La reprise du 3éme trimestre est menacée par la situation en novembre -décembre.
⇒ L’activité économique en 2020
Le PIB français a augmenté de +18,2% au troisième trimestre par rapport au deuxième, ramenant le glissement annuel à –4,3%, l’essentiel du rebond ayant eu lieu en mai et juin.
La deuxième vague épidémique et le reconfinement viennent contrarier ce rebond. Toutefois, le télétravail, ou, quand il n’est pas possible, la mise en place de protocoles sanitaires désormais relativement bien rodés, ainsi que l’ouverture des écoles, permettent une moindre contraction de l’activité économique : novembre se situerait à environ 13% sous son niveau d’avant-crise (contre environ 30% en avril) ; la construction et l’industrie connaîtraient des pertes beaucoup plus limitées qu’en avril.
Le glissement annuel du PIB en France (–4,3%) est comparable à celui de l’Allemagne (–4,2%) et plus favorable que celui de l’Italie (–4,7%), bien plus favorable qu’en Espagne (–8,7%), pénalisée notamment par le poids du tourisme dans son économie, et au Royaume-Uni (–9,6%), affecté de par la résurgence des incertitudes autour du Brexit.
L’incertitude reste particulièrement importante pour la fin de l’année ; trois scénarios sont évalués : dans le cas le plus favorable, l’activité reviendrait en décembre à son niveau d’octobre, soit 4% sous son niveau d’avant-crise et dans le scénario le plus défavorable, l’activité resterait en décembre à son niveau estimé pour novembre (13% sous son niveau d’avant-crise), et un scénario intermédiaire (15 jours de confinement semblable à novembre puis 15 jours d’allègement de certaines restrictions), qui conduirait l’activité à 8% sous son niveau d’avant-crise. L’évolution annuelle du PIB en 2020 serait quant à elle de l’ordre de –9 à –10%.
⇒ Les mesures sanitaires et l’impact sur la productivité
En octobre 2020, les mesures de protection sanitaires réduisent la productivité pour près de la moitié des entreprises. 1/4 des chefs d’entreprises (28% dans l’industrie, 16% dans la construction) déclarent que leurs effectifs sont relativement élevés au regard de leur niveau d’activité actuel.
40% des chefs d’entreprises dans l’industrie, 46% dans les services et 56% dans la bâtiment déclarent que les mesures de protection sanitaires (port du masque, distanciation physique…) ont un effet négatif sur la productivité de leur entreprise.
La réorganisation de l’activité (logistique, approvisionnements, ordonnancement des travaux, etc.) a un effet défavorable sur la productivité pour 43% d’entre elles dans le bâtiment, 32% dans les services et 31% dans l’industrie. Dans le bâtiment, les mesures sanitaires se traduisent par des retards importants sur les chantiers et peuvent parfois conduire à revoir complètement leur organisation du fait de la limitation de la coactivité sur les chantiers.
Les entreprises soulignent également des difficultés liées au transport du personnel sur leur site de travail (nombre de véhicules insuffisants, temps passés à désinfecter) et des problèmes d’approvisionnement.
Dans les services, les entreprises soulignent surtout le coût en gestion des ressources humaines : négociation des accords de télétravail, mise à disposition du matériel, révisions fréquentes des plannings du fait des absences du personnel directement liées à l’épidémie (garde d’enfants, gestion des cas contact, etc.) ; ajoutons l’organisation compliquée de rendez-vous avec les clients.
Dans l’industrie, la mise en place de la distanciation physique se traduit par une réorganisation des chaînes de production : limitation à un salarié par poste, horaires décalés, etc.et donc un fort coût managérial à la fois pour définir cette nouvelle organisation et pour les absences ponctuelles des employés. De manière marginale néanmoins, ces réorganisations sont parfois vues comme une opportunité d’optimisation des processus (ajustement des temps de travail ou des effectifs mobilisés, accélération de la dématérialisation des processus, etc.).
Une large majorité des emplois salariés sont rattachés à une entreprise ne pratiquent pas le télétravail. 11-12% le jugent défavorable quant à la productivité parce qu’il ralentit la circulation d’information au sein des équipes, en particulier dans le cas de projets ou travaux multidisciplinaires ou nécessitant une concertation des équipes. À l’inverse, 11-12% jugent qu’il est favorable à la productivité (5% dans le bâtiment).
⇒ L’emploi salarié
L’emploi salarié a baissé de 2,7% entre mi-2019 et mi-2020, soit nettement moins que le volume de travail rémunéré par les entreprises (−22%). Au 3éme trimestre, l’emploi salarié privé progresse de 1,8% (344 400 créations nettes d’emploi), après -3,3% sur l’ensemble du 1er semestre. Noter que l’emploi intérimaire progresse de 23,5% au 3éme trimestre (+135 900 emplois), après +22,9% au 2éme trimestre (+107 800 emplois); si bien que l’emploi privé hors intérim progresse de 1,1%.
⇒ La consommation des ménages
Du côté de la consommation des ménages, le recul serait un peu plus prononcé que celui du PIB, de l’ordre de –15% par rapport au niveau d’avant-crise, soit la moitié de la chute enregistrée au moment du premier confinement ; l’étude des montants agrégés de transactions par carte bancaire CB, disponibles au jour le jour, montre plusieurs différences avec le premier confinement : les ventes en ligne se sont envolées, les achats de précaution (alimentation, carburant) n’ont pas été aussi massifs que pendant les jours qui ont précédé le premier confinement.
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4964579?sommaire=4473296