Source : enquête Conditions de travail et Risques psychosociaux 2016 ; cette enquête s’articule avec l’enquête Conditions de travail (CT) : tous les trois ans, en alternance, a lieu l’une ou l’autre de ces enquêtes. L’interrogation se fait en panel, chaque individu de l’échantillon étant interrogé trois fois de suite, soit sur une durée de neuf ans au minimum. Elle a été conduite auprès de 27 000 personnes âgées de 15 ans ou plus, par les enquêteurs de l’Insee munis d’un ordinateur portable au domicile des enquêtés.
Les difficultés rencontrées demeurent minoritaires dans la population des salariés et tiennent d’abord à des modalités particulières de travail.
⇒ Le contexte
« Approximativement, combien d’heures par semaine êtes-vous impliqué(e) dans les tâches domestiques (préparation des repas, courses d’alimentation, lessive, etc.) ? » À cette question, 72% des hommes et 44% des femmes à temps complet ont répondu « moins de 6 heures par semaine » ; 6,1% des hommes et 19,3 % des femmes à temps complet ont répondu « plus de 12 heures par semaine » ; cet écart entre hommes et femmes ne se réduit pas ou très peu, lorsque ceux-ci travaillent à temps partiel.
Par ailleurs, 40% des hommes déclarent travailler plus de 40 heures par semaine, contre 22% des femmes.
⇒ La question posée : « vos proches se plaignent-ils que vos horaires de travail vous rendent trop peu disponible pour eux ? »
Un peu plus d’hommes (14%) que de femmes (13%) répondent toujours ou souvent ; le travail à temps partiel, plus fréquent pour les femmes, contribue à diminuer ce reproche. Toutefois, en tenant compte des caractéristiques individuelles et de l’ensemble des conditions de travail dans une analyse « toutes choses égales par ailleurs », la probabilité de recevoir des reproches de l’entourage est environ 20% plus élevée pour les femmes que pour les hommes.
Par ailleurs, 18% des femmes et 19% des hommes estiment que leurs horaires de travail ne s’accordent pas avec leurs engagements sociaux et familiaux en dehors de leur travail. Les hommes et les femmes qui estiment vivre un bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale déclarent avoir peu de reproches de la part de leur entourage ; en revanche, ceux qui ne connaissent pas cet équilibre reçoivent des reproches (les femmes, 38% et les hommes 44%).
⇒ Plusieurs situations amplifient les reproches :
– Faire des heures supplémentaires : 27% contre 8% des salariés qui effectuent rarement ou jamais d’heures supplémentaires
– Le travail de nuit : 25% contre 11% pour les salariés qui ne travaillent pas de nuit ; les horaires de travail variables ou imprévisibles rendent également plus difficile l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle.
– l’intensité du travail et la charge mentale élevées : 21% des femmes et des hommes qui déclarent devoir toujours » ou «souvent» se dépêcher dans leur travail, font état de difficultés avec leurs proches, contre 7% des salariés qui ne sont pas dans ce cas ; de la même façon, avoir une quantité de travail excessive augmente les difficultés avec l’entourage (24% des hommes, 20% des femmes dans ce cas). 26% des hommes et 21% des femmes qui continuent à penser à leur travail hors du lieu de travail, contre respectivement 7% des hommes et des femmes qui ne sont pas dans ce cas.
– les trajets quotidiens dépassant une heure : 20% rapportent des reproches de leur entourage, contre 12% pour ceux qui ont moins de 15 minutes.
-Le fait de cumuler plusieurs emplois : 19% des hommes déclarent des difficultés avec leur entourage, alors que les femmes pluriactives sont seulement 12%.
– Les difficultés sont également plus fréquentes lorsque le conjoint est inactif (19% des hommes et 15% des femmes dans cette situation) contre respectivement 14% et 13% pour les salariés dont le conjoint est également actif.
– Les cadres sont plus nombreux que les autres salariés à rapporter des difficultés avec leurs proches : 18% des cadres hommes et 17% des cadres femmes contre 13% des ouvriers.
– Le fait des enfants au foyer : 16% des personnes vivant en couple avec des enfants de moins de 18 ans contre 12% des personnes en couple avec des enfants de plus de 18 ans ou sans enfant reçoivent des reproches.
– Le fait d’un travail à temps plein : 14% contre 9 pour les salariés à temps partiel ; noter que 23% des femmes à temps partiel et ayant au moins un enfant de moins de 18 ans à charge répondent « pour s’occuper de leurs enfants ».
⇒ Ce qui aide
Le fait de pouvoir être aidé par ses collègues et/ou ses supérieurs hiérarchiques améliorent l’équilibre vie professionnelle-vie privée, de façon plus marquée pour les hommes (9% des hommes ayant un score élevé de soutien social contre 26% des hommes ayant un faible score de soutien social).
De la même façon, le fait de disposer de marges de manœuvre dans leur travail : 9% des femmes et 11% des hommes qui déclarent pouvoir s’absenter facilement quelques heures en cas d’imprévu personnel rapportent moins de difficultés avec leur entourage, contre 20% pour les salariés n’ayant pas cette possibilité.
Les salariés qui déclarent recevoir des reproches de leur entourage signalent plus souvent une santé perçue comme « altérée » : 41% des femmes et 29% des hommes sont dans ce cas contre respectivement 28% et 19% de ceux qui n’ont pas de reproches de leur entourage. Ces difficultés avec les proches ont également un lien avec le sommeil (43% des femmes et 31% des hommes, contre 29% des femmes et 19% des hommes qui n’ont pas de difficultés avec leurs proches)
18% des personnes évoquant des difficultés de conciliation enregistrent un score de bien-être psychologique faible et présentent un risque de syndrome dépressif, contre 9% de ceux qui n’évoquent pas de difficultés de conciliation ; le syndrome dépressif est multiplié par 2 pour les femmes ayant des reproches de leurs proches par rapport à celles qui n’en ont pas.
Noter que les chefs d’entreprise rencontrent davantage de difficultés d’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale; il travaille davantage en termes d”heures, ; malgré cette situation, ils assument aussi bien plus cette situation.
Pour en savoir davantage : https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_analyses_conciliation_vie_familiale_vie_professionnelle.pdf