Méthodologie : l’étude porte sur les unités dont l’activité principale est la vente au détail en magasin spécialisé d’habillement ou de chaussures. L’activité principale est définie à l’échelle des unités légales, c’est-à-dire des sociétés ou entreprises individuelles, qui peuvent chacune détenir plusieurs établissements.
L’analyse de l’activité s’appuie principalement sur les indices de chiffre d’affaires et indices de volume des ventes dans le commerce (base 2021).
Le Système d’Information sur la Démographie d’Entreprises (SIDE) a permis d’étudier l’évolution du nombre de magasins ainsi que celle des créations d’unités légales.
Les données relatives à la rentabilité économique sont issues de l’Élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Ésane).
Les changements des modes de consommation tels la vente en ligne, le primat aux tenues de sport remplaçant les tenues plus habituelles, se sont développés pendant le covid, avec le développement du télétravail ; ajoutons la hausse de l’inflation.
En 2023, le chiffre d’affaires du secteur du commerce de détail d’habillement-chaussures en magasin spécialisé s’établit à 39Md€ (34Md€ pour les magasins d’habillement et 5Md€ pour les magasins de chaussures). Il représente 6,6% du chiffre d’affaires de l’ensemble du commerce de détail (il ne comprend pas les ventes de vêtements et de chaussures des spécialistes de la vente en ligne, ni celles des magasins d’articles de sport).
⇒ L’évolution du chiffre d’affaires.
La crise sanitaire a durement touché ces magasins : en 2020, le volume des ventes a reculé de 22,6% dans l’habillement et de 19,8% dans la chaussure alors qu’il n’a diminué que de 2,5% dans l’ensemble du commerce de détail, et de 6,1% dans les magasins spécialisés d’articles de sport.
En 2023, le volume des ventes retrouve son niveau d’avant-crise dans l’habillement (+0% par rapport à 2019) et le dépasse dans la chaussure (+5,3%) mais moins que dans l’ensemble du commerce de détail (+7,8%), et en particulier que dans le commerce d’articles de sport (+15,8%). Cette faible hausse du volume des ventes (+0,7% pour l’ensemble habillement-chaussures) intervient dans un contexte d’inflation pour ces articles (+5% et +4,9% sur la période 2019-2023, vs +12,7% dans l’ensemble de l’économie).
Dans l’habillement, le décrochage a eu lieu en 2011 : en 2010, la croissance du chiffre d’affaires dans ce secteur était légèrement supérieure à celle de l’ensemble du commerce de détail (+3,5% contre +3,4%), alors qu’en 2011 l’évolution est moins favorable (+2,7% contre +3,5%). En moyenne, entre 2011 et 2019, le chiffre d’affaires a diminué de 0,1% par an alors qu’il a augmenté de 2,6% dans l’ensemble du commerce de détail.
Dans la chaussure, 2013 marque le début du décrochage : alors qu’en 2012, le chiffre d’affaires de ce secteur augmentait plus fortement que dans l’ensemble du commerce de détail (+3,2% contre +1,8%), en 2013, c’est la stabilité (+0% contre +1,7% pour l’ensemble du commerce de détail).
En moyenne annuelle sur 2013-2019, le chiffre d’affaires habillement-chaussures en volume diminue de 0,6% tandis qu’il augmente dans l’ensemble du commerce de détail (+2,8%). À l’opposé, entre 2009 et 2019, le chiffre d’affaires des magasins d’articles de sport augmente plus fortement que dans l’ensemble du commerce de détail (+3,8% contre +2,7% en moyenne annuelle).
⇒ Pourquoi ces baisses ?
♦ Cette différence de dynamique entre les magasins d’habillement et de chaussures et les magasins d’articles de sport s’explique en partie par un report de consommation d’habillement et de chaussures de ville vers de l’habillement et des chaussures de sport. La consommation en volume de vêtements de sport a très fortement progressé (+58,6% sur 2012-2023) tandis que la consommation d’articles d’habillement hors sport a reculé (-11,6%).
♦ La part de marché des spécialistes de la vente en ligne augmente (elle passe de 7% en 2014 à 10% en 2019) et contribue au décrochage des ventes des détaillants en magasins d’habillement et de chaussures. Ces derniers propose une offre de produits plus diversifiée et une commodité d’achat grâce notamment à des politiques de retour flexibles.
♦ Enfin, l’intérêt pour la seconde main entre particuliers participerait aussi à ce décrochage
⇒ Les conséquences de ces baisses pour l’emploi et le nombre de magasin.
♦ Sur la période 2011-2022, l’emploi dans ces magasins de détail diminue de 5,9% en EQPT, alors qu’il augmente de 9,6% dans l’ensemble du commerce de détail, et de 6,6% pour les magasins d’articles de sport. Avant la crise sanitaire, l’emploi des magasins d’habillement-chaussures augmentait mais dans une moindre mesure que l’ensemble du commerce de détail (+5,2% contre +8,3%, entre 2011 et 2019). La crise sanitaire marque un coup d’arrêt, l’emploi reculant fortement sur la période 2019-2022 (‑10%), alors qu’il augmente dans les magasins d’articles de sport (+3,7%), et dans l’ensemble du commerce de détail (+1,2%).
♦ Le nombre de magasins diminue : entre 2014 et 2021, le nombre d’établissements diminue de 17,9% dans la vente d’habillement, et de 26,4% dans celle des chaussures, alors que le repli est plus faible dans le commerce d’articles de sport (‑8,3%) et dans l’ensemble du commerce de détail (‑5,5%).
Entre 2014 et 2021, les créations d’entreprises diminuent de 33,8% dans l’habillement et de 46,1% dans la chaussure alors qu’elles augmentent de 21,9% dans l’ensemble du commerce de détail.
En 2022, la concentration est plus forte au sein du commerce de détail de l’habillement- chaussures qu’au sein de l’ensemble du commerce de détail (1% des unités légales concentrent 72% du chiffre d’affaires, contre 62% dans l’ensemble du commerce de détail et 49% dans le commerce de détail d’articles de sport ).
La crise sanitaire a plus fortement pénalisé les grandes entreprises du secteur : en 2022, les magasins appartenant à une grande entreprise réalisent 17% du chiffre d’affaires de l’habillement-chaussures, contre 48% pour les magasins des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et 35% pour ceux des petites et moyennes entreprises (PME).
Les magasins des grandes entreprises ont vu leur poids fortement diminuer en 2020 (‑13,2 points, contre +11,5 points pour les ETI), vraisemblablement lié aux mesures ponctuelles interdisant l’accueil du public dans les magasins de vente et centres commerciaux de surface supérieure ou égale à 20 000 mètres carrés.
En sortie de crise, le poids des grandes entreprises augmente mais reste encore inférieur à celui d’avant-crise (‑7,6 points entre 2019 et 2022).
Par ailleurs, dans le commerce de détail dans son ensemble, la part des magasins des grandes entreprises recule au profit de ceux des ETI depuis la crise sanitaire, mais de façon beaucoup plus modeste (‑3,3 points entre 2019 et 2022 pour les magasins des grandes entreprises, contre +2,3 points pour ceux des ETI). Le poids des magasins d’articles de sport des grandes entreprises baisse aussi sur cette période (‑0,6 point), mais son recul profite aux magasins des entreprises de taille intermédiaire (+3,0 points) et pas du tout aux magasins des PME (‑2,3 points).
⇒ La rentabilité économique se dégrade.
En 2022, le taux de rentabilité économique des magasins d’habillement (15,4%) et celui des magasins de chaussures (10,4%) se situent en deçà de celui du commerce de détail (22,4%) alors que celui des magasins de sport se place au-dessus (25,5%).
Entre 2011 et 2016, la rentabilité économique a diminué de 12,4 points dans l’habillement et de 31,2 points dans la chaussure, plus que dans l’ensemble du commerce de détail (‑10,7 points).
Entre 2016 et 2019, la tendance s’est améliorée, la rentabilité économique ne diminuant que de 1 point dans l’habillement et augmentait dans la chaussure, de 2,6 points.
En 2020, la crise sanitaire a eu un impact particulièrement défavorable : la rentabilité économique du commerce de détail de l’habillement perd 7,7 points par rapport à 2019 et celle de la chaussure 8,6 points, alors que celle du commerce de détail a progressé de 2,8 points.
Le niveau de rentabilité de ce secteur est toutefois supérieur en 2022 à celui d’avant la crise (+5,8 points dans l’habillement par rapport à 2019 et +2,8 points dans la chaussure) ; elle est même supérieure à celle de l’ensemble du commerce de détail (+2 points) mais inférieure à celle du commerce de détail d’articles de sport (+6 points).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8258346