Au-delà des défaillances, les entreprises en forte difficulté estimées à prés de 5%


"Entreprises en France : moins de défaillances, mais toujours autant de « zombies »", LES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES DE COFACE, mars 2018

Commentant le chiffre des défaillances en baisse, la coface s’interroge sur les entreprises toujours en activité, mais en situation d’insolvabilité ou de rentabilité faible; elle les évalue à 4,6% du parc d’entreprises.

La méthodologie Coface évalue la part d’entreprises zombies en isolant les entreprises qui sont peu rentables (rendement du capital investi inférieur à 1) et insolvables (ratio de couverture des intérêts inférieur à 1) pendant trois années consécutives. 

 

Rappelons que le nombre de défaillances d’entreprises a continué de reculer en ce début d’année 2018 (-8,3% sur un an à fin janvier). Le coût total des défaillances, mesuré par la somme de l’encours des dettes fournisseurs  a chuté de 15,2% (3,2Md€) par rapport à la même période l’an dernier. Le nombre d’emplois concernés est également en net recul : 156 673 personnes ont été affectées par les défaillances sur l’année, soit le plus faible niveau enregistré depuis octobre 2008. À titre de comparaison, 175 000 emplois étaient concernés en moyenne entre 2010 et 2016 et plus de 210 000 au pic de la crise en 2009.

 

“Le panorama des entreprises françaises est plus nuancé que ne le montre le simple taux de défaillance : bien que celui-ci ait nettement reculé depuis la crise pour s’établir même en dessous de son niveau de 2007, le taux d’entreprises en difficulté reste toujours aussi élevé si l’on inclut toutes celles qui sont peu rentables et insolvables; dans un contexte de taux d’intérêt bas favorisant le maintien sous perfusion de crédits à bas coût, la part d’entreprises « zombies » a en effet progressé au cours des dernières années”.

 

En termes de comparaison entre 4 principales économies de la zone euro , les taux de défaillance (nombre d’entreprise défaillantes sur le stock d’entreprises) est élevé en Allemagne et en France (en 2016 respectivement 1,2 et 1,1%), alors qu’il n’est que de 0,3% en Italie et de 0,2% en Espagne ; mais les modalités relatives aux défaillances, et les pratiques y sont différentes.

Ainsi à titre d’exemple en Italie, les procédures étant extrêmement longues (sept ans en moyenne) et coûteuses pour le débiteur (22% de son actif, contre 9% en France et en Allemagne), les entreprises solvables mais en difficulté, procèdent à une liquidation volontaire, plus courte et moins onéreuse, puisque sans supervision du tribunal.

 

La coface dans sa méthode d’évaluation des entreprises en forte difficulté “corrige” ainsi le taux de défaillance : le taux d’entreprises “zombies” est alors de 5,3% pour l’Italie, de 6,2% pour l’Espagne, de 4,6% pour la France et de 3,7% pour l’Allemagne.

Le taux d’entreprises en difficulté (cumulant celui des défaillances, des zombies, voire des defaillances volontaires pour l’Italie) est de 7,2% en Italie, 6,3% en Espagne, 5,7% en France et de 4,9%en Allemagne.