Les départs d’habitants d’Ile-de-France sont-ils aussi conséquents que ce qui est dit dans les média ?


"Quitter Paris pour la campagne… Un rêve de citadin mais pas (encore ?) une réalité statistique", Insee le blog, publié le 31 août 2020

Les départs constatés sur Paris le sont majoritairement au profit de l’ile-de-France, ceux de l’agglomération parisienne dans des départements limitrophes.

⇒ La ville de Paris

Au cours de l’année 2017, 128 000 personnes ont déménagé de la capitale (pendant que 95 000 s’y installaient). Tout récemment, 200 000 Parisiens sont partis de leur ville à l’occasion du confinement

Parmi ceux qui ont quitté la capitale, 71 000 (55%) sont restés en Île-de-France, et même dans l’agglomération parisienne pour la majorité d’entre eux. Ce sont pour la plupart de jeunes adultes, qui effectuent des « sauts de puce » lorsqu’ils déménagent. Ils s’installent à proximité de Paris, à la recherche d’un logement plus grand et plus accessible, notamment lorsqu’ils se mettent en couple. Plus de 80% d’entre eux sont actifs et près de la moitié travaillent dans Paris. Pour les couples sans enfant, la mobilité « hors Paris » s’est accentuée : ils représentent 27% des départs en 2016 contre 23% en 2008. Ces départs plus précoces, avant même l’arrivée du premier enfant, contribuent au ralentissement démographique observé dans la capitale et à la baisse des naissances.

 

Ceux qui sont partis s’installer plus loin, en province, sont au nombre de 57 000 (45%). Ils rejoignent pour moitié des grandes villes (Bordeaux, Lyon, Nantes) et pour l’autre moitié des territoires moins denses. Les retraités sont plus représentés parmi ces migrations résidentielles « de longue distance ». Le solde migratoire des 65 ans ou plus avec le reste du territoire français est traditionnellement déficitaire (- 4 100), mais reste stable. Parmi ces seniors, 60% choisissent de s’installer en province, principalement dans les régions littorales; à noter que plus du quart des seniors qui quittent Paris s’installe dans une structure d’accueil spécifique pour personnes âgées.

 

En sens inverse, les personnes qui rejoignent Paris sont plus jeunes. Les 15-29 ans représentent 63% de ces arrivants. Ils viennent pour étudier ou occuper un premier emploi.

⇒ Dans l’agglomération parisienne

En ce qui concerne les mobilités résidentielles entre l’agglomération parisienne et le reste de la métropole  en 2017, près de 245 000 personnes ont quitté l’agglomération, (appelée aussi unité urbaine de Paris), contre 150 000 qui l’ont rejointe. Près de 20% sont restées en Île-de-France. Ce sont principalement des familles qui s’installent dans les Yvelines, mais également en Seine-et-Marne ou l’Essonne.; à une échelle plus locale, certains territoires franciliens situés au sud-ouest ou à l’est de Paris se révèlent même attractifs, présentant un solde migratoire positif.

 

Parmi les quelque 200 000 personnes qui s’installent en province, 120 000  effectuent des mobilités de « proximité », notamment vers les départements limitrophes d’Eure-et-Loir, de l’Oise, du Loiret ou de l’Yonne. 

80 000 personnes effectuent des mobilités de plus longue distance notamment vers les métropoles de Lyon, Bordeaux, Toulouse et Nantes.

 

Dans le sens inverse, les arrivants dans l’agglomération parisienne, principalement de jeunes adultes, viennent de province pour les deux tiers, en particulier des métropoles de Lyon, Toulouse et Lille. Le tiers restant provient du reste de l’Île-de-France, notamment des Yvelines d’où sont originaires près de 10% des arrivants.

⇒ L’ile-de-France

1 /4 des actifs qui ont un emploi et ont quitté l’Île-de-France pour une autre région continuent à y travailler. La majorité d’entre eux s’est installée dans un des huit départements limitrophes; dans certains de ces départements (Eure-et-Loir ou Oise), près du quart des salariés travaillent en Île-de-France. Les mouvements d’étudiants (18 ans ou plus) entre l’Île-de-France et le reste du pays conduisent eux aussi à un solde positif pour la région avec 23 500 arrivées et 18 000 départs.

 

Parmi les personnes ayant quitté l’Île-de-France pour une autre région française, plus de la moitié n’y sont pas nées. Il s’agit donc de personnes qui « repartent » après être venues s’installer plus ou moins longtemps en Île-de-France pour y faire leurs études ou y travailler. Ces départs concernent le plus souvent des familles avec enfant(s).

 

Parmi les 137 000 personnes s’étant installées en 2017 en Île-de-France en provenance d’une autre région métropolitaine, 62% ont entre 18 et 34 ans ; terminer ses études explique la migration de 23 500 étudiants de 18 ans ou plus. Mais le gros des migrants est surtout venu travailler : 82 000 ont un emploi. Nombre de ces nouveaux franciliens repartiront en province après leurs études ou après une première expérience professionnelle. Près des trois quarts ne sont pas nés dans la région.

⇒ En définitive, quel solde migratoire ?

Lorsqu’on ajoute le solde naturel, les populations de nos trois périmètres baissent nettement moins quand elles n’augmentent pas.

♦ À Paris, entre 2012 et 2017, la population s’est réduite d’environ 11 000 personnes par an, le solde naturel venant contrebalancer le déficit migratoire avec le reste du territoire français.

♦ L’unité urbaine gagne 57 000 personnes par an, le déficit migratoire vis-à-vis des autres territoires métropolitains étant plus que compensé par les arrivées de l’étranger et l’excédent naturel. 

♦ Quant à la population francilienne, elle continue de s’accroître, de 55 000 habitants par an, sous l’effet d’un solde naturel, le plus élevé des régions d’Europe.