Source : toute cession-transmission donne lieu à une annonce dans le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc).
Définition : la cession-transmission est un processus par lequel la propriété et/ou la gestion d’une entreprise est en tout ou partie transférée d’une personne (le cédant) à une autre (le repreneur, celui-ci pouvant être un membre de la famille du cédant, un ex-salarié de l’entreprise ou un tiers).
Je propose 2 articles sur les reprises, les analyses d’Altares et de la DGE, différant quelque peu dans les données mais pas dans les tendances, par ailleurs complémentaires.
Après une baisse significative depuis 2012, le nombre de cessions-transmissions se stabilise depuis 2022 au niveau de 2016. Alors qu’il s’était stabilisé entre 35 000 et 36 000 entre 2015 et 2019, le nombre de cessions-transmissions a baissé pendant la crise sanitaire pour atteindre un point bas à près de 32 000 en 2020, pour remonter à 38 500 en 2022 et se stabiliser à 37 300 en 2023 et 37 200 en 2024.
Noter que seulement 6,7% ont lieu en 2023 dans le cadre d’une procédure collective (vs 10,3% en 2014).
Le prix moyen des cessions est passé de 255 000€ en 2012 à 303 000€ en 2024 (+19%), et les prix médians de 108 000€ à 125 000€. En 2024, le dixième des cessions étaient transmises à un prix inférieur à 30 000€ tandis que 10% étaient supérieurs à 500 000€ ; les cessions de pharmacies ont les prix les plus élevés, avec un prix médian à plus de 1 M€ en 2024, loin devant les cessions d’entreprises dans l’hébergement par exemple (200 000€). Les prix de cessions les moins élevés concernent les entreprises de services aux particuliers (42 000€) et la restauration rapide (55 000€).
Les cessions-transmissions sont généralement des entreprises de petite taille : en 2023, 86% avaient moins de 10 salariés, dont 31% aucun, 26% 1-2 salariés, 20% 3-5 salariés, 10% les 6-9 salariés. Par ailleurs, la part des TPE sans salarié a diminué en une décennie parmi les cessions (passant de 35% en 2012, puis 31 entre 2019 et 2023), alors que celle des entreprises de 10 salariés et plus passe de 10% en 2012 à 14 en 2023.
Les HCR et le commerce dominent avec 57% des reprises dont pour les HCR 29% (12 pour la restauration traditionnelle, 8 pour la restauration rapide et 6 pour les débits de boissons) et 28% pour le commerce (19% pour le commerce de détail).
Noter toutefois que le taux de pérennité à 3 ans des commerce est plus faible que celui de la moyenne des entreprises (77% vs 82), et celui des HCR (80%).
33% des reprises sont le fait des dirigeants âgés de 60 ans et plus (notamment à 61 ans). Les dirigeants de 60 ans et plus sont localisés dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale (24% du total), le commerce (22%), ou encore les services aux entreprises (18%) vs 10% pour la construction, 6% dans les HCR et l’industrie.
Les dirigeants du commerce de détail sont plus âgés que ceux des autres secteurs lorsqu’ils cèdent leur entreprise (59 ans en âge médian vs 55 les autres).
Les départements présentant les plus forts taux de dirigeants âgés sont principalement des départements ruraux du Centre, ainsi que la Corse et les Antilles-Guyane.
Les entreprises cédées ont des taux d’investissement plus faibles lorsque l’âge du dirigeant est plus élevé ; le taux médian d’investissement se situe autour de 12% deux ans avant la cession lorsque le dirigeant a moins de 60 ans contre 8 à 9% lorsque le dirigeant a plus de 60 ans (sur la période 2012 – 2019 hors période sanitaire).
Selon l’enquête Sine 2018 (au-delà donc des reprises repérées au Bodacc), les entreprises ayant fait l’objet d’une cession ont un taux de pérennité à 3 ans plus élevé (85,5%) que les entreprises nouvellement créées (81,4%). De plus, elles génèrent plus d’emploi et un chiffre d’affaires plus important avec une meilleure productivité au moment de la cession-transmission, une tendance qui se maintient dans le temps.
La disponibilité de liquidités financières au démarrage ressort comme un facteur particulièrement important pour la pérennité de l’entreprise, qu’elles soient reprises ou créées (88% des entreprises bénéficiant de 80 000€ et plus à la reprise atteignent 3 ans contre 81% pour celles qui disposent de liquidités comprises entre 1 et 16 000€). La pérennité est également plus favorable lorsque le dirigeant a entre 30 et 50 ans et lorsqu’il a une durée d’expérience professionnelle supérieure à 10 ans.
Les chances de survie d’une entreprise trois ans après le début de l’activité sont plus élevées lorsque les repreneurs sont d’anciens salariés dans le cas d’une reprise. Enfin, les entreprises reprises par des femmes ont plus de chances de survie que celles reprises par des hommes, alors qu’il n’y a pas de différence en cas de création.
Pour en savoir davantage : https://www.entreprises.gouv.fr/la-dge/publications/les-transmissions-dentreprises-tendances-defis-et-enjeux-pour-leconomie