83% des entreprises industrielles vendent des services.


"Panorama de la France « hyperindustrielle » : promouvoir un nouveau regard sur l’industrie française", AdCF, notes N°7, octobre 2020

Les profondes mutations connues par l’industrie rendent assez caduques certaines méthodes d’analyse, notamment l’évaluation de son poids et ses dynamiques via le seul indicateur des effectifs employés dans l’industrie manufacturière. L’évolution des process industriels (automatisation, externalisation…), la culture de plus en plus « servicielle » de l’industrie, son inscription croissante dans des chaînes de valeur qui combinent de nombreuses fonctionnalités (matériaux, recherche, design, transformation, commercialisation…) remettent profondément en cause l’approche traditionnelle. Il s’agit donc de mieux l’appréhender, via la notion d’« hyper-industrie », rendant compte d’une hybridation de plus en plus forte entre industrie et services.

Cette étude ne nous explique toutefois comment précisément l’on passe de l’emploi industriel à l’emploi hyper-industriel. Voir l’étude de Pierre Veltz “La société hyper-industrielle”.

 

Si l’on prend en compte les activités de services associées à l’emploi industriel, ce sont 5 millions, contre 3 millions pour l’industrie, et une hausse des effectifs (7,3%) versus une baisse de 13,6% pour l’industrie entre 2008 et 2016.

 

⇒ L’emploi industriel tels que recensé actuellement

L’industrie au sens traditionnel concentrait plus de 3,1 millions d’emplois salariés en 2008 (17,4% de l’emploi salarié privé total); en 2016, ils ne sont plus que 2,7 millions (15% de l’emploi salarié). Avec la « Grande récession », 423 000 emplois industriels ont disparu (baisse de 13,6%) tandis que l’emploi total progressait légèrement (+ 0,2%).

 

Le poids de l’industrie est plus élevè dans les intercommunalités au nombre d’habitants plus modeste  :  il est très élevé dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants (entre 20 et 25,5% de l’emploi du secteur privé), il chute pour celles comprises entre 100 000 et 500 000 habitants (15,9 et 13,1%) et s’effondre pour les métropoles de plus de 500 000 habitants (7,7%).

Toutefois, les plus grandes intercommunalités pèsent en valeur absolue 19% de l’emploi industriel français pour celles de 200 000 à 500 000 habitants et 16,6% pour celles de plus de 500 000 habitants, mais tout de même 24% pour les 20 000 à 50 000 habitants, alors que cet emploi chez les moins de 20 000 habitants ne regroupe que 9% des emplois industriels.

Entre 2008 et 2016, les plus intensément impactées demeurent les intercommunalités de moins de 20 000 habitants (- 16,4%), toutefois assez proches des autres tailles (entre 12,6 et 15,3%), hors les plus de 500 000 habitants avec -10,6%.

 

La désindustrialisation dépasse les clivages d’intercommunalités. Elle n’est pas une fatalité pour les territoires ruraux ; parmi les 30 intercommunalités ayant enregistré les progressions les plus rapides de leurs effectifs salariés industriels, on retrouve des communautés de communes, dont nombre de taille modeste, mais aussi des métropoles comme Toulouse et Toulon ; alors que nombre de métropoles connaissent des baisses : les métropoles de Rennes (-5 500 emplois ; -26%), Metz (-1 500 emplois ; -24,9%), Orléans (-3 780 emplois) ou Dijon (-3 250 emplois ; -23,4%), ou du Grand Paris (-32 440 emplois ; -15,4%) et de Lyon (-10 349 emplois ; -14,1%).

 

Très peu de territoires ont vu leur industrie résister à la « Grande récession ». Seules 251 intercommunalités ont enregistré une progression (ou a minima une stagnation), se localisant de manière relativement éparse sur le territoire national, plus souvent fréquente dans la partie méridionale du pays (globalement en-deçà d’un axe Bordeaux-Genève). Noter qu’en région Grand Est et Hauts-de-France, seules respectivement 14 (sur 149) et 3 (sur 91) intercommunalités ont enregistré une dynamique positive.

⇒ Les emplois hyper-industriels

83% des entreprises industrielles vendent des services et même 26% d’entre elles ne vendent que du service.

 

Alors qu’ils ne représentent que 15,8% de l’emploi toutes activités dans les communautés de moins de 20000 habitants, les secteurs hyper-industriels concentrent 36,3 % de l’emploi dans les métropoles de plus de 500000 habitants. En valeur absolue, les métropoles de plus de 500 000 habitants concentrent plus de 40% des effectifs hyper-industriels français contre seulement 3% pour les communautés de moins de 20 000 habitants.

La « Grande récession » a été beaucoup moins douloureuse pour les secteurs d’activité hyper-industriels que pour les secteurs industriels traditionnels. Avec presque 350 000 emplois salariés supplémentaires entre 2008 et 2016, l’hyper-industrie a cru dans un contexte macro-économique largement défavorable Son dynamisme a permis de compenser à hauteur de 80% les pertes enregistrées par le secteur industriel. La strate des intercommunalités de moins de 20 000 habitants a été la seule à enregistrer une réduction de ses effectifs hyper-industriels.

 

Pour en savoir davantage : https://www.adcf.org/files/LES_NOTES-de-l_AdCF/AdCF-Note207-WEB-EP5.pdf