Méthodologie : Interrogation par voie numérique de 3 642 dirigeants de PME/TPE du 22 août au 3 septembre 2024. L’analyse porte sur les 1 105 premières réponses jugées complètes et fiables reçues.Â
Champ : PME/TPE des secteurs marchands non agricoles, de 1 à moins de 250 salariés et réalisant moins de 50 M€ de chiffre d’affaires.
J’ai regroupé dans cet article les 4 travaux de conjoncture afférents directement à l’évolution des entreprises (Bpifrance, U2P, et Banque de France et Insee).
La situation est en légère dégradation.
51% des répondants estiment que le climat d’incertitude politique a un impact négatif fort sur l’activité de leur entreprise, 34% un impact modéré et 18% pas d’impact spécifique. Par contre, 44 et 51% des chefs d’entreprise qui avaient des projets d’investissement et/ou d’embauches, les ont maintenus en dépit du climat d’incertitude politique. 38 et 28% respectivement déclarent en revanche les avoir reportés, 20 et 21% les avoir annulés.
A titre de comparaison, ces proportions sont proches de celles qui avaient été relevées à l’automne 2020 au début de la seconde phase du confinement.
♦ Trésorerie légèrement dégradée :
La situation s’est légèrement dégradée depuis la précédente enquête réalisée en mai 2024 : si 12% des dirigeants font part d’une amélioration (proportion stable), 32% parlent d’une dégradation. Par ailleurs, 32% jugent leur trésorerie difficile (proportion stable).Â
27% anticipent une dégradation de leur trésorerie à court terme et 11% anticipent une amélioration.
Le solde d’opinion relatif aux délais de paiement des clients s’érode à nouveau légèrement après le point haut atteint fin 2023, mais reste supérieur à son niveau moyen historique ; celui relatif aux délais de paiement des fournisseurs baisse un peu plus.
♦ Accès au crédit, légèrement plus difficile :Â
66% ont eu recours au crédit pour financer leur exploitation courante, une proportion un peu plus forte qu’en mai dernier (+2 points) mais qui demeure sensiblement inférieure à sa moyenne d’avant pandémie (74% sur la période T1 2018 – T4 2019).
Parmi elles, 20% déclarent avoir rencontré des difficultés d’accès au financement courant vs 18% (moyenne d’avant pandémie).
♦ Le financement des investissements : 75% ayant l’intention d’investir au cours de l’année 2024 ou l’ayant déjà fait, auraient recours au crédit (une proportion nettement inférieure à sa moyenne pré-Covid 82%). 15% signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les établissements de crédit (identique à la moyenne pré-Covid).
♦ Investissement en baisse :Â
46% des dirigeants de PME / TPE ont investi ou comptent investir en 2024, vs 57% en T3 2023.Â
36% de eux qui envisagent d’investir ou ont investi réduisent leur budget dédié à ces dépenses alors que 21% disent l’avoir augmenté ou envisagent de le faire (-2 points).
Les 2 priorités des investissements sont sans changement : pour 75% il s’agit du renouvellement d’équipements usagés ou obsolètes et pour 65% de la modernisation des équipements et installations.
Par contre les investissements en faveur d’une démarche environnementale paraissent les plus impactés par la baisse (36% vs 41 en mai dernier et de 47 en février).
Viennent ensuite l’introduction de nouveaux produits ou services (36%), l’extension de la capacité de production, de vente ou d’accueil (32%) et la mise aux normes (29%), les deux premiers étant en progression ce trimestre. Les objectifs de nouvelle implantation diminuent à nouveau assez nettement (15%).
♦ Les freins à la croissance.Â
49% citent les perspectives dégradées de la demande (en nette hausse) et 49% les difficultés de recrutement (plutôt en légère baisse).
De fait, 55% estiment que la demande bride leur activité, soit d’ores et déjà (20%), soit en perspectives (49%).Â
Dans le même temps, la concurrence est mentionnée par 31% (+2 points), devant les coûts et prix trop élevés (27%, mais en baisse de 14 points sur un an, encore largement supérieure à sa moyenne pré-pandémie de 18%).Â
A noter que la proportion de chefs d’entreprise évoquant un outil de production de trop petite taille pour soutenir l’activité n’a jamais été aussi faible (4%).Â
La réglementation spécifique à l’activité est citée par 18%, les fonds propres insuffisants (14%) et le difficile accès au financement (10%) ; ces 3 freins sont perçus comme stables.
Par ailleurs, 43% déclarent faire face à des difficultés d’approvisionnement (y compris hausse de prix/coûts). Cette proportion est au plus bas depuis que la question est posée. : 26% n’y sont pas confrontés et seuls 19% jugent que ces difficultés affectent réellement leur activité.
31% estiment que ces difficultés se seront résorbées d’ici un an, 34% jugeant l’horizon plus lointain, alors que 35% sont incertains quant à cet horizon.
♦ Prix de vente en hausse plus modérée.
28% prévoient d’augmenter ou ont augmenté leurs prix de vente en 2024, nettement moins qu’en début d’année (36% anticipaient d’augmenter leur prix début 2024). 59% prévoient de maintenir leurs prix et 13% de les baisser.
43% des dirigeants prévoyant d’appliquer une hausse de leur prix de vente cette année déclarent qu’elle sera supérieure à celle de 2023 (55% en 2023 par rapport à 2022).15% pensent qu’elle sera inférieure.
♦ Des salaires en hausse.
58% prévoient d’augmenter ou ont augmenté le salaire de leurs collaborateurs en 2024 ; ils étaient 64% à anticiper une telle augmentation en début d’année.
L’évolution salariale moyenne serait de +2,1% en 2024 vs +3,4% en 2023 et +3,9% en 2022.Â
♦ Evolution des marges.
Les hausses de salaires anticipées en 2024 dépasseraient celles des prix (+2,1% vs +0,3%).
52% des dirigeants anticipent une croissance des salaires supérieure à celle de leurs prix de vente vs 31% une croissance similaire et 17% une croissance inférieure.
Dans ce contexte, 46% anticipent une réduction de leur marge nette cette année (31% en légère baisse et 15% une franche baisse) ; 17% prévoient à l’inverse une amélioration de leur marge nette en 2024, et 36% une stabilisation (vs 41% en février dernier).
Les perspectives d’évolution de la marge nette en 2024 sont mieux orientées chez les entreprises prévoyant d’augmenter leurs prix de vente (31% anticipent une hausse de leur marge nette et 30% une baisse) que chez celles prévoyant de maintenir leurs prix de vente inchangés (14% anticipent une hausse et 45% une baisse). Â
Pour en savoir davantage : http://www.rexecode.fr/public/Indicateurs-et-Graphiques/Enquete-Tresorerie-Investissement-et-Croissance-des-PME
⇒ La conjoncture selon U2P (entreprises de proximité)
La baisse de chiffres d’affaires des entreprises de proximité s’est accentuée au cours du second trimestre 2024 : -1,4% en volume à un an d’intervalle contre -1,1% en début d’année et -1,5% sur les 12 derniers mois.
Les entreprises de la construction ont été les plus impactées (-3%), devant celles de l’alimentation (-1,9%) tandis que les professions libérales connaissaient une moindre dégradation (-0,8%), tout comme les entreprises de fabrication et de services autres que libéraux (-0,3%), grâce aux bonnes performances des artisans de la fabrication.
Les entreprises sans salarié ont enregistré une chute de 3,9% tandis que les entreprises employant plus de dix salariés parvenaient à limiter le repli (-0,4%).
La trésorerie des entreprises de proximité s’en est trouvée un peu plus fragilisée : 22% ont fait état d’une hausse des détérioration (vs 16% il y a 3 mois).
Toutefois, 16% de celles qui comptent au moins un salarié ont embauché au cours du 1er semestre 2024, à l’identique du premier semestre 2023. Le nombre moyen de salariés embauchés a légèrement reculé pour s’établir à 1,6, contre 1,7 au premier semestre 2023.
La dynamique d’embauche a été nettement positive dans l’artisanat et le commerce alimentaire de proximité (21% ; +4 points) ainsi que dans les HCR (29% ; +4 points). La stabilité a prévalu dans l’artisanat du bâtiment (13%) alors que le niveau d’embauche s’est replié au sein des professions libérales de la santé (8% ; -3 points).
Le pourcentage d’entreprises qui ont connu des difficultés de recrutement a progressé (27%, +3 points) au cours de ce premier semestre 2024, avec 67% des chefs d’entreprise qui ont regretté une absence de candidatures et 60% qui ont accusé le manque de qualification des postulants. Enfin, les intentions d’embauche au cours du semestre à venir sont en recul (8% versus 10% en 2023). En revanche, le nombre moyen de salariés recrutés devrait rester stable au second semestre 2024 (1,4).
Pour en savoir davantage : https://u2p-france.fr/sites/default/files/24.07.25.conjoncture.pdf
⇒ La conjoncture selon la banque de France :
Selon les chefs d’entreprise participant à l’enquête (environ 8 500 entreprises ou établissements interrogés entre le 28 août et le 4 septembre), l’activité a progressé en août dans l’industrie, et plus fortement dans les services marchands, en partie en raison des Jeux olympiques de Paris, alors qu’elle est en léger repli dans le bâtiment.Â
D’après les anticipations des entreprises pour septembre, l’activité est attendue en légère hausse dans l’industrie et les services, et évoluerait peu dans le bâtiment.
La modération des prix de vente se poursuit.
Les difficultés de recrutement remontent légèrement ce mois‑ci : 36% des entreprises les mentionnent en août (après 33% en juillet). Cette hausse est le fait des services marchands.
Pour en savoir davantage : https://www.banque-france.fr/fr/actualites/enquete-mensuelle-de-conjoncture-debut-septembre
⇒ La conjoncture selon l’Insee
L’activité économique française a progressé de +0,2% au 2éme trimestre 2024, alors que la demande intérieure est à l’arrêt pour le 3éme trimestre consécutif : la consommation des ménages est restée atone (+0,1%), tandis que l’investissement a reculé, pour les entreprises (-0,5%) comme pour les ménages (-1,1%) ; les dépenses publiques constituent la seule source de dynamisme de la demande intérieure.
Le commerce extérieur a continué de soutenir l’activité : les exportations ont progressé modérément (+0,4%) tandis que les importations se sont stabilisées (+0,1%), après 3 trimestres de repli.
la désinflation se poursuit, à un rythme plus rapide que prévu : +1,9% en août 2024, après +2,3% en juillet.Â
L’emploi a légèrement diminué dans le secteur privé, notamment dans l’intérim et la construction, mais a poursuivi sa hausse dans la fonction publique.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8251920