Si la reprise a été plutôt favorable en juin et juillet, elle a été plus modeste en août et devrait se poursuivre au dernier trimestre, avec toutefois les incertitudes du rebond de la crise sanitaire, les sorties progressives des aides publiques, et une confiance des consommateurs réduite, privilégiant l’épargne de précaution à l’achat.
⇒ En 2020, le PIB français reculerait d’environ 9%
Les chiffres de croissance du troisième trimestre devraient témoigner d’une croissance à deux chiffres (+ 17%), la perte d’activité économique chiffrant environ –5% par rapport au niveau d’avant-crise, après –19% au deuxième trimestre, mais dans les prochains mois, le redressement serait plus lent pour aboutir à un perte de 4% et donc un faible rattrapage.
L’activité reviendrait, en fin d’année, à environ 96% (+/–2 %,) de son niveau d’avant crise, sous l’hypothèse de stabilité des dispositions sanitaires.
⇒ Au second semestre 2020, l’emploi salarié se stabiliserait mais le taux de chômage augmenterait nettement
715 000 emplois salariés ont été perdus au premier semestre 2020, soit un recul de l’emploi de 2,3% en glissement annuel. Au début du confinement, c’est surtout l’intérim qui a essuyé les plus lourdes pertes, avant de rebondir avec le déconfinement.
Au second semestre, le rebond de l’activité se traduirait par un rebond modéré de l’emploi dans la plupart des secteurs, sauf les plus affectés par la crise sanitaire. Au total, l’emploi salarié serait quasiment stable au second semestre, mais le taux de chômage augmenterait nettement, après une baisse en trompe-l’oeil pendant le confinement où un grand nombre de personnes sans emploi avaient interrompu leurs recherches. Il pourrait atteindre de l’ordre de 9,5% de la population active en fin d’année.
Dans la zone euro, l’emploi a beaucoup moins reculé que l’activité économique. En Allemagne, le nombre d’emplois détruits au 2éme trimestre 2020 serait de 566 000, soit une baisse de 1,3% après +0% au 1er trimestre. En France, l’emploi salarié aurait affiché une destruction nette de 500 000 au 1er trimestre puis 215 000 au 2éme trimestre (soit des baisses de 2% au 1er trimestre puis 0,9% au 2éme). En Italie, après 101 000 emplois détruits au 1er trimestre, les destructions se seraient élevées à 479 000 emplois entre avril et juin (soit une baisse de 2,1%). En Espagne, les destructions nettes d’emplois ont atteint 195 000 emplois au 1er trimestre puis 1 521 000 emplois au 2éme trimestre, correspondant à des baisses successives de 1% et 7,5%, bien plus que dans les trois autres pays européens. En revanche, au Royaume-Uni, où la mise en place des mesures de restrictions s’est faite plus tardivement que dans les autres pays européens, la création nette de 211 000 emplois au premier trimestre compense presque intégralement la destruction nette de 220 000 emplois (–0,7%) au 2éme trimestre. L’économie américaine a pour sa part détruit plus de 20 millions d’emploi au mois d’avril (–13,8 %), mais il a rebondi depuis (+10,6 millions d’emploi cumulés entre mai et août), effaçant une partie de ses pertes.
⇒ Pendant le confinement, les revenus des ménages ont beaucoup moins chuté que l’activité
Quand l’activité économique baissait de près de 14% sur le trimestre, les revenus des ménages ne diminuaient « que » d’un peu plus de 2%, soutenus par différents dispositifs dont le recours à l’activité partielle. Dès le mois de juin, la consommation des ménages en biens a dépassé son niveau de février, certes en partie sous l’effet d’achats qui n’avaient pas pu être effectués pendant le confinement.
Ainsi après avoir nettement rebondi en mai puis en juin, la consommation des ménages se serait maintenue, aux mois de juillet et août, à un niveau proche de celui d’avant-crise. Du côté des services, les dépenses des ménages auraient poursuivi leur rattrapage, notamment dans la restauration et l’hôtellerie, même si certaines dépenses se situeraient encore nettement en deçà (services de transport par exemple, dont l’aérien). La consommation totale des ménages progresserait de +19% au 3éme trimestre 2020, après la chute de 12% au trimestre précédent.
⇒ Le risque d’un choc de demande
Depuis l’été, les enquêtes de conjoncture pointent le risque d’un choc significatif de demande, les entreprises étant nombreuses à craindre des pertes de débouchés. Dans l’industrie, les carnets de commandes – en particulier venant de l’étranger – ne se regarnissent que lentement. Et la confiance des ménages dans la situation économique reste inférieure à son niveau d’avant crise. Le bond de l’épargne enregistré pendant le confinement peut certes contribuer à soutenir la demande dans les prochains trimestres, mais son utilisation reste incertaine à ce stade : il provient en effet non pas d’un surcroît de revenu, mais d’une consommation ponctuellement entravée, et peut se transformer en épargne de précaution.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4473296