Les chiffres sont issus du fichier siren de l’INSEE; il intègre les autoentrepreneurs. Ces données ne rendent pas totalement compte du nombre précis de création dans la mesure où l’Insee se doit de clore l’année 2017, alors qu’il lui faut encore 2 mois pour disposer des chiffres réels (ajustement). Les 2 premiers mois de 2018 incluront donc les régularisations relatives à la fin de 2017 qui de toute façon seront modestes.
Je continue à utiliser le terme autoentrepreneur, et non celui de microentreprise, dans la mesure où ce dernier terme porte souvent à confusion (définitions différentes) et surtout du fait de la non connaissance des poids respectifs des autoentrepreneurs (définition initiale) et des microentreprises (au régime social le plus souvent différent, conduisant à ce que vraisemblablement peu de microentreprises “d’hier” aient rejoint le régime initial des autoentrepreneurs).
La création d’entreprise progresse, tant entre 2016 et 2017 qu’entre 2012-2015 et 2017, plus en ce qui concerne les créations “classiques” en entreprise individuelle qu’en société; les autoentrepreneurs progressent entre 2016 et 2017, après avoir fortement diminué entre 2012-2015 et 2017.
⇒ 2017 a connu 591 267 créations d’entreprises (dont 41% d’autoentrepreneurs), en progression de 6,7% au regard de 2016 et de 9,3% au regard de la moyenne des années 2012 à 2015. Si cette progression est remarquable, elle est bien inférieure à celle connue entre la moyenne des années 1995-2002 et celle des années 2007-2008, passant de 213 889 à 324 437 (une hausse de 52%), précédant l’arrivée des autoentrepreneurs en 2009.
⇒ Selon les formes juridiques
En 2017, les sociétés comptent pour 33,5% des créations totales, les entreprises individuelles non autoentrepreneurs pour 25,6% et les autoentrepreneurs pour 40,9%. Si nous excluons les autoentrepreneurs, les sociétés comptent alors pour 57% et les entreprises individuelles pour 43%.
Les entreprises individuelles hors autoentrepreneurs sont celles qui ont le plus progressé à la fois entre 2016 et 2017 (+6,5%), mais plus encore au regard de la moyenne des années 2012-2015 comparée à 2017 avec +44,9%.
Les sociétés ont moins progressé entre 2016 et 2017 (+4,8%), tout comme, entre la moyenne 2012-2015 et 2017 (+20,6%).
Au sein des sociétés, les sociétés unipersonnelles au nombre de 99 774 ont connu une hausse de 9,6% au regard de 2016, vs 98 125 pour les sociétés avec porteurs de parts ou actionnaires avec +0,3%.
Les SAS sont 61% des créations en société, vs 30% en 2013 et les SARL 36% vs 66% en 2013. Toutefois ce sont les formes à associé unique ou unipersonnelles qui priment avec 37% pour les SAS vs 21 pour les autres SAS, mais pas pour les SARL (15% vs 21 SARL hors unipersonnelles).
Le régime de l’autoentrepreneur a alors perdu de l’importance au profit de la création classique, passant de 56% des créations en 2012 à 41% en 2017; il faut toutefois noter la hausse des autoentrepreneurs entre 2016 et 2017 (+8,5%), alors que les années précédentes avaient connu une nette baisse (-18,2% entre 2016 et la moyenne des années 2012-2015). Pourquoi cette reprise en 2017 ? Sont-ce les annonces gouvernementales de modifications des plafonds de recettes et un intérêt porté à ce régime ?
Si l’on observe seulement les données de décembre 2017 comparées à 2016, ce sont les autoentrepreneurs qui affichent les meilleurs résultats (+16,3%) et les entreprises individuelles (+13,2%), alors que les sociétés sont en légère régression (-1,5%). il sera intéressant d’observer si ce résultat se prolonge au cours des mois à venir.
⇒ Qu’en est-il des secteurs d’activité au sein des créations classiques ?
Les progressions sont indéniables, si l’on observe 2017 comparé aux années 2012-2015 ; si l’on attribue l’indice 100 à 2017, les indices des différentes activités oscillent entre 70 et 88, avec l’exception de l’activité transports (indice 45), du fait de “l’ubérisation” (taxi et livraison à domicile).
Les progressions différent si l’on observe 2017 comparé à 2016 : pour les activités commerce, HCR, finances et assurances, santé/éducation on ne peut parler de progression; par contre, il y a progression au sein des autres activités qui comptent pour 58% des créations.
Qu’en est-il des secteurs d’activité au sein des créations autoentrepreneurs ?
La diminution du poids des autoentrepreneurs est nette, passant de 55,9% des créations en 2012 à 40,9 en 2017. Cette diminution est forte pour les activités de main d’oeuvre; l’autoentrepreneuriat ne permet pas en effet de développer son entreprise (au sens investir ou embaucher puisque la prise en compte de ces coûts est quasi impossible dans nombre de situation).
Cette diminution est faible pour les activités de “matière grise”, telles les services aux entreprises, la santé/éducation, les activités finances/assurances et immobilières, qui se prêtent aisément à s’inscrire dans une activité complémentaire ou d’appoint.
Noter que les créations nouvelles (tout type de création) au sein des différentes activités du secteur commerce ont connu une évolution fort différente (+8,1% pour le courtage, +3,3% pour le commerce de bouche, +2,3% pour le commerce et réparation auto, +1,8% pour le commerce de gros, mais 0% pour le commerce de détail).
Noter aussi que les activités de taxi et VTC qui avaient fortement progressé en 2015 et 2016 (+32 et +47%) ont légèrement régressé en 2017 (-1,6%), alors que la livraison à domicile a poursuivi sa progression, quoique plus modeste qu’en 2016 ou 2015 (respectivement +64,2%, +246,3% et +341,6%)
Pour récapituler, la répartition par forme juridique par activité est la suivante :
Selon les activités, la répartition des forme juridiques diffère; l’importance des sociétés au sein des créations classiques est significative à la fois de la clientèle de l’entreprise (87 ou 72% pour les services aux entreprises), des risques courus du fait des investissements conséquents (70% en hébergement, restauration), ou encore de la spécificité d’une activité souvent réglementée (activités immobilières avec 67%, activités financières avec 92%).
⇒ L’évolution du nombre de créations d’entreprises entre 2016 et 2017 varie également fortement selon la région de métropole : 3 régions sont caractérisées par une augmentation d’au moins 8% : Ile-de-France (+ 10%), Nouvelle Aquitaine (+ 8,1%), et Auvergne-Rhône-Alpes (+ 8%), et couvrent 52% des créations.
L’Île-deFrance contribue pour près de la moitié à l’augmentation globale (+16 300 créations sur 37 000); la hausse est due principalement à l’essor des créations dans les services aux entreprises avec +13 500 créations (dont 5 600 autoentrepreneurs) et celle des livraisons à domicile (+3 300); en 2017, 59% des créations des transports et livraisons à domicile et 44% des créations des services aux entreprises (scientifiques et techniques) ont lieu en Île-de-France. C’est aussi la région métropolitaine où les créations sont le plus souvent sous le régime de l’autoentrepreneur (49% contre 38% en province) ou sous forme sociétaire (37% contre 31% en province).
Les autres régions de métropole ont une évolution comprise entre +3,4 et +5,2%.
Du côté des DOM et TOM, l’importance au sein des créations est modeste (16 067 créations, ou 2,7% des créations France), et l’évolution 2016/2017 faible (+2,4%) avec de fortes différences (entre +16,4% à Mayotte, +7,3% en Guadeloupe, ,2,7% pour la Réunion, mais -10,5% en Guyane, et -2% en Martinique).
Au sein des départements les plus fortes progressions sont surtout observées dans des espaces urbains grande agglomération tels : Seine Saint-Denis (+16,2%), Val de Marne (+14,6%), Hauts de Seine (+13,1%), Rhône (+12,7%), Gironde (+12,4%), Haute-Garonne (+12,3%). Les plus en régression sont plus souvent des espaces très ruraux tels : Gers (-11,1%), Meuse (-3,2%), Nièvre (-3%), Lot (-2,2%), Vosges et Allier (-0,5%), Saône et Loire (-0,1%).
⇒ 6,6% des créations (hors autoentrepreneurs) ont des salariés dés le démarrage; ceci étant, on y trouve aussi les dirigeants salariés; cette donnée doit toutefois être observée avec prudence dans la mesure où les enquêtes Sine nous montrent la montée en puissance au cours de la 1ére année, même si leur flux demeure modeste.
Rien d’étonnant à ce que les activités les plus employeurs soient l’hébergement/restauration (15,9% ont des salariés, en moyenne 2,8), la construction (10,5% avec en moyenne 3,5 salariés), l’industrie (7,6% et 3,5 en moyenne), les services aux ménages (7,6%, en moyenne 2 salariés). Sont par contre peu souvent employeurs au démarrage les activités immobilières (1,8%), les activités financières et d’assurance (2,9%), l’enseignement et la santé (3,4%), activité de type intuitu personæ.
⇒ En termes de profil des dirigeants (selon les disponibilités des données Siren : exemple l’âge n’est connu que pour les dirigeants d’entreprise en non personnel).
Notons tout d’abord que les autoentrepreneurs sont plus jeunes que les créateurs d’entreprise individuelle classique (41,3% ont au plus 30 ans vs 30,7) ou plus âgés (5,8% 60 ans et plus vs 4,6%); les créateurs d’entreprise individuelle classique ont plus souvent entre 30 et 59 ans (64,7% vs 52,8%).
Les plus âgés sont localisés dans les activités “traditionnelles” et comportant moins d’autoentrepreneurs : industrie, construction, commerce entre 37,5 et 39,5 ans; par contre les plus jeunes sont dans des activités en essor (évolution technologique) et comportant davantage que les autres des autoentrepreneurs : transports (28,4 ans), information, communication (32 ans), voire services aux entreprises dans les activités techniques et scientifiques.
Les femmes sont 40% des créations en entreprise individuelle (notamment du fait de l’autoentrepreneuriat); mais on ne connait pas l’importance des femmes créatrices sous forme de société (dans Sine, on observe qu’elles y sont moins nombreuses). Les femmes sont, on le sait, beaucoup plus présentes dans certaines activités.