Fin 2022, les non-salariés, hors autoentreprises, affichent un revenu annuel moyen de 45 306€, en baisse.


"En 2023, la croissance des effectifs de travailleurs indépendants reste en grande partie portée par les auto-entrepreneurs", Urssaf, Stat'Ur N°392, décembre 2024

Sources : La base Travailleurs Indépendants (TI) des Urssaf centralise depuis 2001 les informations administratives et déclaratives des TI classiques et depuis janvier 2009 les informations relatives aux cotisants relevant du régime auto-entrepreneur ainsi que les déclarations envoyées aux Urssaf. Les données utilisées dans cette publication sur les effectifs et les revenus sont issues d’une extraction au 31 mai 2024. 

 

Fin 2022, l’Insee recensait 4 millions de personnes exerçant une activité non salariée et générant un revenu dont 417 mille exploitants agricoles (3,6 millions hors agricole), alors que l’Urssaf comptait 4,3 millions de comptes de travailleurs indépendants inscrits en fin d’année dans ses fichiers ; parmi eux, 3,6 millions généraient un revenu.

 

2 populations de travailleurs indépendants (TI) ou non-salariés sont particulièrement étudiées : 

– Les autoentrepreneurs (AE), qui paient à l’Urssaf leurs cotisations sociales forfaitaires sur la base de leurs recettes,

– Les Travailleurs indépendants classiques, que sont les autres entreprises individuelles, qui paient des cotisations sociales sur la base de leurs revenus déclarés.

 

Les données pour 2022 sont disponibles pour tout type de statut mais celles relatives à 2023 le sont seulement pour les autoentrepreneurs. celles relatives à 2019 pour les TI et de 2021 pour les AE sont le fait de la publication 2023, les chiffres ayant souvent été réajustés en 2022 ou 2023 sans que le publication les communiquent ; mais les changements sont peu conséquents d’où ma proposition de les réintégrer ici.

 

L’étude permet d’observer les moyennes de revenu, ce qui permet à l’accompagnateur de bénéficier d’un ordre de grandeur selon l’activité fine du non-salarié.

⇒ Une approche par statut.

La moyenne 2022 pour les TI classiques (45 306€) n’est pas satisfaisante ; le recours à la médiane aurait été plus pertinent. C’est que les professions libérales affichent des revenus qui sont plus du double des revenus des artisans/commerçants (65 659€ annuels vs 30 046€). 

Par contre le décalage femmes/hommes est plus proche, les hommes affichant un revenu de 27% supérieur à celui des femmes.

 

Le décalage pour les AE existe entre libéraux et artisans commerçants mais s’avère plus modeste (il est de 24%), du fait même des spécificités de ce statut. Il est de 8 428€ annuels pour les libéraux vs 6 819€ pour les artisans/commerçants et si l’on ramène à un revenu mensuel de 702€ et 568€.

 

Les AE ont davantage progressé en terme de revenus tant entre 2021 et 2022 qu’entre 2019 et 2022 : +8,8 et +15,8% vs -0,2 et +6,3%. Mais ces revenus demeurent faibles pour en vivre.

En euros constants la baisse 2021/2022 est plus sévère (+2,6% vs +8 en euros courants).

⇒ Une approche par activité fine.

Tout d’abord les TI classiques (moyenne 45 308€).

Les activités intellectuelles, traduites dans un statut de libéral en profession règlementée comme la santé, le droit et les activités financières conduisent à des revenus confortables (entre 89 000 et 136 000€ pour la santé, 99 800€ pour les activités juridiques, 66 393€ pour les activités financières).

 

Les autres libéraux dégagent des revenus proches de la moyenne tels les professions paramédicales médicales (41 200€), les services aux entreprises (entre 47 200 et 52 800€), les activités immobilières (37 700€) ; il n’en est pas de même pour celles de graphisme et design (27 900€), celles relatives aux arts/spectacles/activités récréatives (24 900€) ou à l’enseignement (24 500€).

 

Les activités exigeant une maitrise technique comme l’agriculture (38 500€ mais il s’agit ici d’une petite partie du monde agricole, hors agriculteurs), le BTP (entre 31 200 et 34 000€), l’industrie (35 100€) ont des revenus annuels un peu plus modestes, tout comme  le commerce, réparation auto (28 900€). et dans le même groupe celui du commerce de gros (40 300€) et des transports (routier, déménagement 31 600€, entreposage 35 000€).

 

Viennent ensuite les activités de commerce (entre 25 300 et 27 900€) avec l’exception du commerce sur les marchés (9 600€), celles des HCR (restauration 22 700€ et hébergement 21 000€).

 

Et enfin les services des personnes à caractère plus “domestique” : de l’action sociale (28 700€), aux activités de réparation hors auto (19 000€), à la coiffure (18 000€), aux taxis-VTC (17 100€) et à la livraison à domicile (8 600€).

Noter que certaines activités sont inscrites dans la polyactivité : la livraison à domicile (57%), l’hébergement (52), l’entreposage (41) ; d’autres le sont trés peu : les taxis (1,6%), la restauration/débit de boisson (2,2%).

 

♦ les revenus des AE.

7 540€ en 2023, 7 419€ en 2022 et 6 839€ en 2021 : une hausse qui semble favorable, mais en revenus constants il y a baisse de 3,1% entre 2022 et 2023, alors qu’il y avait une hausse de 3,3% entre 2021 et 2022.

 

Un même type décalage entre les revenus des AE est constaté tout comme avec les TI classiques, mais les écarts y ont beaucoup plus faibles.

 

Les revenus les plus élevés concerne les juristes (16 700€) et les professions paramédicales (14 200€) ; viennent ensuite à la fois d’autres libéraux tels les services aux entreprises (informatique 13 000€, conseil de gestion 11 500€), les activités immobilières et financières (11 300€), à proximité de ceux du BTP (entre10 100 et 10 600€), voire de l’hébergement (9 700€).

 

Les revenus les plus faibles sont ceux des activités : livraison à domicile (1 600€), vente sur les marchés (3 300€), vente à distance (4 300€), industrie (4 200€, sans doute des activités artisanales de type métier d’art), 

Ces revenus doivent être observés en prenant en compte le fait de la polyactivité des ces entreprises, notamment la livraison à domicile (44%), la vente à distance (34).

La polyactivité est aussi trés présente pour les activités enseignement (42%), santé (38), les taxis-VTC (36), informatique (35), conseil de gestion (35).

Elle l’est fort peu pour les activités BTP (10-16%), le commerce sur les marchés (10) ou l’hébergement (12).

L’influence de la polyactivité sur le revenu

Les TI classiques polyactifs ont une rémunération salariée plus élevée que les AE polyactifs (36 700€ contre 26 800€).

Les TI classiques ayant une activité salariée augmente leur rémunération moyenne (et leur nombre d’heures rémunérées) à mesure que le nombre contrats augmente. Le constat est inverse parmi les AE, ayant des activités salariées sous la forme de contrats parfois très courts.

 

Au niveau sectoriel, les rémunérations les plus élevées concernent les TI classiques exerçant dans les activités immobilières (77 000€ annuels) et ceux du secteur de la santé (33 000€). S’agissant des AE, les plus fortes rémunérations sont observées dans les activités juridiques et le conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (respectivement 44 000 et 40 000€).  

 

Pour en savoir davantage : https://www.urssaf.org/files/Statistiques/Nos%20%c3%a9tudes%20et%20analyses/Travailleurs%20ind%c3%a9pendants/Nationale/2024/Stat_Ur_392.pdf