Méthodologie et source : l’étude mobilise 1,6 million de liasses fiscales 2024 pour éclairer la situation financière des PME et des ETI, regroupées en 1,4 million d’entreprises au sens de la loi de modernisation de l’économie (LME). L’échantillon d’étude couvre environ 90% des effectifs et 85% de la valeur ajoutée produite par les PME et ETI.
Les données sont issues du Fichier bancaire des entreprises (FIBEN) de la Banque de France et plus spécifiquement, les comptes sociaux, les liens financiers.
L’étude porte sur les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés et présentes dans FIBEN.
Mais la capacité de remboursement a faibli et la situation au sein de la diversité des entreprises est loin d’être homogène.
Fin 2024, les PME et les ETI présentaient des signes forts de résilience, avec notamment des taux de marge qui ont continué de résister, des taux d’endettement en baisse, et une trésorerie toujours solide.
Le chiffre d’affaires a progressé lentement en 2024, fortement tirée par le contexte inflationniste, avec des progressions de 13% ou plus en 2022 et de 5% ou plus en 2023 ; en 2024, avec le retour de l’inflation autour de 2%, la croissance du chiffre d’affaires a été de +2,8% pour les TPE, de 1,3% pour les PME et de +0,6% pour les ETI. Le chiffre d’affaires a progressé moins vite en 2024 que sa moyenne de long terme (2001-2023) : -2,8 points de pourcentage pour les PME (hors TPE) ainsi que pour les ETI.
Ce ralentissement a pesé sur la croissance de la valeur ajoutée. Cette dernière a progressé de 3,4% pour les TPE, de 2,5% pour les PME et de 3,6% pour les ETI (contre respectivement 6,1%, 5% et 5,2% en 2023).
Mais le taux de marge (rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée) a continué de résister et a connu une légère hausse par rapport à 2023 pour toutes les tailles d’entreprise. Les taux de marge ont notamment profité de la poursuite de la réforme des impôts de production, et du ralentissement des hausses de salaire. A fin 2024, ils sont à des niveaux supérieurs à ceux de la période pré-Covid.
Le taux d’endettement a diminué en 2024 pour toutes les tailles d’entreprise du fait d’un renforcement des capitaux propres (+7% pour les TPE, +5% pour les PME, +4% pour les ETI) et pour les TPE, d’un léger recul (-2%) de la dette, dans un contexte où plus des 2/3 des capitaux empruntés via un PGE ont été remboursés.
À fin décembre 2024, 68% des capitaux empruntés au titre des PGE ont été remboursés en totalité ou partiellement : 67% pour les PME (TPE ou non), et 70% pour les ETI, tandis que 20% des PME et 36% des ETI ont remboursé l’intégralité de leur PGE.
Les appels à la garantie restent relativement modérés, mais sont sensiblement plus importants pour les petites entités : ils représentent ainsi 5,5% des montants octroyés pour les TPE, 3,2% pour les PME et 2,9% pour les ETI.
Les taux d’intérêt sur les nouveaux prêts aux PME et aux ETI ont amorcé leur baisse.
Pour les 2/3, la dette des entreprises est à taux fixe et renouvelée sur plusieurs années. De ce fait, en 2022 et en 2023, les taux d’intérêt réglés par les entreprises ont augmenté nettement moins vite que les taux des nouveaux crédits bancaires et des nouvelles émissions de dette sur les marchés. Ce coût a augmenté plus rapidement pour les ETI que pour les PME en 2022 et en 2023, les ETI se finançant davantage sur les marchés, dans un contexte où les taux obligataires ont augmenté plus tôt et plus rapidement que les taux bancaires et le fait que la part des emprunts à court terme est plus élevée pour les ETI (13% en 2024) que pour les PME (8%).
Avec le recul de l’inflation et des taux directeurs, les taux des nouveaux prêts aux entreprises sont repartis à la baisse en 2024. Compte tenu du temps de latence dans la transmission de ces baisses de taux, le coût effectif de la dette des entreprises a toutefois continué d’augmenter en 2024 pour les PME et les ETI. Noter qu’avec des taux plus élevés, les entreprises bénéficient d’une rémunération accrue de leurs dépôts.
La trésorerie est restée à un niveau supérieur à celui de la période pré-Covid.
La trésorerie a légèrement augmenté entre 2023 et 2024 pour toutes les tailles d’entreprise. Exprimée en jours de chiffres d’affaires, la trésorerie médiane des TPE est ainsi passée de 64 jours en 2023 à 65 jours en 2024, celle des PME de 52 à 53 jours, et celles de ETI de 57 à 59 jours.
Fin 2024, les situations de trésorerie restaient globalement meilleures que ce qu’elles étaient avant la crise sanitaire, quelle que soit la taille d’entreprise considérée. La trésorerie médiane des TPE, exprimée en jours de chiffre d’affaires, a augmenté de 27% entre 2019 et 2024 (+14 jours de chiffre d’affaires), celle des PME de 31% (+ 13 jours) et celle des ETI de 28% (+ 13 jours). La trésorerie est plus élevée en 2024 qu’avant la crise sanitaire dans tous les secteurs.
Malgré les bons niveaux de trésorerie observés dans les comptes des entreprises, les enquêtes de conjoncture de la Banque de France montrent que la perception qu’ont les chefs d’entreprise de leur situation de trésorerie est au contraire moins bonne qu’elle ne l’était avant la crise.
La capacité de remboursement des PME et ETI s’est légèrement dégradée en 2024.
Quelle que soit la taille considérée, la part des meilleures entreprises cotés à la Banque de France a diminué : de 65 en 2022 à 63% en 2024 pour les TPE, de 63 à 59% pour les PME et de 67 à 62% pour les ETI.
Toutes tailles confondues, et en prenant l’année 2019 comme point de référence (base 100), on observe une amélioration de la situation dans trois grands secteurs : le commerce, l’énergie, et les HCR, alors que la situation s’est dégradée dans les secteurs de l’industrie manufacturière et de l’immobilier et plus encore dans le transport et la construction.
La part des entreprises très fragiles a augmenté. Les entreprises les plus en difficulté, à savoir les cotes « 6 : menacée » à « 8 : fortement compromise » et donc les situations les plus critiques avant la cessation sont 7% des entreprises (notamment dans la construction et le transport). La remontée du nombre d’entreprises en difficulté reflète tout d’abord un effet de rattrapage de la politique de soutien du « quoi qu’il en coûte ».
L’hétérogénéité des situations individuelles est revenue à son niveau pré-Covid.
Les résultats moyens présentés dans cette étude sont susceptibles de masquer des situations individuelles diverses. Prenons l’exemple du chiffre d’affaires : alors que celui des PME (hors TPE) a augmenté de 1,3% en moyenne en 2024, il a baissé pour plus de 40% et 40% enregistraient une hausse de leur chiffre d’affaires.
Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/fr/actualites/la-situation-financiere-des-pme-et-des-eti-en-2024-face-des-perspectives-incertaines-des