Le type d’emploi occupé (le faible niveau de responsabilité ou de compétence perçu par l’employeur), conjugué avec une formation jugée peu adapté à leur emploi conduisent les 15-34 ans à s’estimer en déclassement.
En 2024, 71% des 7,6 millions de jeunes de 15 à 34 ans qui ont terminé leurs études initiales et ont un emploi considèrent qu’ils possèdent un diplôme de niveau adapté à leur emploi, quand 18 % se jugent trop diplômés pour leur poste et 11 % trop peu.
Lorsque les jeunes en emploi considèrent leur spécialité de formation, 58% la jugent adaptée ou très adaptée à leur poste, 11% assez adaptée et 22% peu ou pas du tout adaptée ; pour les % restants, le poste ne nécessite pas de spécialité particulière ou le plus haut diplôme qu’ils ont obtenu n’avait pas de spécialité. Le décalage entre spécialité de formation et emploi est plus fréquent parmi les jeunes qui se jugent trop diplômés par rapport à leur emploi : 44 % déclarent que leur spécialité de formation est peu ou pas du tout adaptée.
Lorsque les jeunes tiennent compte de l’ensemble de leurs compétences, y compris celles acquises dans le monde professionnel ou via des formations autres que leur formation initiale, 83 % ont un sentiment d’adéquation avec leur emploi : ils jugent leurs compétences adaptées à ce qui est nécessaire pour faire leur travail. En revanche, 15% s’estiment déclassés, au sens où ils déclarent que leurs compétences sont supérieures à ce qui est attendu sur leur poste. Les 2 % restants s’estiment moins compétents que ce qui est requis pour faire leur travail.
Le sentiment d’avoir des compétences plus élevées que celles requises pour faire son travail concerne environ 8% des indépendants, 9% des cadres, et 12% des professions intermédiaires. Mais ils sont 26% chez les employés et 22% chez les ouvriers peu qualifiés vs 16 chez les employés qualifiés et 14 chez les ouvriers qualifiés.
Ce sont plutôt ceux en CDD ou intérim qui se sentent les plus déclassés (23%) vs ceux en CDI (14), ceux en alternance ou stage (11).
Le sentiment de déclassement est plus faible aux deux extrêmes de l’échelle des diplômes : seuls 12% parmi les jeunes diplômés d’un bac+5 d’une part, 11% de ceux dotés d’un diplôme de niveau CAP et même 6% pour les jeunes peu ou pas diplômés d’autre part, s’estiment déclassés, contre 18 à 19% pour ceux ayant un niveau de diplôme compris entre bac et bac+4.
Parmi les diplômés de niveau bac, 44% occupent des emplois d’ouvriers ou employés qualifiés ; 15% d’entre eux se sentent déclassés, mais ils sont 31% s’ils occupent des postes d’employés ou ouvriers peu qualifiés (le 1/4 d’entre eux). Ce sentiment est plus fréquent pour ceux dotés d’un bac général (45%) que pour ceux ayant un bac professionnel (25%).
De même, ceux qui ont par ailleurs déclaré que leur spécialité de formation n’est pas adaptée à leur travail se sentent bien plus souvent déclassés (41%) que ceux qui trouvent leur spécialité adaptée ou très adaptée (14%).
Les diplômés du supérieur, hors bac+5, occupent des postes plus variés dans l’échelle socioprofessionnelle que les diplômés d’autres niveaux : 48% exercent une profession intermédiaire, 25% sont employés ou ouvriers qualifiés et 11% sont cadres. Les employés et ouvriers qualifiés se sentent plus fréquemment déclassés (28% des diplômés de niveau bac+3 ou 4, et de 20% des diplômés de bac+2).
Comme pour les bacheliers, le sentiment de déclassement par rapport aux compétences est en lien avec une spécialité de formation inadaptée à l’emploi occupé : il est deux fois plus fréquent pour les jeunes dont la spécialité est jugée peu ou pas du tout adaptée que pour ceux qui la jugent adaptée ou très adaptée (32% contre 16).
Le sentiment de déclassement diminue avec l’expérience dans l’emploi.
Le sentiment de déclassement diminue avec l’ancienneté dans le poste : évolution dans le poste avec le temps (augmentation des responsabilités) afin de mieux s’ajuster aux compétences du salarié, plus fortes mobilités.
11% des personnes qui occupent leur emploi depuis 5 ans ou plus jugent en effet leurs compétences supérieures à ce qui est nécessaire, contre 19% des personnes en poste depuis moins d’un an.
En moyenne, les femmes se jugent aussi souvent déclassées sur leur poste que les hommes. En revanche, à situation équivalente, elles déclarent moins souvent que les hommes que leurs compétences sont supérieures à ce qui est requis.
En 2024, 21% des chômeurs et inactifs jugent qu’ils étaient déclassés, soit 6 points de plus que les personnes en emploi. Le sentiment de déclassement est un peu plus fréquent pour les chômeurs que pour les inactifs (23 contre 18%). Ces résultats s’expliquent en partie par le fait que l’emploi occupé antérieurement par les chômeurs et les inactifs était souvent peu qualifié : 44% étaient employés ou ouvriers peu qualifiés, contre 17% des personnes en emploi. De même, l’emploi occupé était beaucoup plus souvent en CDD ou intérim (59%, contre 15% des jeunes en emploi).
Pour en savoir davantage : https://www.insee.fr/fr/statistiques/8642606