Méthodologie : TMO régions et CCI Haute-Savoie : l’originalité de cette méthode réside dans le fait qu’elle permet de quantifier tous les types de reprise, y compris celles par rachats de parts (qui n’étaient jusque-là prises en compte dansaucune statistique sur la transmission).
Deux sources de données : pour les reprises de fonds, le fichier des créations-reprises des CFE des CCI (listant les nouvelles immatriculations au RCS), et pour les rachats de parts, le fichier régional de la CCI de région (listant l’ensemble des entreprises immatriculées au RCS), dans lequel ont été sélectionnées celles dont le dirigeant a changé entre 2013 et 2014.
Une enquête téléphonique a été réalisée pour vérifier l’effectivité de ces reprises potentielles entre le 19 février et le 10 mars 2015, et a permis de récolter 1 586 questionnaires, soit un taux de retour de 46%. Les résultats ont été redressés par strates (type de transmission, activité et taille). Les entreprises dont le siège est hors région ont été écartées du périmètre de l’étude. Les transmissions familiales et les locations-gérances ont été identifiées dans les fichiers (ce qui a permis d’en estimer les volumes), mais écartées du champ de l’enquête. La caractérisation des reprises provient de l’analyse des 420 questionnaires faisant partie du périmètre de l’enquête sur la qualification de la reprise.
Ø Les reprises en 2014
En 2014, le marché de la transmission en Nord-Pas-de-Calais représente près de 1 800 reprises d’entreprises et 12 600 emplois. 45% des reprises ont été réalisées par rachat de parts, 42% en rachat de fonds et 13% via une location-gérance. Par ailleurs, près de 240 transmissions l’ont été dans le cadre familial (13% de l’ensemble des reprises).
Modes de reprises par |
Artois |
Côte d’Opale |
Grand Hainaut |
Grand Lille |
Reprises de fonds |
66 |
66 |
61 |
25 |
Rachats de parts |
28 |
18 |
26 |
62 |
Locations-gérances |
7 |
16 |
13 |
14 |
Le Grand Lille concentre 57% des reprises de la région, avec, dans plus de 6 cas sur 10, des reprises par rachat de parts ; à l’inverse, en Artois, sur la Côte d’Opale et en Grand Hainaut, c’est le rachat de fonds qui domine le marché (61% à 66%).
3 secteurs d’activité concentrent 77% des reprises : l’hôtellerie/restauration/cafés (530 reprises), le commerce de détail (450), les services aux entreprises/commerce de gros (400) ; l’industrie et la construction ne cumulent que 15% des reprises mais 30% des emplois concernés :
Commerce de détail |
Services entreprises Commerce de gros |
Hôtels restaurants |
cafés |
Construction |
Services personnes |
Industrie transports |
|
Répartition des entreprises reprises |
25 |
22 |
19 |
11 |
8 |
8 |
7 |
Répartition des emplois concernés |
22 |
26 |
10 |
5 |
11 |
7 |
19 |
Taux de reprise pour 1 000 entreprises |
14,9 |
7,3 |
36,8 |
63,0 |
7,4 |
3,7 |
11,6 |
Le taux de reprise (nombre de reprise comparé au nombre d’entreprise du secteur) est faible dans le secteur de la construction (7,4‰), alors que le taux de création d’entreprise y est un des plus élevés (17,4%) ; 2 autres secteurs ont un faible taux de reprise : les services à la personne (3,7‰) et les services aux entreprises/commerce de gros (7,3‰) ; ce taux est moyen pour le commerce de détail (14,9) ; il est élevé pour les hôtels/restaurants (36,8) et plus encore pour les cafés (63).
Les reprises par rachat de parts (moyenne de 45%) sont particulièrement importantes dans les secteurs de l’industrie/transport (81%), de la construction (74%) et des services aux entreprises/ commerce de gros (72%) ; ils possèdent par ailleurs les parts de transmissions familiales les plus élevées (de 19% à 21%, contre 13% en moyenne). A l’inverse, les reprises de fonds constituent la majeure partie des opérations de transmission dans les secteurs des débits de boisson (77%) et de l’hôtellerie-restauration (64%). Enfin, les locations-gérances sont utilisées dans une transmission sur cinq dans le secteur du commerce de détail (contre 13% en moyenne régionale).
Les entreprises de petite taille constituent la majorité des opérations de reprise : 79% sont le fait d’entreprise de 5 salariés au plus, mais les 6 salariés et plus ont les taux de reprise les plus élevés (entre 19,6 et 31,5) :
0 salarié |
1-5 salariés |
6-19 salariés |
20-99 salariés |
100 salariés et plus |
|
Nombre de reprises |
909 |
513 |
237 |
95 |
23 |
Taux de reprise pour 1 000 entreprises |
8,2 |
14,2 |
19,6 |
21,3 |
31,5 |
Les plus petites font majoritairement l’objet d’une reprise de fonds (56%), alors que la quasi-totalité des transmissions d’entreprises de 100 salariés et plus se fait par rachat de parts (94%) ; mais la reprise par rachat de parts n’est pas négligeable, même parmi les plus petites entreprises (32% des entreprises sans salarié ; 50% des 1 à 5 salariés), notamment dans les services aux entreprises/commerce de gros (71%), et 62% dans l’industrie/transport et la construction.
Portrait-robot de l’entreprise reprise :
L’entreprise reprise est majoritairement composée d’un établissement (91%) ; elle appartenait pour 67% à un seul dirigeant, 27% à un groupe d’associés et 6% à une autre entreprise ou à un groupe.
31% des repreneurs estiment avoir repris une entreprise connaissant des difficultés économiques, parmi elles 8% faisaient l’objet d’une procédure légale de redressement ou de liquidation judiciaire (39% pour les cafés et 36% dans l’hôtellerie-restauration).
La taille moyenne de l’entreprise reprise est de 6,2 salariés (de 17,6 salariés en moyenne pour l’industrie-transport à 3,5 salariés pour les débits de boisson), avec des chiffres d’affaires fort différents (en moyenne 649K€) :
Industrie transports |
Construction |
Services aux entreprises Commerce de gros |
Services à la personne |
Commerce Détail |
Hôtel restaurant |
cafés |
|
Nombre moyen de salarié |
17,6 |
10,7 |
8,2 |
6,8 |
6,2 |
3,6 |
3,5 |
Chiffre d’affaires moyen en K€ |
1 709 |
1 177 |
719 |
314 |
859 |
380 |
277 |
Ø Le profil des repreneurs (base : 367 répondants)
Les femmes représentent 25 à 30% des repreneurs et sont davantage présentes dans les services à la personne, les débits de boisson, l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail ; elles sont assez mal représentées dans les autres activités.
Les repreneurs sont avant tout motivés par leur épanouissement (31% être indépendants, 24% travailler dans un secteur qui leur tient à cœur, 21% le plaisir d’entreprendre, 17% relever un défis), un peu moins pour des motivations économiques (25% investir et gagner de l’argent, 18% développer une entreprise qui existe déjà, 14% sortir du chômage).
Les niveaux de formation différent selon les secteurs d’activité : si en moyenne 47% ont un niveau d’études supérieures, ils sont 64% dans l’industrie, 74% dans les services aux entreprises/commerce de gros et 87% dans la construction :
Construction |
Services aux entreprises Commerce de gros |
Industrie transports |
Services à la personne |
Commerce détail |
HCR |
Cafés |
|
Au-delà du bac |
87 |
74 |
64 |
42 |
42 |
39 |
31 |
Bac |
2 |
15 |
10 |
26 |
19 |
15 |
30 |
Inférieur au bac |
11 |
11 |
26 |
32 |
39 |
46 |
39 |
69% des repreneurs n’ont jamais été en poste dans l’entreprise qu’ils ont reprise, mais 68% ont déjà travaillé dans le secteur dans lequel est située l’entreprise (35% pendant 10 ans, 25% pendant 3 à 10 ans).
41% étaient salariés (surtout employés ou ouvriers), 31% chefs d’entreprise et 24% en situation de chômage ; noter que 36% ont déjà eu une ou plusieurs expériences de création d’entreprise et 18% de reprise.
Les profils par secteur différent (le nombre de répondants ne permet pas d’aborder tous les profils) :
Hôtellerie-restauration |
Débits de boisson |
Commerce de détail |
Services aux entreprises/Commerce de gros |
||
Le connaisseur |
Le franc-tireur |
L’indépendant |
Le développeur |
||
Connaissance du secteur |
31% y ont travaillé de 3 à 10 ans, 33% plus de 10 ans |
48% n’y ont jamais travaillé |
20% y ont travaillé de 3 à 10 ans, 48% plus de 10 ans |
NS |
|
Expérience entrepreneuriale |
43% ont déjà créé une entreprise |
22% ont déjà créé une entreprise |
34% ont déjà créé une entreprise |
47% ont déjà créé une entreprise |
|
Travaillait dans l’entreprise reprise |
14% |
5% |
31% |
62% |
|
Diplômes spécialisés (On retient les modalités choisies par au moins 10% des répondants) |
25% de CAP/ BEP 21% de BTS/DUT 16% n’ont aucun diplôme |
25% de CAP/BEP 23% de bac général 15% de BTS/DUT 14% n’ont aucun diplôme 12% de bac +3 ou +4 |
28% de CAP/BEP 19% de BTS/DUT 10% de bac techno ou pro 10% de bac +3 ou +4 |
23% de BTS/DUT 19% de bac+3 ou +4 16% de DU du 3ème cycle 13% de bac général |
|
RAISONS DE LA REPRISE |
Etre indépendant |
29% |
27% |
40% |
17% |
Plaisir d’entreprendre |
26% |
13% |
23% |
16% |
|
Créer son propre emploi |
16% |
31% |
8% |
4% |
|
Développer une entreprise |
11% |
8% |
14% |
39% |
Ø Le profil des cédants (305 répondants)
52% des cédants étaient à l’origine de la création de l’entreprise et 48% d’entre eux avaient été les repreneurs des entreprises qu’ils cèdent aujourd’hui, mais avec de fortes différences par secteur :
entreprise |
Services aux entreprises Commerce de gros |
Construction |
Services à la personne |
Industrie transports |
Hôtels Restaurants |
Commerce de Détail |
Cafés |
Créée par le cédant |
82 |
75 |
62 |
57 |
48 |
44 |
23 |
Déjà reprise par le cédant |
18 |
25 |
38 |
43 |
52 |
56 |
78 |
L’ancienneté du dirigeant (plus de 20 ans dans l’entreprise) est élevée dans les secteurs des services à la personne, l’industrie-transport et la construction avec respectivement 35%, 29% et 27%, alors que dans l’hôtellerie/restauration 48% y ont moins de 5 ans.
Les raisons connues de la cession conjuguent départ en retraite (41%), repositionnement économique (27% dont 18% création ou reprise d’une autre entreprise, 9% reprise d’un emploi salarié), redressement économique (19%), raisons personnelles (15%) dont maladie/décès (9%).
Ø Les modalités de reprise
La reprise est principalement facilitée par la connaissance préalable de l’entreprise via le réseau, qu’il soit professionnel ou amical (42% et 49% dans l’hôtellerie et la restauration) ; dans l’industrie, la reprise est majoritairement une entreprise dans laquelle le repreneur travaillait déjà (48%), alors que la prospection directe est peu développés (8%).
Relations professionnelles, amicales |
Reprise de l’entreprise où ils étaient salariés |
annonce |
Cabinet spécialisé |
Prospection directe |
Autre |
42% |
21 |
14 |
9 |
8 |
9 |
Pour 64% des repreneurs, l’entreprise était déjà à vendre lors du 1er contact avec le cédant ; toutefois, dans l’industrie/transports et la construction, l’entreprise n’était pas à la vente lors du 1er contact (respectivement 70 et 72%).
62% des chefs d’entreprise l’ont trouvée via leurs relations professionnelles ou amicales (contre 42% en moyenne) ; les personnes au chômage depuis moins d’un an utilisent davantage les cabinets spécialisés (24% contre 9% en moyenne) et les annonces (31% contre 14% en moyenne) ; les chômeurs de longue durée ont davantage recours à de la prospection directe (18% contre 8% en moyenne).
Une transmission sur dix est réalisée via la création d’une holding : 24% des transmissions par rachat de parts, et par ailleurs 31% des entreprises de 6 à 19 salariés.
Pour financer la reprise, 84% ont eu recours à des apports personnels, 69% à un emprunt bancaire, 17% à un prêt d’honneur, 12% à d’autres sources (dont aides d’Etat et régionales) et 9% par un crédit du cédant.
Les apports personnels sont relativement moins présents dans la construction (65%), les services aux entreprises/commerce de gros (67%) et l’industrie/transport (71%), mais davantage utilisés dans les reprise de fonds (88%) et moins dans les rachats de parts (75%).
Le recours à l’emprunt bancaire est moins fréquent dans le secteur services aux entreprises/ commerce de gros (47%), ainsi que dans les entreprises sans salarié (59%, contre 74% pour les entreprises de 1 à 19 salariés) ; à l’inverse, il est très répandu dans les reprises de fonds (82%, contre 46% pour les rachats de parts).
Les associations de prêts d’Honneur sont surtout importantes pour les secteurs de la construction et des services à la personne (respectivement 33% et 30% des repreneurs) mais sont très peu utilisés dans le cadre d’un rachat de parts (7%).
Enfin, 21% des repreneurs ont recours à un financement par apports personnels uniquement, notamment dans les services aux entreprises/commerce de gros (38%), dans l’industrie/transport (30%) et par ailleurs dans le rachat de parts (38%, contre 11% pour les fonds), et les entreprises sans salarié (28%).
Le prix moyen de cession constaté lors de cette enquête est de 204 k€ ; Il est plus important dans le secteur de l’industrie/transport, la construction ; il est faible dans le secteur des services à la personne ; les reprises par rachat de parts impliquent des montants beaucoup plus importants que pour les reprises de fonds (268 k€ contre 172 k€)).
Industrie transports |
construction |
Commerce de détail |
Hôtels Restaurants |
Cafés |
Services aux entreprises commerce de gros |
Services à la personne |
|
Montant en K€ |
384K€ |
303 |
244 |
202 |
190 |
130 |
90 |