Santé, rythme de travail, accompagnement chez les artisans du BTP.


"Conditions de travail et santé des artisans du BTP et paysage : baromètre santé, 10éme édition, 2023", Capeb, Iris ST, CNATP, lu avril 2024

Méthodologie : 2 106 répondants à une enquête en ligne entre décembre 2023 et janvier 2024 auprès d’entreprises du BTP et paysage de 0 à 19 salariés.

En termes de taille d’entreprise : 15% ont 0 salarié, 49% de 1 à 5, 15% de 6 à 10 et 6% de 10 à 19 salariés. 79% sont localisés en milieu rural. 64% ont plus de 10 ans dans leur fonction de chef d’entreprise, 20% moins de 5 ans et 15% entre 6 et 10 ans. Les métiers du paysage sont 1% des activités répondantes.

89% sont en couple dont 28 avec enfant à charge et 11% seuls dont 7 sans enfant. 17% ont moins de 40 ans, 33% de 41 à 50 ans, 40% de 51 à 60 ans et 9% plus de 60 ans.

 

Les artisans du BTP sont plutôt en bonne santé, quoique stressés et fatigués, mais épanouis dans leur métier.

 

En 2023, 25% des dirigeants font état d’une diminution de leur activité (dont 8% un fort ralentissement), 28% d’une stabilité, 47% d’une progression (dont forte pour 14%). 38% sont optimistes concernant l’avenir de leur entreprise, alors que 24% ne se prononcent pas.

⇒ Le rythme de travail :

2% travaillent moins de 35 heures, 44% entre 35 et 50 heures, et 55% plus de 50 heures (34% entre 51 et 60 heures et 21% plus de 60 heures) ; ils étaient 24-26% en 2017 et 2018.

Pour une nette majorité, les tâches “administratives” occupent moins de 10% de leur charge de travail ; elles concernent les RH (66%), la communication (63), la comptabilité (57), l’administratif (43). Par contre l’organisation accapare 61% au moins 26% de leur temps de travail (32% de 51 à 75%).

 

38% travaillent souvent le week-end et 10% toujours, vs entre 50 et 53% (souvent + toujours) entre 2019 et 2022. Ceux qui travaillent tout le temps le week-end sont 76% à se dire fatigués, vs 65 ceux qui y travaillent souvent, et 44% ceux qui n’y travaillent jamais.

 

30% prennent au maximum 2 semaines de congés annuels (30 à 41% entre 2018 et 2022). Ceux dont les entreprises sont de petite taille prennent moins de congés (42% les sans salarié, 28 les 1 à 5 salariés, 17 les 6-10 salariés et 15-20% les 10-19 salariés). 

Mais ceux qui prennent au moins 4 semaines sont : 64% les 6-10 salariés, 61 les 11-15 salariés, 59 les 16-19 salariés, 52 les 1-5 salariés et 37 les sans salarié.

 

64% consultent leurs mails pendant leurs congés, 62-75% pour ne pas être submergés à leur retour ou suivre l’activité de leur entreprise, 57% pour rester disponible à leurs clients, 41% pour poursuivre les commandes fournisseur (réponses immédiates attendues), et 30% pour ne pas passer à coté d’un marché potentiel.

 

78% ont le sentiment que leur vie professionnelle empiète leur vie privée vs 79-87% entre 2019 et 2022. 56% des personnes de leur entourage ne leur en fait toutefois pas le reproche vs 44.

Noter que dans presqu’une entreprise sur 2, un membre de la famille est impliqué dans l’entreprise.

⇒ La santé

♦ 65% se déclarent en bonne santé (vs 72 en 2019). Mais 63% souffrent de douleurs musculaires, 58% d’une fatigue importante, 41% de troubles émotionnels ; seuls 10% disent n’avoir aucun problème.

De fait, 52% trouvent leur travail très exigeant physiquement (vs 45 en 2019), et 58% très exigeant mentalement. Toutefois, 86% disent être épanouis dans leur métier (dont 59 totalement).

 

♦ Et 57% disent être souvent stressés, notamment du fait de la charge de travail, du poids des responsabilités (44), du poids de l’administratif (41), de la nécessité d’être de plus en plus réactif (37), du difficile équilibre vie professionnelle et vie privée (37). La pénurie des matériaux (10 vs 33), et leurs coûts (36 vs 56)  jouent beaucoup moins qu’en 2022. Par contre, la baisse d’activité inquiète davantage. Ils sont d’autant plus stressés qu’ils pensent la pérennité de leur entreprise menacée.

Noter que 80% disent travailler dans l’urgence (dont 23% tout le temps).

 

Le stress agit fortement sur la qualité du sommeil (23% des dirigeants stressés disent être très fatigués vs 5 pour ceux qui ne se perçoivent pas stressés). Plus globalement, 47% disent avoir une mauvaise qualité de sommeil (dont très mauvaise 7), notamment difficultés pour s’endormir ou se réendormir, voire réveil matinal ; seulement 6% prennent des médicaments pour dormir. Au final, 61% dorment entre 6 et 8hres comme l’ensemble des Français.

 

♦ 43% disent avoir été en difficulté psychique au cours de l’année ; 58% en ont fait état, notamment à leur conjoint ou à leur médecin. 51% disent être assez informés sur les dangers et les aides qu’ils peuvent trouver en ce domaine.

⇒ L’accompagnement.

65% disent être suffisamment accompagnés ou soutenus dans la gestion de leur entreprise. Ce qui les préoccupe le plus dans l’accompagnement, c’est le juridique (pour les questions de santé, sécurité, assurance, droit salarial) avec 41%, loin devant les autres demandes (17-18%) ; 25% disent ne pas nécessiter d’appui.

 

Les 35% qui disent ne pas être accompagnés souhaiteraient le soutien de leur comptable (46%), de l’Etat notamment de l’Urssaf (45), de leur organisation professionnelle (43), ou de leur CMA (36), de leur commune (19), d’un service de santé (18), voire de leur famille (13).

 

♦ 21% craignent la pérennité de leur entreprise menacée (question non posée aux optimistes). 57% d’entre eux en ont parlé à des tiers  : 66% le conjoint, 41 un collègue, 38 un autre membre de la famille, 31 à leur organisation professionnelle, et seulement 10% à leur comptable ! Parmi ces derniers seulement 34% se font aider.

 

Pourquoi 43% n’en parlent-ils pas ? Pour ne pas inquiéter (51) ou ils n’en voient pas l’utilité (23), alors que 29% ne savent pas vers qui se tourner, 17% n’osent pas aborder le sujet et 13% ne savent pas comment l’aborder. 

Noter aussi que 55% de ceux qui ne sentent pas leur entreprise menacée, sauraient à qui s’adresser pour demander appui.

 

Pour en savoir davantage : https://www.capeb.fr/www/capeb/media/rapport-barometre-2023.pdf