Fin 2022, en France, 4,354 millions de personnes sont des chefs d’entreprise “indépendants”.


"Emploi et revenus des indépendants", Insee Références édition 2025", lu juin 2025

 Source : la base non‑salariés produite par l’Insee fournit des données sur les non‑salariés, y compris les micro‑entrepreneurs mais hors les aides familiaux.

Cette base est issue de deux sources administratives gérées par :
• La caisse nationale de l’Urssaf (Union de Recouvrement pour la Sécurité Sociale et les Allocations Familiales), ex‑Acoss, qui recouvre les cotisations sociales et la CSG‑CRDS assises sur les revenus des non‑salariés non agricoles,
• La caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA), qui collecte les cotisations sociales et la CSG‑CRDS assises sur les revenus des non‑salariés agricoles.

 

Quelques éléments pour mieux comprendre ces données : 

Une de difficultés dans l’analyse de ces donnés est le fait que le nombre d’entreprises diffère selon les différents auteurs, sans entacher les ordres de grandeur.

L’Insee a par ailleurs regroupé certaines activités de façon inhabituelle : dans les services aux entreprises on trouve aussi l’informatique et les activités financières et immobilières, dans les services au particuliers l’éducation et les HCR, et dans le commerce, le commerce de bouche (classé par ailleurs dans l’industrie).

 

Le terme “indépendant” peut prêter à confusion : il est utilisé ici plutôt comme un terme “sociologique” pour signifier la différence avec les salariés, alors que dans l’approche cotisations sociales, il exclue les salariés chefs de leur entreprise. Il en est de même du terme classique qui dans l’étude se rapporte aux entreprises individuelles autres que la microentreprise, alors que l’Insee par ailleurs utilise le terme classique pour cumuler les entreprises individuelles autres auxquelles on ajoute les sociétés ; pour prendre recul avec ce risque de confusion, j’utiliserais ici les termes entreprise individuelle autre ou selon,  non-salarié hors ME à la place du terme classique utilisé ici par l’Insee.

 

Une approche de leur nombre et de leurs revenus selon leurs caractéristiques.

 

♦ L’Insee classe les indépendants de 2022 en 3 groupes (base de  3,937 millions, hors le secteur agricole)

Celui des entreprises individuelles avec 1 757 000 ME (microentrepreneurs) et 940 000 entrepreneurs individuels autres (au total 68,5% des entreprises),

Celui des SARL dont 900 000 gérants majoritaires non-salariés et 48 000 gérants minoritaires salariés (ou 24%), 

– Celui des SA, SAS ou autres avec 294 000 chefs d’entreprise salariés (7,5%).

Soit 68,5% pour les entreprises individuelles et 31,5% pour les sociétés.

 

Ou encore selon 2 autres modalités : les non salariés au nombre de 3,596 millions (91% des chefs d’entreprise) et les dirigeants salariés avec 0,341 million (9%).

 

Parmi les non-salariés, les ME sont à égalité avec les non-salariés non ME (49% vs 51) ; ces derniers sont davantage présents dans industrie (64,5%), les activités de services (62%), et le transport (60%). et peu dans la santé (16%).

♦ Le choix du statut dépend du secteur  d’activité ainsi que de la taille de l’entreprise : dans la santé et l’action sociale, 76% ont opté pour le statut d’entrepreneur individuel autre, alors que le statut de « gérant majoritaire de société » est surtout présent dans le commerce (37%) et la construction (32%), alors que dans les transports, il s’agit plus souvent de microentrepreneur (56%). Enfin, les dirigeants salariés sont surreprésentés dans le transport (18%), le  commerce (12%) la construction (12%), ou les services aux entreprises et services mixtes (11%).

♦ Les femmes sont davantage minoritaires parmi les dirigeants salariés (23%), vs chez les non‑salariés (41%), et même 48% dans les entreprises individuelles.

♦ Les âges : 59% des non salariés hors ME ont plus de 45 ans (dont 42% 45-59 ans), alors que les ME sont 60% à avoir moins de 45 ans (dont 19% les moins de 30 ans).

52% des non salariés non ME du secteur de la santé ont moins de 45 ans (42% de 30 à 44 ans), alors que ceux de l’industrie sont 69% à avoir plus de 45 ans ; 35 à 42% des salariés non ME dans les autres activités ont au plus 45 ans. Les 60 ans et plus sont 16% en moyenne des non salariés non ME, alors que les ME ne sont que 12%.

♦ Depuis 2008, les effectifs des non‑salariés hors ME ont baissé de 12% (glissement vers les microentreprises), alors qu’ils ont augmenté dans la santé (+40%). La baisse est très marquée dans l’industrie (‑36%), le commerce (‑33%) et la construction (‑28%). Par contre les ME ont fortement progressé : dans les transports (+147%), dans les services aux entreprises et services mixtes (+132%), ainsi que dans les services aux particuliers (+104%). Fin 2009, 188 000 étaient économiquement actifs, vs 694 000 fin 2013 et près d’1,8 million fin 2022. 

⇒ Quelques éclairages complémentaires.

♦ Entre 2021 et 2023, pour 1/4 des indépendants, la moitié de leur activité provient d’un de leurs partenaires économiques et pour 1/3 d’une plateforme numérique. Ils sont surreprésentés dans les secteurs du transport, de l’agriculture et des services aux entreprises et services mixtes. Ils sont plus souvent insatisfaits de leur emploi. Les immigrés y sont surreprésentés.

 

La domination économique exercée par le client principal est un peu plus fréquente parmi les microentrepreneurs (23%) que parmi l’ensemble des indépendants (18%) ; par ailleurs 4% des indépendants sont économiquement dominés par un fournisseur, 3% par une plateforme numérique et 3% par un autre intermédiaire qui permet d’accéder à des clients. 

12% estiment que la perte de cette relation mettrait en péril la survie de leur entreprise.

 

1,48 million de femmes exercent une activité non salariée, à titre principal ou en complément d’une activité salariée (hors agriculture).

Elles sont 41% des non‑salariés, contre 49% des salariés. Les femmes non salariées optent plus souvent que les hommes pour le statut de ME. 

Les secteurs les plus féminisés sont la santé, où les femmes sont majoritaires, et les services aux particuliers, notamment les services personnels (coiffure, soins de beauté, etc.). À l’inverse, seulement 4% des non‑salariés de la construction sont des femmes.

 

La part des femmes dans le non‑salariat a ainsi augmenté continûment, passant de 31% en 2008 à 41% en 2022.

Parmi les non‑salariés hors ME, les effectifs féminins ont augmenté de 6% entre 2008 et 2022 alors que les effectifs masculins ont reculé de 20%.

 

Les femmes sont aussi moins rémunérées. En 2022, elles ont gagné en moyenne 1 980€ par mois (27% de moins que les hommes avec 2 720€), du fait notamment de la surreprésentation des femmes dans le microentrepreneuriat.

 

L’écart de rémunération est plus faible si l’on considère les seuls non‑salariés non ME (‑20%) ou les seuls ME (‑17%). Parmi les non‑salariés non ME, les femmes gagnent 46% de moins que les hommes dans les professions de santé, et 44% de moins dans l’industrie, l’écart étant plus modéré dans les transports (‑5%) et le commerce (‑16%).

Parmi celles ayant dégagé un revenu positif, la moitié a perçu en 2022 moins de 2 760€ par mois, soit un revenu médian inférieur de 8% à celui des hommes (3 000€). L’écart est plus restreint dans le bas de la distribution : 10% des femmes ont gagné moins de 640€ par mois, un niveau inférieur de 3% au décile de revenu correspondant (D1) pour les hommes. L’écart est en revanche plus prononcé dans le haut de la distribution : 10% des femmes ont gagné plus de 7 630€ par mois, soit 27% de moins que le décile de revenu correspondant (D9) pour les hommes (10 460€). 

Parmi les non‑salariés non ME, les inégalités de revenus entre femmes et hommes se sont un peu réduites au cours des 15 dernières années. Entre 2008 et 2013, le revenu des femmes a augmenté de 8,7% en € constants, alors qu’il a stagné pour leurs homologues masculins.
Depuis 2013, le revenu inclut désormais une partie des dividendes perçus ; le revenu des femmes a alors augmenté de 16% entre 2013 et 2022, plus rapidement que celui des hommes (+11,7%).

 

♦ Emploi et revenu selon l’âge.

* L’âge moyen des non‑salariés (hors agriculture) est de 45 ans.

La population non salariée est plus âgée que celle des salariés : 13% ont moins de 30 ans, contre 23% des salariés du privé ; à l’inverse, 14% ont 60 ans ou plus, contre seulement 7% des salariés.
Les femmes non salariées sont en moyenne légèrement plus jeunes que les hommes (54% des femmes non salariées ont moins de 45 ans, contre 48% des hommes)

19% des ME ont moins de 30 ans, contre 6% des non‑salariés non ME ; cette part atteint même 52% dans le secteur de la livraison à domicile. Au contraire, la proportion de ME âgés de 45 ans ou plus est plus faible (29% vs 42% des non‑salariés).

Les plus de 60 ans sont concentrés dans des services tels que le conseil de gestion, l’enseignement et certains services personnels.

 

Hors ME, l’âge moyen est le plus bas dans certaines activités de services comme les activités des infirmiers et des sages‑femmes ou celle de la coiffure, les moins de 30 ans étant surreprésentés dans ces secteurs. Dans la plupart des autres activités de services, l’âge moyen est relativement plus élevé, avec davantage de seniors. C’est notamment le cas parmi les médecins, un sur trois ayant 60 ans ou plus. 
La construction est le secteur avec la plus faible part de non‑salariés classiques âgés de 60 ans ou plus (10%). Dans l’industrie et le commerce, les 45 ans ou plus sont surreprésentés, ce qui peut en partie s’expliquer par l’importance des investissements nécessaires pour créer son entreprise dans ces secteurs et s’y maintenir durablement.

 

* Quel que soit le secteur, le revenu d’activité moyen des non‑salariés non ME augmente avec l’âge jusqu’à 60 ans. En 2022, les 45‑59 ans gagnent en moyenne 4 440€ par mois, soit 1,8 fois plus que les moins de 30 ans (2 450€). Cet écart est plus marqué dans l’industrie et le commerce, ainsi que dans les services aux entreprises et services mixtes. Le revenu moyen des non‑salariés classiques de 60 ans ou plus s’établit à 3 960€, au‑dessous de celui des 45‑59 ans et de la moyenne (4 030€) ; le secteur de la santé est le seul où le revenu ne baisse pas après 60 ans.

 

Les disparités de revenus sont particulièrement fortes pour les non‑salariés non ME âgés de 60 ans ou plus ; la part des revenus nuls y est plus élevée qu’aux autres âges (17%, contre 11 en moyenne). Surtout, pour ceux qui ont dégagé un revenu positif, les revenus les plus faibles côtoient les plus élevés :10% ont perçu moins de 320€ mensuels vs 10% plus de 11 130€. 

 

♦ Les travailleurs indépendants représentent 14% en UE, proche des 13% de l’emploi total en France ; ils sont 8% en Allemagne, mais 20% en Italie et 27% en Grèce. 

Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8376600

 

Lire aussi la synthèse dans Insee Première N°2060, juin 2025 “Les revenus d’activité des non-salariés en 2023″.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/8590189