Méthodologie : la défaillance d’entreprise correspond à l’ouverture d’une procédure de sauvegarde, redressement judiciaire ou liquidation judiciaire directe auprès d’un Tribunal Judiciaire (Ex Tribunal de Grande Instance ou Tribunal d’Instance), et ne recouvre ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation).
Les statistiques comptabilisent l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro siren (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations), ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure ; elles comprennent aussi près de 4 000 annonces non sirénées par an, pour lesquelles un traitement spécifique manuel d’identification du siren est réalisé, permettant d’affecter un numéro de siren sur plus de la moitié des annonces.
Altares collecte l’ensemble des jugements auprès des greffes des Tribunaux de Commerce de métropole et d’outre-mer. Altares est également licencié officiel du B.O.D.A.C.C. (Bulletin Officiel d’Annonces Civiles et Commerciales) depuis 1987.
Si la tendance du 1er trimestre 2021 reconduit celles des 3 derniers trimestres 2020, avec nettement moins de défaillances et une progression relative du nombre de liquidations judiciaires, l’évolution de la 2éme quinzaine de mars laisse entendre qu’il faut demeurer attentif à de possibles changements.
⇒ Une approche globale des défaillances au 1er trimestre 2011
Les défaillances du 1er trimestre 2021 sont en baisse de 32% au regard du 1er trimestre 2020, mais de 51% au regard de la moyenne des 1ers trimestres de 2017 à 2019 (à la fois du fait d’une tendance à la baisse des défaillances au fil du temps et aussi parce que l’arrêt des tribunaux était amorcé). Le nombre d’emplois menacés diminue de 13,2% au regard de 2020 et de 39% au regard de la moyenne 2017-2019, avec 29 940 emplois menacés en 2021. Cette situation est due à la focalisation sur les liquidations judiciaires, bien plus le fait des plus petites entreprises.
“Les mois de janvier (-35%) et février (-45%) démontrent une baisse très importante du nombre de procédures ouvertes, alors que le mois de mars (-13 %) amorce un changement de rythme. Si la première quinzaine du mois s’inscrivait dans la même tendance que février (-48%), la seconde présente une augmentation impressionnante de 155 % par rapport à la même période en 2020. Une tendance d’autant plus marquée du côté des liquidations judiciaires directes (+211%).” extraits de la note Altares.
⇒ Les défaillances selon le type de procédure
Les liquidations judiciaires progressent en proportion, passant de 69% (aux 1ers trimestres 2020 et 2017-2019) à 77,5%, alors que mathématiquement les redressements diminuent passant de 29 à 20% en T1 2021.
Ceci étant le nombre de liquidations judiciaires ont nettement chuté en 2021 (-24% au regard de T1 2020 et -44% au regard de la moyenne 2017-2019), le nombre de redressements baissant plus encore respectivement (-51 et -66%).
Je ne traiterais pas dans les analyses suivantes des sauvegardes, parce qu’en très petit nombre (170), elles aussi en baisse (respectivement -26,7 et -43,3%).
⇒ Les défaillances selon les tranches d’effectif
S’il y a proximité fréquente entre les tailles pour l’ensemble des défaillances, la tranche des 6-9 salariés se détache avec une plus forte baisse (-46,1% vs -31 à -35% pour les autres). Mais cette forte baisse est le fait des liquidations (-43%), alors que celles-ci sont en faible baisse pour les 10 salariés et au-delà (-12 et -4%). A contrario, les redressements sont en proportion en nette baisse quelque soit la taille (entre 50 et 53%).
⇒ Les défaillances selon l’ancienneté de l’entreprise
Les baisses les plus importantes profitent aux entreprise les plus jeunes, et qui ne sont que 10% des défaillances : -46% pour les moins de 3 ans en ce qui concerne le flux global de leur défaillances, vs-27 à -34 pour les autres anciennetés ; cette baisse l’est tant dans les liquidations (-38% vs -19 à -28) que dans les redressements (-70% vs -43 à -57). Les baisses ont tendance à diminuer à partir d’une ancienneté de 6 ans et plus.
Pour toutes et notamment les plus jeunes, on doit y voir l’effet des aides gouvernementales.
⇒ Les défaillances selon les activités
Ce qui est frappant, c’est la forte baisse des activités les plus touchées par la fermeture administrative et en contrepartie l’apport des aides gouvernementales ; noter aussi que de sont des activités où les investissements sont conséquents : Les HCR et les commerces de détail connaissent les plus fortes baisses (entre 43 et 53%), alors qu’elles sont en 2019 et 2020, 26% des défaillances et en 2021, 21% ; en moyenne la plupart des autres activités font état d’une baisse de 28 à 35%.
Les activités de services sont celles qui connaissent les baisses les plus faibles : informatique-communication (-26%), activités de réparation (-25%), services aux entreprises (-23%), activités financières et d’assurance (8%) et même une hausse pour les activités immobilières de 15%.
⇒ Enfin les défaillances dans les régions
L’observation des défaillances du 1er trimestre 2021 doit être observée avec une grande prudence, manifestant de grandes variations (entre -26 et -52%). C’est pourquoi je vous propose de les comparer aux évolutions, bien plus proches au cours de 2020 (entre -37 et -47%).
Altares fait aussi remarquer : “Les « zombies », ces structures qui survivent grâce au soutien de l’Etat et à des taux d’intérêt bas, résisteront également difficilement à l’arrêt des aides. Altares en répertorie 63 000 en France, soit 5,3% des sociétés commerciales. Ces entreprises présentent hors contexte Covid un risque de défaillances 2,3 fois supérieur aux autres sociétés commerciales. Un risque qui grimpera encore à l’extinction des aides.En 2020, 20 000 entreprises mises sous perfusion avaient échappé à la défaillance en comparaison de la volumétrie 2019 ; seront-elles prêtes à vivre seules au cours des prochains mois ?”
Pour en savoir davantage : Étude – Défaillances et sauvegardes d’entreprises T1 2019 | Altares DB France