L’innovation ouverte, une voie à développer pour les PME


"INNOVATION OUVERTE ET PME" Académie des Technologies, lu août 2017

L’innovation ouverte consiste à faire participer des acteurs extérieurs à l’entreprise à son processus d’innovation . Largement répandue dans les stratégies des grandes entreprises , elle apparaît aujourd’hui nécessaire à la croissance des PME.

 

“Les grands groupes internationaux sont maintenant très sensibilisés à l’innovation ouverte . Ils font de plus en plus appel à des compétences externes pour accélérer l’innovation et être les premiers sur le marché (outside-in). Ces compétences peuvent se trouver dans d’autres entreprises , grands groupes, start-up, PME, ETI, etc . Elles peuvent également provenir de fournisseurs de briques technologiques (ex : Instituts Fraunhofer, CEA, start-up ou PME innovantes, etc .), de personnels compétents (ex : Veolia) ou de services qui seront intégrés dans leur propre processus d’innovation . ….Il s’agit pour les grands groupes de créer un réseau et d’accéder ainsi à des compétences et des connaissances que l’entreprise n’a pas vocation à développer en interne .”

 

“Malgré des améliorations récentes induites en partie par l’association pacte-PME , les relations entre grands groupes et PME restent en général difficiles en France comparées à d’autres pays européens . L’opinion est répandue chez les PME selon laquelle les grands groupes considèrent les start-up ou PME innovantes comme des sous-traitants . Ils les traitent comme tels en privilégiant leur propre sécurité juridique et non comme des partenaires d’innovation , partageant gains et risques . Ils ne jouent pas le rôle d’entraînement auprès de leurs PME partenaires comme c’est le cas, par exemple, en Allemagne….Conscients de ces enjeux et de la méfiance des PME à leur égard , un certain nombre de grands groupes commencent à mettre en place des outils et des mesures pour établir une relation de confiance.”

 

“Il existe aussi une certaine méfiance de la part des PME qui se traduit par la culture du secret et entraîne une grande réticence pour collaborer sur l’innovation…En dépit de ces réticences , on assiste aujourd’hui à un foisonnement d’initiatives locales au sein des collectivités territoriales . On peut citer quelques exemples remarquables d’écosystèmes très ouverts aux solidarités et aux collaborations locales sans demande d’assistance externe liés à des cultures très spécifiques…Cette culture du partage nécessite aussi une meilleure compréhension de la propriété intellectuelle, de ses avantages et de ses limites pour l’intégrer à la stratégie de l’entreprise”  

 

Les organismes de recherche sont une des sources potentielles d’idées nouvelles au service de l’innovation pour les PME . Ils sont, par contre, essentiellement limités à la science et la technologie. “

Par ailleurs les dispositifs de soutien à l’innovation sont nombreux (30 dispositifs nationaux en 2000 , 62 en 2014 ), tout comme les lieux d’appui (71 pôles de compétitivité , une cinquantaine de CRITT , 14 SATT , 34 Instituts Carnot , 16 IRT et ITE , 8 plates-formes mutualisées d’innovation).

“Cette profusion de structures entraîne une très grande complexité , un manque de visibilité et des redondances inévitables concernant les missions et les compétences.”

 

“Néanmoins , l’innovation se heurte encore en France à de réelles réticences culturelles devant le changement et une tendance à attendre que les problèmes soient résolus de façon globale et centralisée...alors que la mise en place de l’innovation ouverte constitue un processus de conduite de changement conduisant à une véritable révolution culturelle. Il ne peut s’agir d’une approche uniquement top-down, mais d’une libération de l’innovation à tous les niveaux.” 

 

Un exemple, celui de l’Allemagne : les instituts Fraunhofer sont largement considérés comme un exemple de recherche technologique pour soutenir l’innovation des entreprises allemandes, et en particulier des PME .

Ils sont au nombre de 66 et sont financés à hauteur de 60% en moyenne par l’État fédéral et les Landers et de 40% par des contrats industriels pour un budget total de 1Md€ . Ils ont une mission claire et unique de recherche technologique au profit de l’industrie allemande avec un seul objectif sur lequel ils sont évalués : la signature de contrats industriels.

Chaque institut Fraunhofer est dirigé par un professeur d’université pour maintenir les liens avec la recherche académique . Les personnels sont tous sous contrat de droit privé (50% de CDI et 50% de CDD) et ne sont pas fonctionnaires. Il y a un turn-over d’environ 10 à 15% par an et de nombreux chercheurs sont en formation sous forme de master avec des PME qui les recrutent pour la plupart en fin de contrat . 

 

 En France, ce type de missions est éclaté entre les différentes structures de recherche (instituts Carnot , IRT , ITE , CEA etc .) et de transfert technologique (SATT , CRITT , CNRS et INRA transfert , Agences régionales , universités, etc .). Les nouveaux IRT (Instituts de recherche technologique) français créés depuis 2010 sont a priori plus proches des instituts Fraunhofer en termes de moyens technologiques avec la même mission de développement technologique au service de l’innovation des entreprises; au nombre de 8, ils sont encore peu ouverts aux PME . 

 

Le rapport cite ensuite 5 recommandations.