Définition : les pôles commerçants de centre-ville sont caractérisés par une concentration géographique importante de points de vente dans un espace restreint, regroupant au moins 100 boutiques, distantes de 50 mètres en moyenne les unes des autres.
Plus de 300 pôles commerçants de centre-ville sont délimités dans les 250 aires urbaines de plus 20 000 habitants de France métropolitaine; seules 3% des aires urbaines sont dépourvues de pôles commerçants tandis que 13% en comptent plusieurs.
Dans la région parisienne, très dense en boutiques, le pôle commerçant intègre non seulement toute la ville de Paris mais aussi plusieurs communes de banlieue; par ailleurs, 2/3 des aires urbaines comptent moins de 20 000 habitants et ne représentent que 6% de la population, alors que les aires urbaines de plus de 20 000 habitants, hors aire urbaine de Paris, regroupent 59% de la population; elles constituent donc le centre de l’étude.
1/3 des établissements et 1/4 de l’emploi salarié du commerce sont localisés dans des pôles de centre-ville. La taille des magasins y est plus réduite que dans le reste des aires urbaines; les établissements employeurs y ont 4,3 salariés en moyenne contre 6,8 salariés hors centre-ville, du fait d’une surreprésentation des non-salariés dans les pôles commerçants de centre-ville (30% des non-salariés y exercent). La part des salariés du commerce qui travaillent en centre-ville est très variable : pour 1/4 des aires urbaines, elle est inférieure à 19% et pour un autre quart, supérieure à 27%; elle est plus élevée pour les aires urbaines de petite taille (entre 20 000 et 50 000 habitants), et les plus grandes (500 000 habitants et plus).
Les commerces accessibles à pied pour une majorité d’urbains, liés aux achats ordinaires sont rarement surreprésentés en centre-ville, au contraire des commerces liés à des achats culturels ou de loisirs et nécessitant peu d’espace; citons les agences de voyage, les agences immobilières et les débits de boissons et encore les magasins de TIC et d’équipement de la personne (habillement, chaussures, maroquinerie, bijouterie et parfumerie) avec la moitié des emplois de ces secteurs; en outre, plus des 2/3 des grands magasins, des magasins multi commerces (culture, librairies) sont situés au cœur des agglomérations;
à l’inverse, les centres-villes rassemblent moins d’un quart de l’emploi des boulangeries-pâtisseries, des boucheries-charcuteries, ou encore des pharmacies; les grandes surfaces alimentaires, les commerces d’équipement de la maison (meubles, électroménager, bricolage, etc.), de sport et de jouets et les garages automobiles sont peu fréquents dans le cœur des villes.
Les pôles commerçants de centre-ville sont densément peuplés ( 8 700 habitants par km2 en moyenne, contre 630 pour les pôles urbains des aires de plus de 20 000 habitants et 21 000 habitants par km2 pour Paris); néanmoins, seuls 7% de la population des aires urbaines résident dans les pôles commerçants de centre-ville. Le niveau de vie de la population des pôles commerçants de centre-ville est inférieur à la moyenne (la part des ménages pauvres est de 28% contre 20 dans l’ensemble des aires urbaines de plus de 20 000 habitants hors Paris); les résultats sont plus nuancés en termes de revenu annuel par unité de consommation (18 330€ contre 18 900).
Ces pôles concentrent un grand nombre de services publics et d’équipements (les 3/4 des tribunaux, la moitié des cinémas, 40% des salles de théâtre, 1/3 des médecins spécialistes) sont situés en centre-ville, en revanche, les équipements nécessitant beaucoup d’espace (hôpitaux, établissements scolaires, bureaux de poste) y sont moins concentrés.
L’emploi salarié progresse dans les aires urbaines de plus de 500 000 habitants hors Paris (+ 5%), tandis qu’il diminue dans les aires urbaines plus petites, la baisse la plus forte concernant les aires urbaines de taille moyenne (de 50 000 à 199 000 habitants); par contre, le commerce est beaucoup plus dynamique hors des centres-villes, tant en termes de nombre de magasins que d’emploi salarié (respectivement + 12% et + 14%).
La part des salariés du commerce qui travaillent en centre-ville recule de plus 4 points dans la moitié des villes. Il a diminué dans 85% des aires urbaines de 20 000 à 200 000 habitants, contre 73% des aires urbaines de 200 000 à 500 000 habitants et seulement de 31% dans les plus de 500 000 habitants (toujours hors Paris).
Le commerce alimentaire pèse 11% des points de vente et 14% de l’emploi salarié contre 32% dans le reste des aires urbaines; les magasins spécialisés sont les plus nombreux (40%des magasins), mais emploient moins de 20% des salariés; le reste des points de vente est composé pour 1/4 de boulangeries-pâtisseries, et presque à même hauteur, de boucheries-charcuteries et de petites surfaces alimentaires: les grandes surfaces alimentaires ne représentent que 4% des magasins alimentaires en centre-ville mais occupent cependant 32% de leurs effectifs salariés.
Entre 2004 et 2014, la progression modérée du nombre de salariés des commerces alimentaires en centre-ville (4%) masque deux mouvements contraires : la baisse de l’emploi est importante en centre-ville dans les boucheries-charcuteries, les boulangeries-pâtisseries, les primeurs et les poissonneries, mais elle est plus que compensée par la croissance du nombre de salariés dans les commerces de boissons, de confiserie-chocolaterie, ainsi que les grandes et petites surfaces alimentaires, en lien notamment avec le développement des magasins de produits biologiques.
Hors centres-villes, l’emploi du commerce alimentaire est encore plus dynamique, en particulier dans l’alimentaire spécialisé.
Le commerce de détail non alimentaire représente 40% des magasins et 1/3 de l’emploi salarié des centres-villes; les magasins d’habillement et de chaussures constituent 16% des commerces; entre 2004 et 2014, l’emploi dans les commerces de TIC augmente légèrement tout comme dans les magasins d’optique, les parfumeries, et fortement pour les commerces d’articles médicaux, mails il a progressé plus vivement dans le reste des aires urbaines; plus généralement, dans tous les secteurs du commerce non alimentaire, l’activité se déplace vers la périphérie.
Les services emploient la moitié des salariés des pôles commerçants de centre-ville (1/4 dans le reste des aires urbaines); parmi eux, les restaurants traditionnels emploient la part la plus importante des salariés des services travaillant en centre-ville, suivis de près par les agences bancaires, les salons de coiffure et établissements de soins de beauté.
L’emploi salarié dans la restauration, tant traditionnelle que rapide, s’est fortement développé au cours des 10 dernières années, en centre-ville et encore davantage dans le reste des aires urbaines; bien que de moindre ampleur, l’évolution est similaire pour les agences bancaires; à l’inverse, l’emploi s’est fortement replié au cœur des villes dans les pressings, les services de réparation, les agences de voyage, et dans une moindre mesure la coiffure et les soins de beauté, alors que l’évolution est moins défavorable, voire positive, dans les autres espaces des aires urbaines; en revanche, au sein des services de proximité, la part des salariés des débits de boissons travaillant en centre-ville progresse sur la période.
En raisonnant « toutes choses égales par ailleurs », plusieurs caractéristiques urbaines se distinguent pour expliquer le déclin ou le développement des commerces du centre-ville : le commerce de centre-ville semble légèrement plus développé dans les quarts nord-est et sud-est du pays, tout comme dans les aires urbaines de taille moyenne, dont la population est comprise entre 50 000 et 200 000 habitants; par ailleurs, le patrimoine architectural, le tourisme (nombre de chambres d’hôtel par habitant) et le niveau de vie de la population, la présence de tramway contribuent à accroître le poids du commerce en centre-ville; le taux de chômage apparaît comme un facteur secondaire, alors que la croissance démographique et l’étalement urbain de la population ont plutôt favorisé le développement du commerce en périphérie au détriment du centre-ville.