Les écarts offre-demande d’emploi selon les espaces et les compétences.


"QUELLES COMPÉTENCES POUR QUELS TERRITOIRES ?", Pole Emploi, statistiques, études et évaluations N°58, mai 2020

Méthodologie : Lorsque les recruteurs déposent une offre sur le site de Pôle emploi ou en relation avec leur conseiller, il leur est proposé d’indiquer les compétences qu’ils souhaitent que les candidats possèdent pour le poste recherché. Ils peuvent alors renseigner jusqu’à 40 compétences différentes et préciser jusqu’à trois principales compétences comportementales recherchées (savoir-être). Ces informations ont été extrapolées aux offres des partenaires de Pôle emploi, de telle manière que les résultats soient représentatifs de l’ensemble des offres diffusées par Pôle emploi. Les demandeurs d’emploi peuvent inscrire dans leur profil professionnel les compétences dont ils disposent pour leur recherche d’emploi. Cette opération est principalement réalisée lors du premier entretien approfondi avec leur conseiller. Depuis juin 2018, un « profil de compétences » a été créé pour permettre au demandeur de mieux mettre en valeur ses compétences.

 

On observe des écarts importants entre la localisation des compétences demandées par les recruteurs et celles des compétences détenues par les demandeurs d’emploi.

 

Les offres d’emploi et les demandeurs d’emploi sont répartis de manière différente sur le territoire national, de telle sorte que les désajustements entre les offres et les demandes d’emploi s’expriment avec des niveaux d’intensité contrastés selon les territoires.

 

Le ratio du nombre d’offres d’emploi rapporté aux demandeurs d’emploi est plus élevé dans l’ouest de la France, en Auvergne-Rhône-Alpes, ou dans certaines grandes agglomérations (Toulouse, Lille, Rennes, centre de l’agglomération de Paris…).

En revanche, il y a un excès de demandeurs d’emploi par rapport aux offres disponibles dans nombre de bassins d’emploi des Hauts-de-France, du Grand-Est et du littoral méditerranéen, ainsi que dans des bassins à la périphérie de certains pôles d’emploi (comme Toulouse, ou le centre de l’agglomération de Paris…).

Ces écarts entre offre et demande ont donc deux origines principales : des disparités de dynamismes économiques et démographiques entre grands ensembles régionaux et le moindre dynamisme du pourtour de certaines grandes agglomérations.

 

Certaines compétences sont demandées de façon à peu près identiques sur l’ensemble du territoire : par exemple les compétences en achat-vente, celles liées à des fonctions support (secrétariat, comptabilité, nettoyage) ou à des activités présentielles (bâtiment).

A l’inverse, pour d’autres compétences, les contrastes entre territoires sont plus élevés, comme les compétences en cuisine-restauration, ou encore celles en production industrielle
(gestion de production, réglage d’équipements industriel).

 

Au regard de la dispersion géographique du ratio offres d’emploi/demandeurs d’emploi par compétence et de son niveau moyen en France, on identifie quatre situations possibles :

 

– Les disparités entre territoires sont importantes et le ratio national entre les offres d’emploi demandant cette compétence et les demandeurs d’emploi la possédant est élevé. Le désajustement entre offre et demande a donc à la fois une dimension locale importante et une dimension nationale :  les services à la personne (aide à la vie quotidienne…), la cuisine-restauration (davantage demandées dans les zones touristiques), la banque/assurance/fiance,  la production industrielle (gestion de production, réglage d’équipements industriels…),

 

– des désajustements relativement importants dans la compétence agriculture (fortement demandées par l’économie viticole),

 

– des écarts entre territoires relativement faibles pour les compétences « informatique-numérique » (particulièrement prégnant dans les grandes agglomérations), « comptabilité-contrôle de gestion-audit », tourisme et loisirs, logistique,

 

– enfin, des contrastes entre des demandes faibles et une faible dispersion géographique dans des activités comme les métiers d’art, l’information-communication, l’enseignement-formation, la gestion d’entreprise.

 

3 constats plus généraux s’affichent dans le champ des comportements :

 

– Les compétences les plus demandées par les recruteurs au niveau national sont principalement des compétences transverses mobilisées dans un grand nombre de situations de travail, y compris dans les domaines achat-vente, logistique ou nettoyage et entretien. Elles sont réparties de manière relativement homogène sur le territoire, à la différence des compétences concernant la production industrielle ou les services à la personne.

 

– Les compétences comportementales sont fortement mentionnées par les employeurs au moment du recrutement : l’autonomie et la rigueur se détachent nettement avec respectivement 60% et 51%; suivent le travail en équipe (36,5%) et le sens de l’organisation (35%), puis la réactivité (26%), la capacité d’adaptation (24%), le sens de la communication (19%); peu la force de proposition, la gestion du stress, la persévérance (6 à 7,5%), encore moins la curiosité, la capacité de décision, la capacité à fédérer et la prise de recul (entre 1,6 et 4,1%).

 

– Ces compétences sont inégalement demandées selon les métiers. Ainsi 90,5% des offres de l’industrie demandent de la rigueur (plus de 30 points de plus que la moyenne). Dans le domaine de la santé, 68% des offres demandent de savoir travailler en équipe (31,5 points de plus que la moyenne).

 

Pour en savoir davantage : https://statistiques.pole-emploi.org/offres/offrespub/201566