12 315 opérations de transmission ont été dénombrées : 7 469 sont le fait de cession (dont 1 000 via une holding), 3 211 le fait de changement d’actionnaire principal ou de dirigeant, 1 635 des transmissions familiales.
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58% des opérations interviennent avec des cédants de moins de 55 ans.
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Les PME transmises sont pour la moitié indépendantes, et pour l’autre moitié appartiennent à un groupe (dont 38% à un petit groupe et 16% à un grand groupe) ; l’appartenance à un groupe monte en puissance avec la taille de l’entreprise :
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 Ensemble 10-19 sal 20-49 sal 50-99 sal 100-249 sal Entreprise indépendante 48 62 41 22 12 Appartient à un petit groupe 38 32 44 45 34 Appartient à un grand groupe 16 5 15 33 54 
On constate de profondes disparités territoriales qui ne tiennent pas seulement à des facteurs structurels (âge, secteur ou taille) et de fortes disparités sectorielles (Les IAA, le commerce de gros ou les activités immobilières se renouvellent davantage par la cession, la construction disparaît plus fréquemment).
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Les reprises l’ont été majoritairement par des entreprises existantes (entreprises micro et PME surtout), voire par des sociétés créées ad hoc ; les structures repreneurs différent selon la taille :
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 10-19 sal 20-49 sal 50-99 sal 100-199 sal 200-249 sal Société créée pour la reprise 38 22 16 9,5 10 Micro-entreprise existante 24 19,5 17 19 23 PME 21 27 26 20,5 20 ETI et grande entreprise 5 11 15 18 20 Holding 5 10 13,5 20 14 Plusieurs repreneurs 6,5 10 11 12 13 
Quant au prix de cession, deux groupes se dessinent ; selon la base infolégale (2 900 prix connus sur 6 000 opérations), la médiane est à 200 000€ (60% en deçà de 250 000€, 20% entre 250 et 500 000€) ; 20% ont un prix supérieur (5%, 1, million€ en moyenne).
Le foncier (locaux et terrains) y joue un rôle non négligeable : 1/3 estiment le foncier plus important que l’activité, et 13% qu’il y a égalité entre le foncier et l’activité ; ces estimations différent selon la taille de l’entreprise cédée, la valeur de l’activité montant en importance avec la taille :
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 Ensemble 10-19 sal 20-49 sal 50-99 sal 100-249 sal L’activité est plus importante 48 45 48 60 64 Le foncier est plus important 33 37 32 22 18 Foncier et activité sont à égalité 13 12 15 15 7 Ne sait pas 5 6 5 1 8 
Par ailleurs, 64% des dirigeants détiennent du foncier sous la forme de SCI, le plus souvent à titre personnel. Ceci conduit nombre d’entre eux à dissocier le foncier et l’activité elle-même dans la vente et ¼ à conserver le foncier.
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Par ailleurs selon l’activité exercée, la nature de ce qui est cédé diffère :
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Cession Ensemble Industrie Commerce Construction Services Activité seule 39 29 36 50 50 Activité et foncier ensemble 36 49 39 27 27 Séparée de l’activité et du foncier 20 15 18 16 16 Pas de réponse 5 6 7 6 6 
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Quid des cédants et de l’organisation de la cession ?
Les intentions de céder, observées dans une enquête quantitative ad hoc montre un net clivage entre les plus de 55 ans (69 à 79% pensent le faire dans les 5 ans) et les moins de 55 ans (22 à 39% pensent le faire dans les 5 ans) ; en moyenne, ils sont 44% à l’envisager dans les 5 ans et 30% à plus de 10 ans :
| Cession envisagée | Ensemble | Moins de 40 ans | De 40 à 44 ans | De 45 à 49 ans | De 50 à 54 ans | De 55 à 59 ans | 60 ans et plus | 
| Dans 1 Ã 2 ans | 24 | 13 | 13 | 17 | 18 | 36 | 49 | 
| Dans 3 Ã 5 ans | 20 | 9 | 12 | 15 | 21 | 33 | 30 | 
| Dans 6 Ã 10 ans | 20 | 13 | 19 | 21 | 35 | 18 | 6 | 
| Dans plus de 10 ans | 16 | 27 | 24 | 28 | 16 | 4 | 9 | 
| Le plus tard possible | 14 | 32 | 26 | 11 | 4 | 6 | |
| Ne sait pas | 6 | 6 | 6 | 8 | 6 | 3 | 6 | 
Noter que 12 600 entreprises, soit 780 000 emplois, ont des dirigeants âgés de 66 ans et plus
Toutefois, constat est fait d’un décalage entre les intentions de céder et les cessions effectives, essentiellement parmi les plus de 55 ans : 18% d’intention de céder pour les 55-59 ans et 8% de cession effective et 24% pour les 60 ans et plus avec 11% de cession effective. Ce décalage est lié en partie à un manque d’anticipation et au caractère anxiogène de l’opération.
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Les freins sont bien connus et concernent dans des proportions proches à la fois ceux qui envisagent de céder très rapidement et ceux qui le feraient dans plus de 10 ans :
-Crainte de perte de confidentialité et les conséquences qui en découlent pour l’entreprise (41 et 39%)
-Difficulté d’identifier les bons conseils et interlocuteurs (37 et 34%)
– Manque de temps (35%)
– Prix élevés des consultants en cession (31 et 29%)
– Difficultés dues à la réglementation ou à la méconnaissance de ce qu’il faut savoir pour céder (27 et 26%)
– Appréhension de passer d’une vie active à la cession d’activité (19 et 20%)
– Perspective de perdre le lien avec son entreprise (14 et 20%)
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Les dirigeants avouent une préparation insuffisante : 37% de ceux qui envisagent de céder sous moins de 2 ans disent être tout à fait prêts (40% pour les dirigeants qui auraient une proposition de reprise, 33% pour les dirigeants de plus de 55 ans et seulement de 7 à 16% pour ceux qui céderaient au-delà de 3 ans). De fait la reprise est davantage subie que revendiquée.
Deux catégories de cédants, issus de deux logiques différentes :
D’une part des quadragénaires attachés à l’esprit d’entreprise
– Davantage managers et repreneurs
– Plus flexibles, ils privilégient des structures plus complexes
– Leurs motivations : valoriser leur patrimoine mais aussi monter une autre activité ou relancer l’entreprise
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D’autre part, des sexagénaires attachés à l’entreprise
– Plus souvent créateurs et techniciens
– Plutôt fidèles et soucieux de la pérennité de leur “Å“uvre”
– Leurs motivations : partir à la retraite d’abord, valoriser leur patrimoine et relancer l’entreprise ensuite
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Une analyse confortée par les motivations de cession au regard de l’âge : les plus de 55 ans sont plutôt motivés par leur départ en retraite, alors que les moins de 55 ans le sont davantage d’une part pour rebondir dans de nouvelles opportunités, d’autre part pour faciliter un nouveau cap à l’entreprise cédée (notamment en y associant les salariés) :
| Motivations en direction | Du cédant | De l’entreprise | ||||
| Retraite | Valorisation de l’investissement | Opportunité de nouvelle activité | Nouveau cap pour l’entreprise | Associer les salariés | Trouver de nouveaux partenaires | |
| Moins de 55 ans | 43 | 47 | 47 | 45 | 35 | 29 | 
| Plus de 55 ans | 78 | 46 | 17 | 32 | 28 | 26 | 
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Les objectifs prioritaires des dirigeants de PME de 55 ans et plus, dans le cadre de la cession de leur entreprise, sont la pérennité, la qualité du repreneur, la préservation de l’emploi avant le prix d’achat le plus élevé ou l’optimisation fiscale ; l’industrie et la construction sont les activités qui priorisent le plus la poursuite de l’entreprise, contrairement au commerce :
|  | Pérennité de l’activité | Qualité du repreneur | Préservation de l’emploi | Prix d’achat le plus élevé | Optimisation fiscale | 
| Ensemble | 57 | 49 | 40 | 32 | 12 | 
| Industrie | 65 | 55 | 40 | 24 | 8 | 
| Construction | 60 | 46 | 48 | 34 | 7 | 
| Commerce | 58 | 41 | 34 | 34 | 20 | 
| Services | 51 | 55 | 41 | 31 | 11 | 
Les objectifs prioritaires sont proches en ce qui concerne les moins de 55 ans, avec toutefois une demande plus forte pour obtenir le prix d’achat le plus élevé (entre 40 et 48% contre 24 à 34 pour les plus de 55 ans).
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Le pari pérennité semble réussi puisque le taux de défaillance est très inférieur pour les entreprises cédées :
| Â | Ensemble | De 10 Ã 19 sala | De 20 Ã 49 sal | De 50 Ã 249 sal | De 250 Ã 499 sal | |||||
| Entreprises | Cédées | Non cédées | Cédées | Non cédées | Cédées | Non cédées | Cédées | Non cédées | Cédées | Non cédées | 
| Taux défaillance | 3,1 | 11,4 | 1,7 | 12,7 | 4,4 | 10,7 | 4,7 | 8,2 | 3,5 | 5,9 | 
| Dont risque élevé | 1,9 | 8,2 | 1,1 | 7,7 | 2,6 | 5,1 | 2,4 | 5,1 | 3,5 | 4,0 | 
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Le repreneur idéal est plutôt le concurrent, une personne physique ou une société ; la cession envisagée à 1 ou 2 ans privilégie la personne physique, alors que celle à plus longue échéance, notamment pour les PME les plus importantes, priorisent davantage les enfants ou le conjoint :
| Cession | Concurrent | Personne physique | Société | Salariés de l’entreprise | Enfants, conjoint | Fonds d’investissement | Famille autre que conjoint, enfants | 
| Ã 1 ou 2 ans | 47 | 47 | 37 | 28 | 25 | 19 | 9 | 
| Ã moins de 10 ans | 47 | 41 | 37 | 30 | 34 | 16 | 7 | 
| De PME 50-249 sal, dirigeant de plus de 50 ans | 41 | 35 | 41 | 26 | 44 | 24 | 9 | 
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La quête du repreneur idéal… La famille, pourquoi non ?
– Dans la moitié des cas, mais plus souvent pour les petites entités, il y a absence de repreneurs potentiels dans la famille
– Il y a aussi la question du financement, notamment pour les jeunes dirigeants ou les petites entreprises
– Une proportion importante (30 %) cite également les difficultés d’une transmission équitable ou la complexité d’un pacte d’actionnaires
– Sans oublier la réticence à promouvoir auprès des enfants une qualité de vie jugée dégradée (une image beaucoup moins véhiculée par les dirigeants d’entreprises moyennes)
– Et la forte valorisation sociale d’un cursus d’études longues des enfants qui conduit à d’autres choix.
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Le prix, une question secondaire ?
La recherche d’un prix “acceptable” à régler entre experts : une valeur que le cédant dit bien connaître mais sur laquelle il est prêt à transiger dans 63 % des cas, notamment s’il est âgé. Si la transaction n’est pas placée sur le terrain purement financier, un compromis est souvent trouvé
•En contrepartie d’une assurance donnée sur la pérennité de l’entreprise (les emplois et/ou les valeurs de celle-ci…)
•Le cédant acceptera de consentir une réduction du prix pour accroître les chances de succès du repreneur jugé le plus apte. L’échange extra-économique est souvent étendu à la transmission d’un capital informel plus large (savoir-faire, réseau relationnel, confiance des parties prenantes…)
Ainsi, la plupart des cessions se révèlent être aussi des transmissions
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Prés de 70% des plus de 50 ans envisagent une décote sur le prix de cession de leur entreprise (entre 42 et 55% jusqu’à 20% ; peu au-delà ). Les dirigeants des plus petites entreprises envisagent plus souvent une décote sur le prix de cession, quelque soit l’âge du dirigeant ; par contre les moins de 50 ans des entreprises de 20 salariés et plus, envisagent moins souvent une décote (mais cette attitude changera pour les plus de 50 ans de ce groupe) :
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Décote envisageable sur le prix de cession Moins de 50 ans Plus de 50 ans 10 à 19 sal 20 à 49 sal 50 à 249 sal 10 à 19 sal 20 à 49 sal 50 à 249 sal Aucune 26 36 44 28 33 30 Moins de 10% 34 30 30 27 29 27 Entre 10 et moins de 20% 25 18 16 28 17 15 Entre 20 et moins de 30% 4 2 2 1 2 3 30% ou plus 4 1 2 4 2 4 NSP 7 12 7 11 17 20 
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Les dirigeants en passe de céder prochainement et les repreneurs en recherche de cédants disent faire face à plusieurs questions essentielles. Si celles-ci sont assez proches pour le cédant comme pour le repreneur ; ce dernier s’inscrit davantage dans la continuité de l’entreprise à assurer (motivation du personnel, portefeuille client), alors que le cédant s’inscrit plus dans l’accompagnement de son repreneur et la recherche du cadre fiscal et juridique le plus approprié)
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 Le cédant Le repreneur Trouver le repreneur ou le cédant de confiance 49 52 Assurer ou recevoir un accompagnement 39 23 Conserver la motivation du personnel 39 44 Maintenir le portefeuille client 27 33 Bien évaluer la valeur de l’entreprise 22 21 Trouver le cadre juridique fiscal le plus avantageux 19 12 
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Une altération du potentiel de croissance : les PME de moins de 50 salariés ou qui ont atteint une taille critique sur leur marché, privilégient en général la viabilité à la croissance ; de plus, au-delà de 55 ans, les dirigeants de PME ont tendance à amplifier ce comportement. Ils voient alors leur rentabilité économique et financière se dégrader parallèlement à un moindre recours aux dettes financières. De fait, 70 % des cédants à court terme préfèrent “stabiliser et consolider l’entreprise” plutôt “qu’engager des investissements pour développer” :
|  | Cessions envisagées | Repreneurs récents | ||||
| Le plus tard possible | Dans plus de 10 ans | Entre 6 et 10 ans | D’ici 3 à 5ans | D’ici 1 à 2 ans | ||
| Stabilisation et consolidation financière de l’entreprise | 50 | 55 | 51 | 61 | 70 | 49 | 
| Investissements pour le développement | 48 | 45 | 46 | 38 | 26 | 49 | 
| Ne sait pas | 2 | 1 | 3 | 1 | 4 | 1 | 
A partir de 45 ans, et bien plus à partir de 55 ans les dirigeants privilégient l’accroissement du patrimoine personnel (résidence secondaire, immeuble de rapport), alors que les revenus du foyer augmentent peu.
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Les repreneurs, pour leur part, font choix d’investir pour développer :
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 Taux d’investissement (Investissement/VA) Taux d’endettement (endettement financier brut/total bilan)  Taux élevé Taux médian Taux bas Taux élevé Taux médian Taux bas Avant la cession (2004) 39 26 35 31 32 37 Après la cession (2007) 50 19 31 48 25 27 
En conclusion, et au-delà des idées reçues :
– Des cessions plus nombreuses (12 315 en 2010) et plus multiformes que communément admis
– L’âge n’est pas le critère central de la cession-transmission
– Une forte montée des intentions de cession, supérieures aux réalisations (24% des dirigeants veulent céder d’ici à 2 ans et 49 % des 60 ans et plus)
– Une recherche du « repreneur idéal » mal anticipée et qui se prolonge, d’où un vieillissement accentué des dirigeants de PME
– Les PME dont le dirigeant est très âgé ne disparaissent pas, mais elles ont de moindres performances économiques
 
            