Des délais de paiement stables entre 2016 et 2017, mais en diminution depuis 2002.


"L’année 2017 confirme que les conditions de paiement n’évoluent plus", Banque de France, Bulletin N°221/3 de janvier:février 2019

Source : Le fichier FIBEN
La Banque de France collecte les comptes sociaux des entreprises dont le chiffre d’affaires excède 0,75M€ ou, jusqu’en 2012, dont l’endettement bancaire dépasse 0,38M€. La collecte concerne les entreprises résidentes en France. En 2016, en termes d’effectifs, le taux de couverture est de 86% pour les entreprises soumises à l’impôt sur les sociétés. En termes de chiffre d’affaires, il est de près de 93%.

Noter que la présente enquête repose sur 237 grandes entreprises, 5 066 ETI, 98 223 PME et 72 654 TPE. Toutefois pour apprécier plus précisément la situation des micro entreprises en matière de délais de paiement, le calcul a été étendu à une base de données externe, agglomérant plus de 200 000 bilans dont environ 95% affichent un chiffre d’affaires inférieur au seuil de collecte FIBEN et concernent donc une population non couverte par le fichier de la Banque de France.
Les résultats obtenus sur la base des données externes et de FIBEN sont dans les mêmes ordres de grandeur; les délais clients FIBEN sont plutôt supérieurs et les délais fournisseurs inférieurs, ce qui peut être dû à des différences de couverture sectorielle. De plus, les données de la base externe révèlent une trajectoire différente des indicateurs du crédit inter entreprises. Leur analyse conclut à une dégradation relative simultanée des délais clients et des délais fournisseurs des micro entreprises sur la période 2012-2017 (près de 2 jours supplémentaires respectivement de chiffre d’affaires et d’achats). À l’inverse, les données FIBEN témoignent plutôt d’une tendance baissière de ces chiffres (– 2,5 jours d’achats pour les délais fournisseurs notamment.

 

Le solde commercial (ou solde du crédit inter entreprises) correspond au solde des créances clients de l’entreprise et de ses dettes fournisseurs (nettes des avances et acomptes). Il est exprimé en jours de chiffre d’affaires.
Le solde commercial d’une entreprise reflète sa situation prêteuse ou emprunteuse vis-à-vis des partenaires commerciaux. Lorsqu’il est positif, l’entreprise finance ses partenaires par le biais du crédit inter entreprises, dans le cas inverse, ses partenaires la financent.

 

Les délais clients sont mesurés à 44 jours de chiffre d’affaires, et demeurent stables depuis six ans, alors que les délais fournisseurs sont de 51 jours ; ils se sont stabilisés sur les deux dernières années.

 

Sur la base des données comptables, les délais de paiement des entreprises restent stables en 2017. Les délais clients sont mesurés à 44 jours de chiffre d’affaires, et demeurent stables depuis six ans.

les délais fournisseurs à 51 jours d’achats et l’écart entre les deux (le solde commercial) à 11 jours de chiffre d’affaires; Ils baissent nettement depuis 2007 (– 10 jours), mais se sont stabilisés sur les deux dernières années.

 

Des différences sectorielles marquées résultent essentiellement de la nature de clientèle

 

Les délais de paiement  sont compris entre 6 jours pour le secteur hébergement et restauration, et 79 jours pour le secteur information et communication; ces derniers ont en effet pour l’essentiel des clients professionnels, sont composés d’une part importante de petites entreprises et ont parfois affaire à de grands groupes, auxquels ils fournissent des prestations qui peuvent être perçues comme accessoires. 

 

Pour les deux secteurs dont la nature de la clientèle induit des délais plus courts, le crédit inter entreprises est une ressource représentant, en 2017, 18,1 jours de chiffre d’affaires dans le secteur hébergement et restauration et 7,9 jours dans le secteur commerce.

 

Les secteurs industrie manufacturière et construction sont ceux qui ont fait les plus gros efforts pour améliorer leur comportement de paiement, avec des délais fournisseurs en baisse de plus de 16 jours sur quinze ans.

Le secteur « industrie manufacturière » a bénéficié d’une baisse concomitante de 14,1 jours de ses délais clients (55,9 jours en 2017) et vu ainsi son solde commercial diminuer de près de 5 jours entre les exercices 2002 et 2017.

Inversement, le secteur de la construction a enregistré une hausse de 4,4 jours de son solde commercial sur la même période, ses délais clients ayant diminué dans de plus faibles proportions (baisse de 3,1 jours).

 

⇒ En termes de tailles d’entreprises

 

Les ETI demeurent la catégorie d’entreprises présentant le solde commercial le plus élevé, c’est-à-dire celles qui, relativement, font le plus crédit à leurs clients. Il représente 12,6 jours de chiffre d’affaires en 2017, mais reste stable par rapport à 2016. Ces entreprises ont des délais clients sensiblement supérieurs à la moyenne (+ 9,2 jours). Cette divergence de traitement s’explique par des différences structurelles d’une part, avec les grandes entreprises qui bénéficient d’un rapport de force favorable avec leurs clients et d’autre part, avec les PME qui ont un tissu économique davantage orienté vers les secteurs dont les délais sont les plus courts. Il convient cependant de noter que les ETI n’ont pas de problème d’accès au financement.

 

Les délais de paiement des PME se sont stabilisés à des niveaux relativement plus bas que ceux des entreprises de taille plus importante. Néanmoins, une partie des petites et moyennes entreprises reste pénalisée par des délais longs et parfois retardataires de leurs clients

La part des entreprises dont les créances clients sont réglées en deçà de 60 jours de chiffre d’affaires, ainsi que celle des entreprises réglant leurs fournisseurs avant ce délai en jours d’achats a significativement progressé depuis 2002. Un point haut a été atteint en 2014 avec 68% d’entreprises payées en moyenne sans retard et 71% d’entre elles réglant leurs fournisseurs avant le délai de 60 jours d’achats. Depuis cette date, la proportion de paiements sans retard n’a guère évolué.

 

La proportion des entreprises réglant leurs fournisseurs en moyenne sans retard diminue significativement avec la taille. 70% des PME respectent des délais inférieurs à 60 jours, 53% des ETI, et 46% des  grandes entreprises.

 

Pour 2017, la trésorerie, qui pourrait être remise à disposition des entreprises si aucun retard de paiement n’était constaté, serait de 13Md€ (contre 11Md€ en 2016). Ces liquidités iraient en priorité aux PME et leur apporteraient une trésorerie complémentaire de l’ordre de 19Md€, un montant en hausse sensible par rapport aux trois derniers exercices (16Md€). Les ETI bénéficieraient également de ce flux pour 7Md€, en hausse également sur un an (4Md€ en 2016).

Ces transferts de 26Md€ à destination des PME et ETI seraient financés à hauteur de 13Md€ par les grandes entreprises et pour le solde (13Md€) par les sociétés financières, l’État, les collectivités locales et les non-résidents.