En 30 ans, la France a gagné 9,4 millions d’habitants, une croissance qui s’est faite dans les grandes villes et leurs aires d’influence


« Trente ans de démographie des territoires : le rôle structurant du bassin parisien et des très grandes aires urbaines » Insee Première N°1483, janvier 2014

 Entre 1982 et 2011, la France a gagné 9,4 millions d’habitants (une croissance de 0,5% par an) ; 25 des 26 régions, 87 des 100 départements et 26 825 des 36 664 communes ont gagné de la population ; cette croissance s’est essentiellement faite dans les grandes villes et leurs aires d’influence.

 

Pop 2011

en millions

% dans pop totale

Evol annuelle moyenne 1982-2011

Evol annuelle moyenne 2006-2011

Nbre hab moyen en plus

Taux de croissance

% de la croissance totale

Nbre hab moyen en plus

Taux de croissance

% de la croissance totale

Aire urbaine de Paris

12, 293

19

65 800

0,58

20

67 300

0,56

19

Les 13 plus grandes agglo de province

13,291

20

96 800

0,82

30

89 800

0,69

26

Autres aires urbaines

29 508

45

123 300

0,45

38

116 100

0,40

33

Espaces multi polarisés

6 815

10

37 600

0,60

12

67 100

1,02

19

Espaces hors influence des zones urbaines

3 027

5

-800

-0,03

0

9 200

0,31

3

Ensemble

64 933

100

322 700

0,54

100

349 500

0,55

100

L’agglomération parisienne (412 communes, 10,5 millions d’habitants en 2011) a crû au cours des trente dernières années au même rythme que la moyenne nationale, accueillant près de 48 000 habitants en moyenne chaque année (jeunes adultes en formation et emplois de début de carrière) ; sa couronne périurbaine (rayon de 100 km autour de la capitale avec 1 386 communes) a connu un rythme de progression deux fois plus élevé (+ 1,2% par an). Ces deux espaces cumulés s’étendent sur 1 798 communes et concentrent 12,3 millions d’habitants (19% de la population du pays), contribuant pour 20% à la hausse de la population (66 000 nouveaux habitants en moyenne par an). 3 départements portent près de la moitié de cette croissance : Seine-et-Marne à l’Est (+15 500 habitants par an), Essonne au Sud et Val d’Oise au Nord (+ 8 000 habitants chacun par an).

Les 13 plus grandes aires urbaines de province abritent 20% de la population et expliquent 30% de sa hausse sur trente ans. Leur point commun est une croissance en périphérie ainsi que dans le centre de l’agglomération. Les cinq aires urbaines les plus dynamiques sont Toulouse, Nantes, Rennes, Montpellier et Bordeaux.

La croissance a également été forte dans le quart Sud-est à Toulon, Nice, Lyon et Grenoble, ainsi qu’à Strasbourg. Marseille-Aix, troisième aire urbaine du pays, est dans le rythme national et gagne près de 8 000 habitants chaque année. En revanche, Rouen et Lille ont une démographie moins dynamique.

Dans toutes ces grandes aires, les communes de la couronne périurbaine sont toujours plus dynamiques que l’agglomération elle-même. Les couronnes sont souvent très étendues : 30 km autour de Nantes, Rennes ou Montpellier, 50 km autour de Bordeaux, Toulouse ou Lyon.

 

En dehors de l’aire parisienne et de ces 13 grandes aires de province, seules quelques aires urbaines ont eu une croissance significative : certaines, aux franges ouest et sud du bassin parisien (Caen, Orléans, Tours) bénéficient du dynamisme de l’Île-de-France et de la « Seine aval ». Plus au Sud, Poitiers, Angers et La Rochelle sont aussi concernées.

Trois agglomérations se situent à proximité d’une frontière : Bayonne, Perpignan et, surtout, la partie française de l’aire genevoise.

Enfin Avignon, Nîmes, Chambéry et Annecy s’inscrivent dans le dynamisme global de leurs régions.

À l’inverse, certaines grandes agglomérations du nord de la France perdent des habitants sur trente ans : Douai-Lens,Valenciennes, Le Havre, Dunkerque pâtissent des restructurations industrielles. C’est aussi le cas de Saint-Étienne.

Dans beaucoup d’agglomérations, la population augmente globalement, mais la ville centre perd des habitants, souvent au profit de sa banlieue ou même de sa couronne périurbaine : c’est le cas de Clermont- Ferrand, Le Mans, Pau ou Limoges, mais aussi de Béziers, Tarbes, Périgueux ou La Rochelle.

Dans certaines agglomérations, la ville-centre souffre des défauts inhérents à la centralité (coût ou inadaptation du logement, manque d’espace vert, engorgement de la circulation) sans toujours bénéficier des mêmes attraits que les grandes métropoles en termes d’emplois qualifiés, de pôle universitaire ou d’offre culturelle.

 

Les petites et moyennes aires urbaines, qui concentrent moins de 10 000 emplois, ont dans l’ensemble une démographie peu dynamique : elles accueillent 10% de la population, mais expliquent 6 % de la hausse sur la période. Seule la moitié d’entre elles gagnent des habitants, contre 84 % des grandes aires urbaines. Dans les régions de Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Limousin, Auvergne, moins d’un quart de ces petites et moyennes aires gagnent de la population. En revanche, c’est le cas de trois aires sur quatre en Bretagne, Languedoc-Roussillon, Paca et Rhône-Alpes. Là encore, c’est la couronne périphérique qui bénéficie de la croissance.

 

Les communes rurales, dans leur ensemble, ne perdent pas de population depuis trente ans : elles n’en gagnent que quand elles sont situées à proximité d’une ville, et d’autant plus que cette ville est grande. Leur croissance est forte autour des grandes agglomérations, et surtout entre ces dernières (le long des axes routiers Paris-Tours, le long de la Garonne, entre Toulouse et Montpellier, sur toute la vallée du Rhône, et le long des littoraux).

 

En revanche, la plupart des territoires, souvent peu peuplés, qui sont éloignés de toute agglomération, perdent souvent de la population. Même dans des régions en croissance, comme la Bretagne ou le Sud-ouest, les communes situées à plus de 50 km d’un pôle urbain dynamique ne gagnent pas de population, voire en perdent. L’évolution est plus négative encore dans les régions en difficulté du nord-est ou du centre du pays.

 

En trente ans, les trois quarts de la hausse de la population s’expliquent par un solde naturel régulièrement très positif ; la dynamique des naissances est plus favorable dans le nord et l’est du pays, ainsi que dans la vallée du Rhône, et dans les très grandes villes, plus jeunes ; à l’inverse, le solde des naissances et des décès pèse négativement sur certains territoires ruraux du Sud-ouest, mais aussi de la Bretagne.

L’impact des migrations sur la croissance globale est moins fort ; il dessine clairement une opposition Nord-est/Sud-ouest. Seules quelques grandes villes en profitent directement : Montpellier, Toulouse, Bordeaux, la partie française de l’aire genevoise, Nice. Pour les autres agglomérations, les départs (plutôt de familles ou de retraités) sont aussi importants que les arrivées (notamment de jeunes actifs). Le solde migratoire est même très négatif pour l’aire urbaine parisienne ; de nombreuses personnes quittent les très grandes aires urbaines en deuxième partie de vie active ou au moment de la retraite, pesant ainsi sur le solde migratoire, mais favorisant également à terme l’excédent naturel des naissances sur les décès.