« Pour des raisons relevant à la fois de représentations culturelles et de facteurs économiques et sociaux, la création d’entreprises a longtemps été – et reste encore – très majoritairement portée par des hommes. Pour faire évoluer cette situation en Picardie, l’État (la DRDFE – Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité), le Conseil régional et la Caisse des Dépôts et Consignations se sont associés pour élaborer un plan d’actions destinées à promouvoir l’entrepreneuriat féminin. La première étape, à laquelle contribue la présente étude, s’attache à mieux identifier le parcours des femmes entrepreneures. Ce plan vise ensuite à définir les facteurs sur lesquels il faut agir pour inciter les créatrices à lancer leur projet mais aussi à structurer leur accompagnement en sensibilisant les différents acteurs, notamment, aux spécificités de l’entrepreneuriat des femmes. »
Ce travail mérite d’être signalé du fait du lien entre la recherche de données de cadrage et un plan d’action, même si l’analyse des données ne nous apprend réellement rien de nouveau et si l’analyse manifeste une faible connaissance de ce secteur d’activité.
Les 39 000 hommes et femmes chefs d’entreprise de Picardie ne représentent que 5,1% des actifs occupés (6,2% en métropole), dont 11 000 femmes (28,3% des chefs d’entreprise contre 28,1% en métropole). Elles sont 28,7% de créatrices, proches de la moyenne France (28,6%). Mais elles sont plus présentes dans les entreprises individuelles (36%, 38% en France), composées aux deux tiers d’autoentreprises.
En termes de création, noter qu’elles sont 16,4% des créations (contre 22 en France) dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques et 25% du commerce.
Malgré une forte hausse de leur niveau de diplôme, les Picardes continuent à créer leur entreprise plus souvent qu’au plan national dans des activités nécessitant un niveau de qualification mais aussi d‘investissement initial moindres. D’ailleurs, 26% des Picardes ont réuni moins de 2 000€ en capitaux initiaux (3 points de plus qu’en France et dans les régions limitrophes, 11 points de plus que les Picards).
Les difficultés rencontrées : De ce fait, les Picardes ne sont que 17% à déclarer avoir eu des difficultés pour obtenir un financement (19% des Françaises, 24% des Picards) ; 8% déclarent des difficultés pour embaucher du personnel. Mais 26% disent avoir eu des difficultés pour établir des contacts, 18% pour fixer le prix du produit ou du service et 15% pour trouver un local commercial approprié et 25% pour régler les formalités administratives
L’accompagnement : 41% des Picards et Picardes ont bénéficié d’un accompagnement (contre 28% en France), un sujet d’étonnement de la part du rédacteur qui mériterait d’être confirmé, mais 20% ont monté leur projet totalement seule ; 44% des créatrices (et 48% des créateurs) de la région ont profité du dispositif ACCRE.
Profil des dirigeantes :
18% des femmes chefs d’entreprise sont titulaires d’un diplôme supérieur au bac (23% au niveau métropole), d’un niveau bac (26,9% contre 26,5 en France), d’un niveau brevet des collèges (25,8% contre 20,7).
Ceci étant, cette situation a évolué au fil des générations : en 2010, 46 % des femmes ayant créé leur entreprise ont un diplôme supérieur au baccalauréat (28 points de plus que les dirigeantes d’entreprises et 13 de plus que l’ensemble des nouveaux créateurs picards) ; toutefois, cela reste inférieur de 4 points à la moyenne française ; le type de diplôme acquis est moins diversifié : 14% un diplôme du premier cycle, des professions sociales, de la santé ou d’infirmières (9% des Françaises et 2% des Picards), 12% un BTS, DUT ou diplôme d’ingénieur (17% des Picards).
Leur âge moyen est de 38,7 ans pour les femmes et 40,6 ans pour les hommes ; toutefois, les Picardes créent plus jeunes (24,1% contre 22,0% des Françaises parmi les moins de 30 ans). Les femmes chefs d’entreprise sont essentiellement présentes dans le commerce et l’artisanat : la coiffure (14%), la restauration (6,1%), la boulangerie-pâtisserie (5,3%), les cafés (5%), les soins de beauté (4%), au total elles sont 28% dans le commerce ; en ce qui concerne les services, elles sont 16% dans les « autres services aux particuliers » (contre 10% pour les françaises et 5% pour les Picards) 15,6% dans la santé/éducation (3 points de plus qu’en France, et 12 points de plus que les Picards), 5% dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques (1,5 point de moins que les Françaises et 2 points de moins que les Picards).
Avant la création de leur entreprise, 32,5% des femmes (41% des hommes) étaient au chômage et 13% (4% des hommes) sans activité professionnelle, en congé parental ou pour convenances personnelles.