreprises qui ont été introduites en bourse dont le modèle de financement par le marché ne répond pas au cadre de cette étude.

 

Pour la Banque de France une start-up se distingue d’une entreprise traditionnelle lorsqu’elle possède au moins 3 grandes caractéristiques :
– Un fort potentiel de croissance,
– L’usage ou la création d’une technologie nouvelle,
 – Un besoin de financement souvent assuré par des levées de fonds.

 

Malgré une contraction des levées de fonds de 38% en valeur, le chiffre d’affaires des start-up a progressé de près de 19% en moyenne et leurs effectifs se sont accrus de 8%.

⇒ Éléments de profil : 

La moitié des entreprises ont entre 8 et 14 ans. 

48% sont localisées en Ile de France et 32% dans les 4 régions du sud.
88% des start-up ont des comptes clos au 31 décembre. 99% ont un exercice de 12 mois. 
2/3 des start-up de cette étude communiquent des informations sur leurs dirigeants.

 

Leurs dirigeants ont 47 ans en moyenne ; 70% d’entre eux, ont entre 35 et 55 ans.

91% des responsables légaux sont des hommes, 9% sont des femmes.

⇒ Leur développement

♦ Les chiffres d’affaires.

 

En 2023, même si l’inflation reste une composante du taux de croissance, les start-up conservent un rythme de croissance à deux chiffres en retrait par rapport aux deux années précédentes (+18,6% vs +25 et +30),  mais plus de 3 fois supérieur à celui des TPE (repérées par la Banque de France) avec +5,5% entre 2022 et 2023 et +12,5 ou +13,1% les années antérieures ; il en est de même pour les progressions des PME (+5% entre 2022 et 2023 et 11,6% ou 12% les années précédentes).

Une moyenne de CA de 10,5 M€ par entité et une valeur médiane de 3,5M€. Toutefois, 25% réalisent moins de 1,5 M€ de CA, et 25% un CA supérieur à 8,5 M€. 23 entreprises réalisent un CA moyen de 239 M€.

23,6% du CA est réalisé à l’export ; 52% des start-up réalisent une part de leur CA à l’export. 

 

Les start-up de 15 ans et plus (20% de l’échantillon) réalisent en moyenne 15,7 M€ de CA, les start-up ayant 10 à 15 ans (34%) un CA moyen de 10,7 M€, celles entre 5 et 10 ans (40%) un CA moyen de 8 M€ et les plus jeunes (moins de 5 ans et 6% d’ l’échantillon) un CA moyen de 2,2 M€.

 

♦ Des effectifs en hausse.

 

Les 2295 start-up observées emploient 109 600 personnes fin 2023 contre 101 500 fin 2022 (+ 8%).

 

Avec 65 200 emplois, la région Île-de-France est le premier pôle d’emplois (59% des emplois). Les régions ayant enregistré la plus forte dynamique de recrutement tout au long de l’année sont les régions Pays de la Loire (+17%), Bourgogne-Franche-Comté (+13%) et Bretagne (+12%).

 

En moyenne, les start-up emploient 49 personnes en moyenne et 25 en valeur médiane. 25% emploient moins de 13 salariés ; 25% ont un effectif supérieur à 52. Noter que  les 23 entreprises les plus contributrices en emplois déclarent un effectif moyen de 581 salariés.

 

Selon l’ancienneté de l’entreprise, la taille de l’entreprise diffère :
• 67 salariés en moyenne pour les start-up ayant plus de 15 ans,
• 47 pour les start-up ayant entre 10 et 15 ans,
• 41 pour les start-up ayant entre 5 et 10 ans,
• 20 pour celle ayant moins de 5 ans.

⇒ Les évolutions en termes d’activité ?

Les start-up de l’énergie et de l’environnement réalisent un CA cumulé de 4 Md€ en 2023 contre 3,2 Md€ en 2022 (+27%), la plus forte croissance en termes d’effectif (+ 18%), et le plus de levées de fonds en nombre comme en montants ; elles bénéficient de l’engagement croissant de la puissance publique en faveur de la transition écologique.

– Les start-up du e-commerce et les marketplace (3,5 Md€) : un retour à la normale post-pandémie après plusieurs années exceptionnelles pour le secteur+23% de CA en 2022, +13% en 2023 et en termes d’effectifs (+ 24% en 2022, + 2% en 2023). 

– Le secteur software et data affiche un taux de croissance du CA de 18% (3,4 Md€). Elle est majoritairement soutenue par les solutions de gestion des données, de cybersécurité et d’IA prédictive.

– Les sociétés du marketing digital et des nouveaux médias forment un écosystème mature (2,7 Md€ de CA cumulé). Le secteur tire notamment parti de la percée de l’IA ; en revanche, le recrutement semble ralentir légèrement (+ 5% en 2023).

– Les start-up intervenant dans le secteur de l’éducation et des ressources humaines bénéficient du bouleversement des modes d’apprentissage et de travail auquel répondent les solutions de formation en ligne et de recrutement digital. Si le CA de ces entités continue de croître en 2023 (+ 24%), le recrutement passe cependant de + 28% en 2022 à + 7% en 2023.

– Les start-up de la santé progressent en CA de 15% en 2023. 

– Le CA des start-up du tourisme et des loisirs continue de croître (+ 14% vs +23 en 2022), porté par les innovations dans le domaine du sport, du gaming et de la réservation de voyages en ligne. Le ralentissement est surtout marqué en termes d’effectifs (+ 1% en 2023).

– Avec une progression de 39%, le secteur de la mobilité est celui qui enregistre la plus forte croissance de CA en 2023, après une année 2022 déjà très soutenue (+35%).  Le développement des batteries, des bornes de recharge, et plus largement de la mobilité électrique et hydrogène contribuent notamment à ce dynamisme.

– Le CA des fintech reste en progression, malgré une conjoncture difficile (chute des levées de fonds, baisse significative des valorisations) ; il a continué d’embaucher et poursuit son internationalisation. Noter que le niveau d’activité mesuré ne comprend pas de nombreuses licornes (start-up valorisées plus de 1 Md$).

Les start-up industrielles enregistrent à nouveau un fort taux de croissance de leur CA (28% en 2022, 22% en 2023). Elles ont également continué de recruter au cours de l’année 2023.

– Le CA des start-up de l’alimentation progresse de 25% en 2023 (le 3éme meilleur taux de croissance après les start-up de la mobilité et de l’énergie/environnement).

– Les start-up proposant des solutions IoT (internet des objets) et hardware affichent un taux de croissance assez modéré (+ 5% vs 28% en 2022). 

⇒ Le financement des start-up.

Un changement majeur : après une décennie de croissance ininterrompue des financements externes, 2023 a marqué une rupture : les levées de fonds sont en net retrait (8,3 Md€ en valeur, en baisse de 38% par rapport à 2022), mais le nombre d’opération (715) n’est en retrait que de 3%. Cette baisse s’explique principalement par la diminution des tickets supérieurs à 100 M€. 

 

♦ Les entrepreneurs semblent avoir adapté leur gestion puisque les capitaux propres de notre échantillon se renforcent de 9% (17,3 Md€ contre 15,9 Md€ un an auparavant). Mais 20% conservent des fonds propres négatifs.

 

♦ La dette bancaire progresse de 5% (5,4 Md€ vs 5,2 Md€ en 2022). 83% des start-up utilisent cette source de financement (32% des fonds propres). Le financement obligataire est plus modeste en montant (1,3 Md€) et en nombre de start-up concernées (10%) mais il progresse de 37%, principalement avec la mise en place de bridges (ponts de financements) destiné à soutenir les start-up entre deux tours de table pour combler un manque de trésorerie. 

 

♦ En cumul, la trésorerie s’élève fin 2023 à 11 Md€, soit un montant quasi équivalent à celui relevé à fin 2022. Dans un contexte de baisse des financements, les start-up ont préservé leur trésorerie active sans sacrifier la croissance de l’activité et des emplois mais en se rapprochant de leur seuil de rentabilité.

 

♦ En effet, les pertes de l’exercice représentent 16,5% du CA en 2023 contre 21,3% en 2022. 36% affichent toutefois un résultat d’exploitation positif (dont le cumul s’élève à 1 Md€), contre 64% un résultat d’exploitation négatif (représentant près de 5,6 Md€ de pertes cumulées).

⇒ Les défaillances.

Au regard des bilans 2022, un an après, 105 start-up ont fait l’objet d’une procédure judiciaire dont 76 au cours de l’année 2023 (taux de sinistralité annuel de 3,1%), dont les 2/3 en liquidation. La principale raison de ces évolutions semble liée au retournement du marché du capital risque qui a freiné les négociations avec les investisseurs. Une défaillance sur cinq concerne une start-up du secteur de la santé ; viennent ensuite les secteurs de l’énergie et de l’environnement, de l’alimentation et du e-commerce.

 

Le profil des start-up défaillantes se caractérise par une absence de fonds propres, la présence de lourdes pertes, la faiblesse de leur trésorerie.

 

En cumul, les start-up défaillantes en 2023 employaient 2 318 salariés. La médiane écarte les dossiers les plus impactant et donne une image plus fidèle du profil de ces entreprises avec 14 salariés.

⇒ Qu’en serait-il pour 2024 ?

Une profonde transformation est marquée par la percé significative des greentech et la montée en puissance de l’IA. Au 1er semestre 2024, plus de la moitié des fonds levés dans la Tech ont été dirigés vers les greentech et l’IA (1,9 Md€ sur un total de 3,5 Md€). Cette nouvelle répartition des investissements confirme l’intérêt accru des investisseurs pour certains secteurs stratégiques (énergie, mobilités) et pour les technologies de rupture, notamment l’intelligence artificielle. En outre, le développement du secteur semble s’être accéléré avec des tickets moyens plus élevés en termes de levées de fonds et des projets à plus grande échelle et axés sur le long terme, notamment dans le secteur des mobilités douces (électrique, hydrogène…).

⇒ De nombreux programmes de soutien existent :

– Le programme France 2030 doté de 54 Md€ sur 5 ans vise à combler le retard industriel français en investissant massivement dans les technologies innovantes et le soutien à la transition écologique.
– L’initiative « Tibi 2 » mobilise 7Md€ de fonds privés pour financer principalement la décarbonation et les projets technologiques les plus innovants.
– La French Tech, chargée de soutenir la structuration et la croissance de l’écosystème des start-up françaises avec l’animation d’un réseau de communautés et capitales et de programmes ciblés.
– La réforme du statut de Jeunes-Entreprises-Dispositif midy introduit de nouvelles catégories pour l’innovation de croissance ou de rupture.
– La French Tech Corporate Community fédère les efforts de grands groupes franco-européens autour des défis de leur transformation numérique et de leur relation aux start-up.
– La Commission de l’Intelligence Artificielle propose de créer un fonds d’investissement « France & IA » de 10 Md€ pour soutenir l’écosystème français de l’IA.

 

Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/fr/publications-et-statistiques/publications/situation-financiere-des-start-en-2023