Une comparaison entre le commerce de centre-ville et celui de la périphérie.


"Au cœur des villes moyennes de BourgogneFranche-Comté, une forte restructuration du commerce et de l’habitat", Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté, N°69, juin 2020

Méthodologie : l’étude porte sur 27 unités urbaines (ou villes) de la région.

Les données proviennent du répertoire Sirene, enrichies des statistiques annuelles d’entreprises (Ésane combinant les données fiscales et les enquêtes sectorielles annuelles) et de données sur les effectifs (Clap pour les effectifs salariés à l’échelle établissements et des effectifs non salariés).
La définition des périmètre des centres-villes et des zones commerciales périphériques est le fruit d’un travail conjoint de l’Insee, de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et des DDT (Directions départementales des territoires).

 

L’exemple de la région Bourgogne-Franche-Comté est parlant en ce qui concerne l’évolution par activité des commerces en centre-ville, en zones commerciales de périphérie et dans le reste de l’unité urbaine.

 

Au cœur des villes moyennes, le centre-ville, quartier historiquement le plus ancien et le plus animé, a longtemps été le berceau du commerce et de l’artisanat. Depuis la fin des années 60, l’étalement urbain a progressivement modifié la morphologie urbaine et la dynamique des quartiers;  le centre-ville s’est dévitalisé, perdant à la fois des habitants et des emplois.
Entre 2009 et 2015, la population résidant en centre-ville a diminué de 0,5% par an dans la région et l’emploi dans le commerce de 1,7% par an.

 

Les 27 centres-villes rassemblent encore 30% des emplois commerciaux (en repli de 3 points par rapport à 2009) dans 7 100 établissements en 2015, pour un total de 26 300 emplois.  Certains services, comme la restauration, les agences bancaires et immobilières, y sont ainsi plus représentés qu’ailleurs dans l’agglomération. Les commerces d’équipement de la personne, notamment le prêt-à-porter, les pharmacies, les magasins d’optique, sont aussi très présents, de même que le commerce alimentaire; ils concernent les 3/4 de l’emploi implanté en centre-ville.

 

Dans la quasi-totalité des centres-villes, le nombre d’établissements et d’emplois se replient dans la plupart des secteurs d’activité entre 2009 et 2015. La baisse la plus forte touche le commerce de biens d’équipement de la maison (-5,3% par an), et ceux d’équipement de la personne, en tête l’habillement (-2,4% par an).

Dans le commerce de détail alimentaire, l’emploi est resté presque stable (-0,3% par an). Mais le nombre d’artisans-commerçants exerçant dans des boulangeries, charcuteries ou autres petits commerces de bouche diminue tandis que l’emploi progresse dans les autres structures commerciales alimentaires, qu’elles soient généralistes (supérettes) ou spécialisées (bio, maraîchers, fromagers, cavistes…).

Traditionnellement très présentes en centre-ville, les agences bancaires et immobilières
sont également en repli (-1,6% par an).

Enfin, la restauration reste l’unique secteur où l’emploi progresse significativement en centre-ville sur la période (+0,5% par an), porté notamment par l’essor de la restauration rapide.

 

Le commerce en centre-ville poursuit sa mutation en développant des activités de services
davantage destinées à des consommateurs de passage qu’à la population résidente.

 

La bonne santé de l’emploi dans les zones commerciales périphériques (+1,8% par an) compense la perte d’attractivité des centres-villes; tous les secteurs du commerce y sont en croissance. Le dynamisme des zones périphériques repose d’abord sur celui du commerce de biens (disponibilité de grandes superficies de stockage, pour un coût du foncier bien inférieur à celui du centre, accessibilité en voiture).

 

Le commerce d’équipement à la personne, notamment l’habillement, se redéploie dans les zones commerciales (+ 3% par an); le commerce alimentaire croît également de 1,2% par an. L’offre en services continue de s’élargir à l’image de la restauration, tant traditionnelle que rapide (+5,1% par an).

Parallèlement au commerce, la majorité des centres-villes perd des habitants entre 2009 et 2015; la part des ménages dont le référent fiscal a moins de 30 ans reste toutefois plus forte en centre-ville que dans le reste de l’unité urbaine, mais tend à diminuer (rapprochement des lieux d’étude qui sont de plus en plus souvent excentrés); dans le même temps le vieillissement de la population touche le centre-ville au même titre que le reste de l’unité urbaine.

 

On y trouve essentiellement des personnes seules (55% vs 38 en périphérie) et peu de couples; les jeunes quittent le centre-ville du fait de l’agrandissement du foyer, de l’augmentation du niveau de vie entraînant un déménagement vers la périphérie où l’offre de logements est souvent plus adaptée. À l’inverse, la part des personnes âgées vivant en centre-ville augmente entre 2009 et 2015. De fait, les logements de centre-ville sont souvent de petite taille (un logement sur cinq fait moins de 35 m2 et seulement un tiers est composé de logements de plus de 75 m2). Ils sont aussi plus anciens et plus souvent vétustes. Le taux de vacance y est près de deux fois plus élevé.

 

Pour y remédier, les collectivités territoriales se sont lancées, depuis quelques années, dans des opérations de revalorisation du parc immobilier (rénovation de logements vétustes, transformation de surfaces commerciales en lieux d’habitation, augmentation du nombre de logements et de leur taille, réhabilitation des surface commerciales). Toutefois, les projets immobiliers menés ailleurs dans l’unité urbaine les concurrencent fortement.

 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4505052