Sources : enquête sur les technologies de l’information et de la communication dans les entreprises (TIC-entreprises), réalisée début 2024 auprès d’un échantillon d’environ 10 500 entreprises implantées en France hors Mayotte, de 10 personnes occupées ou plus (salariés et non-salariés) des secteurs principalement marchands hors secteurs agricole, financier et d’assurance.
Des enquêtes analogues ont été menées dans tous les pays européens. Les concepts et les questionnaires sont harmonisés au niveau européen.
Définition : les systèmes d’intelligence artificielle peuvent être exclusivement logiciels, par exemple chatbots et assistants virtuels d’entreprise fondés sur le traitement automatique du langage naturel, logiciel de traduction automatique, systèmes de reconnaissance faciale fondés sur la vision par ordinateur ou des systèmes de reconnaissance de la parole, analyse de données fondée sur de l’apprentissage automatique (machine learning) ;
Ou bien intégrés à des appareils tels robots autonomes pour l’automatisation des entrepôts ou des travaux d’assemblage et drones autonomes pour la surveillance de la production.
Quelles entreprises, quelles technologies, pour quels usages l’IA ?
En 2024, 10% des entreprises Françaises de 10 salariés ou plus déclarent utiliser au moins une technologie d’intelligence artificielle, contre 6% en 2023.
⇒ Quelles entreprises ont recours à l’IA ?
♦ L’usage de l’IA est fortement lié à la taille de l’entreprise : 9% des entreprises de moins de 50 salariés y ont recours, 15% des entreprises de 50 à 249 salariés et 33% de celles de 250 salariés ou plus.
Les entreprises utilisant l’IA concentrent 49% du chiffre d’affaires total et 40% de l’emploi total (contre respectivement 40 et 31% en 2023).
L’impact de la taille de l’entreprise pour l’adoption de l’IA s’observe dans tous les pays.
♦ En matière d’activité et par ordre décroissant :
– Les entreprises du secteur de l’informatique et de la communication (avec notamment, l’édition littéraire et musicale, les activités audiovisuelles, les télécommunications, l’informatique et les activités liées à l’Internet) sont de loin les plus utilisatrices : 42% (+12 points par rapport à 2023).
– Les services aux entreprises (les activités juridiques, comptables, de gestion, d’architecture, d’ingénierie, de contrôle et d’analyses techniques et la R&D) avec 17% (+3 points),
– Alors que l’IA est peu répandue dans la construction (3%), les HCR (5), et le transport et entreposage (5) ; bien que peu utilisé encore, ce recours s’est davantage développé dans les activités immobilières (14, +7 points), le commerce (10, +6 points), les services aux entreprises de type administratif et conseil de gestion (11, +5 points), mais peu dans l’industrie manufacturière (7, +2 points).
♦ Au final une entreprise du secteur de l’informatique et de la communication a 3,9 fois plus de chances d’utiliser l’IA qu’une entreprise de l’industrie manufacturière, et une entreprise de 250 salariés 2 fois plus de chances d’utiliser l’IA qu’une entreprise de moins de 50 salariés.
Les entreprises appartenant à une firme multinationale ont 1,6 fois plus recours à l’IA que les autres entreprises (indépendantes et celles appartenant à un groupe de sociétés présentes uniquement sur le territoire français).
♦ L’usage de l’IA par les entreprises françaises est moins fréquent que dans l’ensemble de l’Union européenne (13% en 2024 et 8 en 2023). Par ailleurs, la pratique de l’e-commerce ou le fait de posséder un site web reste également moins fréquent en France que dans l’UE.
Mais la hiérarchie par catégorie de taille et de secteur de l’usage de l’IA sont similaires en France et en UE, avec un recours à l’IA plus élevé en UE quels que soient la taille ou le secteur de l’entreprise.
De fortes disparités existent cependant entre les 27 pays de l’UE : l’utilisation de l’IA est bien moins répandue dans la plupart des pays d’Europe de l’Est (Roumanie, Pologne, Bulgarie et Hongrie, de 3 à 7%), et beaucoup plus fréquente, au moins deux fois plus qu’en France, dans les pays du nord de l’Europe (Allemagne, Danemark, Suède, Finlande, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg, de 20 à 28%) .
Enfin, une plus forte présence d’ingénieurs et de cadres techniques accroît les chances qu’une entreprise adopte l’IA : les entreprises dont leur part dépasse 15% ont ainsi 2,2 fois plus de chances de faire usage de l’IA que les autres.
⇒ Les technologies les plus répandues
♦ Sont celles réalisant des analyses du langage écrit (44%), celles d’apprentissage automatique (machine learning), celles pour l’analyse de données (41%) ; 1/3 mobilisent des technologies automatisant différentes tâches ou assistant dans la prise de décision, et 32% des technologies générant du langage parlé ou écrit ; ces dernières technologies sont celles qui ont le plus progressé en un an (+13 points) avec celles qui convertissent du langage parlé en un format lisible par une machine (27%, +5 points) et enfin, les technologies permettant le mouvement physique des machines (robots autonomes par exemple) sont déclarées par 7% des entreprises ; leur usage a peu évolué en un an.
♦ Toutes les technologies d’IA sont davantage répandues au sein des entreprises de 250 salariés ou plus ; le type de technologies utilisées varie selon la taille de l’entreprise.
Parmi les entreprises de moins de 250 salariés utilisant l’IA, l’analyse de langage écrit arrive en tête (40%), devant le machine learning. Dans les plus grandes entreprises, c’est le contraire : les technologies d’apprentissage automatique sont les plus répandues (58%) devant celles d’analyse de langage écrit (53).
♦ Les technologies utilisées varient également d’un secteur à l’autre. Les entreprises de l’informatique et communication utilisent majoritairement les technologies d’apprentissage automatique, et celles réalisant des analyses de langage écrit ou générant du langage parlé ou écrit. Dans le secteur des activités immobilières, une entreprise sur deux utilise les technologies générant du langage parlé ou écrit, tandis que l’usage du machine learning y est plus limité.
Une entreprise sur deux des services aux entreprises mobilise les technologies réalisant des analyses de langage écrit.
Les entreprises des secteurs de l’industrie et des transports se caractérisent par un usage plus courant des technologies qui permettent le mouvement physique des machines par des décisions fondées sur l’observation de son environnement (robots autonomes, véhicules autonomes, drones autonomes, etc.) : une entreprise sur six utilisant l’IA. Par ailleurs, une entreprise sur trois dans ces deux secteurs a recours à de l’intelligence artificielle pour automatiser différentes tâches ou assister la prise de décision (logiciel d’automatisation des processus robotisés fondé sur de l’intelligence artificielle).
♦ L’usage de l’IA par les entreprises va de pair avec l’utilisation des autres technologies numériques. Elles sont 8% à utiliser des technologies de réalité augmentée, réalité virtuelle ou réalité mixte, contre 2% pour les entreprises qui n’utilisent pas l’IA. De fait, 40% des utilisatrices ont connu au moins un incident de sécurité informatique, une destruction ou une altération de données, ou la divulgation de données confidentielles, contre 23% pour les autres.
♦ Parmi les entreprises qui utilisent au moins une technologie d’IA, 46% emploient du personnel spécialisé vs 13 parmi celles qui n’utilisent pas l’IA.
⇒ Des finalités très diverses :
marketing, production, administration, comptabilité, organisation, R&D et sécurité informatique.
Parmi les entreprises qui utilisent l’IA :
– 28% la mobilisent pour le marketing ou les ventes (+11 points en un an), mais plus d’une entreprise sur deux dans les activités immobilières,
– 27% pour les processus de production ou de services (+7 points), davantage les entreprises du secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques,
– 25% pour la comptabilité, le contrôle de gestion ou la gestion financière (mais en recul de 6 points)
– 24% pour l’organisation des processus d’administration (+13 points),
– 23% pour la R&D et l’innovation (+0 point), mais une entreprise sur deux du secteur de l’informatique et de la communication,
– 21% pour la sécurité informatique (-1 point), davantage dans le transport et l’entreposage,
– 6% pour la logistique (+3 points).
⇒ L’acquisition des technologies d’IA
via l’achat de logiciels ou systèmes du commerce prêts à l’emploi concerne 69% des utilisatrices alors que dans une proportion de 23 à 29%, les entreprises passent par des contrats avec des prestataires (mais prés de 60% dans les HCR), ou en les développant en interne. Plus rarement (14%), elles achètent des logiciels ou systèmes d’IA du commerce qui sont ensuite modifiés en interne par leurs employés (notamment dans les entreprises de l’informatique et de la communication).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8604126