Le profil des primo-créatrices diffère légèrement de celui des hommes : plus d’études supérieures, antérieurement moins de chômage mais plus d’inactivité, plus d’accompagnement sollicité


« La progression du nombre de primo-créatrices favorisée par le régime de l’autoentreprise », Insee Analyses Franche-Comté N°13, octobre 2015

L’enquête SINE a été réalisée auprès d’un échantillon d’entreprises hors autoentrepreneurs créées au premier semestre 2010 appartenant au secteur marchand non agricole et ayant vécu plus d’un mois, interrogeant l’exhaustivité des 1 400 entreprises du champ créées sur cette période en Franche-Comté. L’enquête autoentrepreneurs a été réalisée auprès d’un échantillon de 1 192 autoentrepreneurs (un taux de sondage de près de 40%).

L’intérêt de ce recensement est de rappeler une situation commune à la plupart des régions françaises dans un domaine, celui des femmes créatrices peu exploré par ailleurs, s’attachant enfin aux primo-créatrices alors que la plupart des analyses existantes observent la totalité des créations par les femmes.

Au premier semestre 2010, 1270 Franc-Comtoises ont créé une entreprise (autoentreprise ou entreprise classique) ; pour 82% d’entre elles, il s’agit d’une première création (59% en autoentrepreneur, 23% en entreprise classique), et pour 18% une création à nouveau. Noter que la part des autoentreprises parmi les créations est la plus élevée de toutes les régions (66%).

Le profil des primo-créatrices diffère légèrement de celui des hommes : les femmes se lancent un peu plus tard (29% des primocréatrices sont âgées de plus de 45 ans contre 26% pour les hommes) et sont plus souvent inactives avant la création ((14% contre 6), mais moins au chômage (28% contre 32%) ; elles sont aussi plus souvent issues de l’enseignement supérieur (38% contre 30), notamment du fait des professions sociales ou de santé. Peu ont créé à la sortie de leurs études (4% contre 14) ; enfin, comme leurs homologues masculins, un tiers exercent parallèlement une autre activité rémunérée, notamment en auto entrepreneuriat (41% chez les femmes de moins de 30 ans contre 28% pour les hommes)

Quel que soit l’âge, les deux principales motivations pour se lancer dans la création d’une entreprise classique sont identiques pour les hommes et les femmes : le désir d’indépendance (beaucoup moins prégnante chez les 45 ans et plus) et le goût d’entreprendre ; pour les moins de 30 ans, le troisième motif le plus évoqué est le fait d’être sans emploi tandis que leurs aînées évoquent plus souvent une opportunité de création.

La création d’une autoentreprise ne répond pas aux mêmes motivations que la création « classique », en affirmant vouloir créer une entreprise en minimisant la prise de risque, ou souhaiter développer une activité de complément (plutôt pour les 45 ans et plus), voire le fait d’assurer leur emploi (plutôt pour les 30-44 ans) ; pour les moins de 30 ans c’est davantage le fait de créer leur entreprise. Noter que 58% d’entre elles démarrent avec moins de 2 000€ (65% des 45 ans et plus).

Les 2/3 des primo-créations sont localisées dans le secteur des services (71% des moins de 30 ans), notamment dans les services aux particuliers, voire pour ¼ dans les services aux entreprises (secrétariat…). Avant 30 ans, les femmes ont créé leur entreprise dans une activité différente de leur métier principal (+13 points de plus que les hommes), alors que les 30-44 ans sont moins nombreuses à le faire (43 contre 48%).

Elles sollicitent plus souvent que les hommes des appuis au moment de la création (74% contre 61), comptant beaucoup plus sur leur entourage personnel et sur les structures dédiées ; les moins de 30 ans sont deux fois plus nombreuses que leurs aînées à solliciter le soutien de spécialistes, tels que des avocats ou des conseillers juridiques ; celles d’âge intermédiaire, plus ancrées dans le monde du travail, sollicitent plus souvent les conseils de leur entourage professionnel que les autres. Elles sont également plus nombreuses à se lancer sans associé.

Plus de huit sur dix ont rencontré au moins une difficulté au cours de la mise en place de leur projet. Les primo-créatrices d’autoentreprises rencontrent plus de difficultés (fixer le prix des produits ou services, d’établir des contacts avec la clientèle, obtenir informations et conseils) que leurs homologues masculins, contrairement aux primo-créatrices d’entreprises classiques ; ces créatrices ont également été confrontées à des difficultés plus administratives (régler les formalités, connaître la législation…), notamment chez les moins de 30 ans.

Par ailleurs, près d’une créatrice sur cinq a déclaré avoir rencontré des difficultés pour obtenir un financement, difficulté légèrement plus souvent citée par les moins de 30 ans.