conjoncture des entreprises : attentisme et fragilité.


"Trésorerie, investissements, et croissance des TPE/PME", Bpifrce, Rexecode, septembre 2025

Méthodologie : Interrogation par voie numérique de 4 058 dirigeants de PME/TPE (de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de,50 M€ de chiffre d’affaires) du 21 août au 3 septembre 2025. L’analyse porte sur les 1 222 premières réponses jugées complètes et fiables reçues. Les réponses ont été redressées par taille d’effectif et secteur d’activité.

 

Les recrutements sont plus faciles et l’accès au crédit favorable; autant d’éléments positifs pour une éventuelle reprise.

⇒ Incertitude politique et freins à la croissance.

♦ Focus sur l’incertitude politique :  57% des PME et TPE interrogées redoutent qu’elle ait un impact négatif « fort » sur leur activité ; ils étaient 61% au 1er trimestre2025, mais 51% au 3éme trimestre 2024.

L’annonce le 25 août de la tenue d’un vote de confiance début septembre semble avoir renforcé l’inquiétude des dirigeants. Les dirigeants ayant répondu après cette date sont plus nombreux à craindre un impact négatif fort de l’incertitude politique sur leur activité (67% contre 50 des dirigeants ayant répondu entre le 21 et le 25 août). En cohérence, ils sont également plus nombreux à prévoir de reporter voire annuler leurs projets d’embauche et ou d’investissement.

 

♦  Les freins à la croissance.

– L’insuffisance de la demande demeure, de loin, le principal frein à la croissance (61%, dont 23% actuel et 55% à venir), toutefois en légère baisse au regard du 2éme trimestre (-3 points), mais supérieure un an plus tôt (55%). Le niveau de concurrence (33%, +2 points sur un an) est jugé plutôt stable et le manque de débouchés jugé modeste (23%)

– Les difficultés de recrutement (38%) sont relativement stables, bien moins contraignantes qu’il y a un an. 

– Les prix et les coûts sont élevés pour 22% ainsi que la réglementation spécifique à leur activité (20%).

– Le financement : l’accès au financement est de moins en moins cité comme frein à la croissance (7%, -3 points sur un an), alors que le manque de fonds propres est davantage cité (13%).

Les difficultés d’approvisionnement (y compris hausse de prix/coûts) sont stables. 40% déclarent y faire face, une proportion globalement stable depuis le début de l’année. 6% jugent que ces difficultés affectent fortement leur activité, une proportion globalement stable depuis mi-2023. 57% n’y sont pas confrontés ou ne sont pas concernés.

1/3 des dirigeants rapportent avoir été contraints de restreindre leur activité, une proportion stable depuis 2019.

⇒ Le recrutement.

♦ Les besoins de recrutement sont moins élevés qu’au cours des dernières années : 31% disent ne pas avoir cherché à recruter au cours des 12 derniers mois, vs 22% en moyenne par rapport aux interrogations de 2018,  2019, 2021et 2023.

 

♦  Les difficultés de recrutement apparaissent comme le 2ème frein le plus cité, mais sont bien moins contraignantes qu’un an auparavant (49%, vs en 2021 et 2023, 40) ; pour 30% ces difficultés ont répercussion sur le recrutement actuel vs 28% en 2021 et 2023. 

Les principales difficultés pour recruter sont le manque de candidats potentiels : l’absence pure et simple de candidats pour le poste proposé (58%), le décalage entre le niveau de qualification demandé et celui des candidats (58%), la faible adaptabilité perçue des candidats à l’entreprise (42%, en hausse), ou le manque d’expérience (36%). 

Par contre d’autres difficultés viennent de l’entreprise :  en 1er lieu les attentes du candidat pour le salaire demandé (28%, en hausse), et d’autres attentes spécifiques du candidat (18%), les perspectives de carrière (5%), et par ailleurs de ce qu’est l’entreprise ; implantation géographique (13%), organisation (13%), notoriété (5%).

 

♦ Pour faire face à ces difficultés, les dirigeants ont modifié leurs modes de recrutement (35%, en forte baisse depuis 2019), et revu à la baisse leurs attentes en termes de qualification, beaucoup plus que par le passé (33% contre 22% en 2023 et 20% en 2019). 23% ont mis en place des avantages monétaires (augmentation de salaire, versement de primes) pour fidéliser la main d’œuvre en place et 23% ont réévalué à la hausse les salaires des postes à pourvoir.
22% déclarent avoir demandé à leurs salariés de diversifier leurs missions (vs 15% précédemment) ; 16% ont augmenté le nombre d’heures de travail. 15% ont entrepris des actions de formation.
35% contournent ces difficultés en recourant davantage à l’intérim (20%) et/ou en externalisant certaines tâches à des sous-traitants (19%).

⇒ Les investissements.

Les intentions d’investissement se stabilisent ce trimestre, avec 45% de dirigeants prévoyant d’investir en 2025.

36% prévoient de réduire le budget dédié (+5 points sur le trimestre) tandis que 18% envisagent de l’augmenter.

 

Les dépenses d’investissement restent majoritairement consacrées au renouvellement (75%) et à la modernisation des équipements (65%).

33% envisagent d’investir pour introduire de nouveaux produits ou services, 27% pour accroitre la capacité de production et 17% pour une nouvelle implantation. 

Pat ailleurs, 31% envisagent des investissements pour l’environnement et 29% pour la mise aux normes.

⇒ Le financement.

♦ La trésorerie. L’indicateur d’évolution récente de la trésorerie continue de s’améliorer, tout en restant encore largement sous sa moyenne historique. 1/3 déclarent une dégradation de leur trésorerie au cours des 3 derniers mois et 9% une amélioration, des proportions relativement stables depuis maintenant 3 ans.

Malgré cette amélioration, le jugement moyen sur la trésorerie se détériore légèrement, alors que les dirigeants se montrent un peu plus confiants pour les prochains mois.

Les dirigeants font part d’une nette hausse des délais de paiement de leurs clients depuis mai dernier, alors que les délais de paiement des fournisseurs sont stables. 

 

♦ Le financement de l’exploitation courante.

63% ont eu recours au crédit, une proportion en légère baisse sur le trimestre et sur un an, et sensiblement inférieure à sa moyenne de longue période(69% sur la période 2018-2024).

19% déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès, une proportion stable sur le trimestre, légèrement supérieure à celle observées sur longue période (17% sur 2018-2024).

 

♦ L’accès au crédit d’investissement.

72% des dirigeants ayant l’intention d’investir au cours de l’année 2025 auraient recours au crédit (en légère baisse sur un an, et bien inférieure à sa moyenne pré-Covid, 82%).

Parmi eux, 13% signalent des difficultés, une proportion en nette baisse depuis le début de l’année, et désormais inférieure à sa moyenne de long terme 17%). Il s’agit même du plus bas niveau relevé depuis la 1ére vague de l’enquête en 2018.

 

Pour en savoir davantage :  https://www.rexecode.fr/conjoncture-previsions/enquetes-de-conjoncture/enquete-tresorerie-investissement-et-croissance-des-pme/pme-tpe-des-signes-d-eclaircie-sur-la-tresorerie-et-l-investissement-mais-l-incertitude-politique-assombrit-les-perspectives-d-activite