Les constats et propositions de ce rapport s’appuient sur une cinquantaine d’entretiens qualitatifs approfondis avec des responsables d’entreprises, une enquête quantitative auprès de 6000 entreprises, et des auditions d’experts institutionnels.
L’Île-de-France est en retard en matière d’innovation non technologique par rapport à ses voisins européens : 50ème place en Europe contre 5ème place pour la Bavière ; alors que la Bavière et le Grand Londres progressent dans ce domaine, l’Île-de-France stagne.
Pour les entreprises innovantes franciliennes, les principales ressources d’innovation sont la bonne coopération avec les clients (pour 87% des répondants) et avec les fournisseurs (70%), loin devant le recrutement (31%) ou encore l’investissement en équipements et machines de pointe (32%).
Selon une enquête réalisée par Manutan en partenariat avec Bluenove en avril 2014 auprès de PME et ETI françaises, 72% des personnes interrogées ont une perception positive du concept d’open innovation, mais 56% des entreprises interrogées ne savent pas réellement ce qu’il recouvre, 23% des PME et ETI se sont déjà engagées dans cette voie. Un des obstacles majeur serait lié à des difficultés anticipées dans la gestion de la propriété intellectuelle.
« En matière d’infrastructures, l’Île-de-France accueille de nombreux incubateurs et pépinières … Cette politique volontariste ne doit pas occulter les problèmes que rencontrent certaines entreprises pour trouver les infrastructures qui répondent réellement à leurs besoins »
L’Île-de-France offre de nombreuses opportunités de financement aux entreprises. La France est le premier marché du capital-investissement en Europe continentale et le troisième marché au monde (en montants investis) en 2012 ; localisé principalement en Ile-de-France, le marché du capital-investissement correspond à environ 20% du marché européen. Entre 2002 et 2012, environ 75 Mds€ ont été investis, dont 10 Mds€ par les opérateurs français en 2011. Sur la place parisienne, 270 fonds de capital-investissement opèrent et emploient plus de 3 000 personnes ; pourtant, les entreprises peinent à financer leurs projets d’innovation, et le financement de la phase de commercialisation.
En matière de capital humain, le système éducatif francilien est mondialement reconnu, avec 95 000 chercheurs dans la région Ile-de-France soit 40% du total national : le pôle de Saclay est aujourd’hui parmi les 8 clusters les plus importants au monde. De nombreuses écoles de commerce franciliennes, sont leaders. Paris peut s’appuyer sur un atout singulier, l’école française de mathématiques appliquées, dont la reconnaissance est mondiale, une expertise qui joue un rôle clé dans de nombreux secteurs tels l’informatique, les services financiers, l’aéronautique, la physique.
De plus, l’Île-de-France regroupe une importante « classe créative », avec par exemple plus de la moitié des professionnels de l’audiovisuel et du spectacle français qui travaillent dans la région. Cette puissante économie créative est la source de la « French Touch ».
La région capitale est fortement dotée de ressources technologiques, avec 9 pôles de compétitivité français sur son territoire, 3 Sociétés d’Accélération de Transfert Technologique (SATT), un Institut de Recherche Technologique, 20 Instituts Carnot (sur les 34 français), plusieurs centaines de laboratoires, 10 universités, de nombreuses écoles de commerce et d’ingénieurs mondialement reconnues, 1 IRT, 5 CRT, une dizaine de clusters locaux, 3 SATT, 4 ITE… Il y a cependant trop peu de dialogue et de transversalité entre ces structures en Île-de-France, alors que de nombreuses thématiques sont communes.
3 000 entreprises sur les 800 000 franciliennes participent à un pôle ; 14% des établissements en Île-de-France ayant entrepris une démarche d’innovation au cours des deux dernières années, sont en relation régulière avec un pôle de compétitivité.
Sur un budget régional total de 4,7Md€, la Région Ile-de-France consacre 230M€ pour le développement économique, innovation, tourisme, dont 52M€ pour la « recherche et innovation » (22%) ; ainsi, 1,1% du budget régional est consacré à l’innovation ; sur cette somme, seuls 39M€ sont versés à des projets portés par des entreprises, le reste servant à financer les structures régionales qui gèrent des dispositifs dans ce domaine.
Le Land de Bavière avec une population similaire consacre 20% d’un budget de 35Md€ au développement de l’économie, des infrastructures et de la technologie.
Parmi les entreprises innovantes qui n’ont pas bénéficié d’aide au financement de leur projet d’innovation, 36% d’entre elles en Île-de-France évoquent un montage de dossier trop complexe et pour 31% d’entre elles, une difficulté à trouver un interlocuteur, malgré les très nombreuses structures existantes ; par ailleurs, 40% ont abandonné des projets d’innovation au cours de deux dernières années, faute de trouver un ou des partenaires.
« Cette analyse des besoins récurrents et des nouvelles pratiques des entreprises permet d’identifier 12 actions-clés »