Méthodologie : Altares collecte l’ensemble des jugements auprès des greffes des Tribunaux de Commerce de métropole et d’outre-mer, les publications du B.O.D.A.C.C ; l’exhaustivité des ouvertures de procédure est ainsi enregistrée en date de l’ouverture de la procédure, c’est-à-dire la date du jugement et non pas la date à laquelle ce jugement a été publié.
Cela ne recouvre donc ni les procédures amiables (mandat ad hoc ou conciliation) ni les suites d’ouverture (arrêt de plan ou conversion en liquidation). Chaque année, en moyenne, les 2/3 des Redressements Judiciaires ouverts sont convertis en Liquidations Judiciaires.
Les défaillances 2024, au regard de 2019, ont explosé dans les entreprises de 10 salariés et plus et dans les entreprises sous forme de SAS et SA.
Une progression des défaillances de 17% au regard de 2023 et de 30% au regard de 2019 (situation moyenne sur 10 ans), avec de faibles taux pendant le covid.
Entre 2023 et 2024 les redressements ont davantage progressé que les liquidations judiciaires (+29% vs +13). En 2019, les liquidations judiciaires étaient de fait un peu plus nombreuses en proportion au sein des défaillances. Noter la situation en 2015 assez proche de celle de 2024.
♦ Les défaillances selon la taille des entreprises :
Les moins de 3 salariés sont 72,7% des procédures collectives et les moins de 10 salariés 92% des défaillances.
Entre 2023 et 2024, les entreprises de 50 salariés et plus, peu nombreuses au sein des défaillances (424 en 2024) sont celles qui ont connu les plus fortes hausses, tant en ce qui concerne les liquidations judiciaires (+32% vs en moyenne +13), que les redressements (+39% vs +29). Les moins de 10 salariés ont connu une hausse des liquidations judiciaires plutôt faibles (+13%), alors que l’évolution du nombre de redressements est assez proche des 50 salariés et plus (+30%).
Si l’on compare à 2019, les 10 salariés et plus sont les tranches de taille qui ont globalement connu les plus fortes hausses (entre 59 et 76% vs entre 25 et 36% chez les moins d 10 salariés)
♦ Les défaillances selon l’ancienneté des entreprises :
56% sont le fait d’entreprises de 3 à 10 ans d’ancienneté, 31% de 11 ans et plus et nettement moins, les moins de 3 ans d’ancienneté (13%).
Hors les moins de 3 ans d’ancienneté, les progressions entre 2023 et 2024 du nombre de défaillances des 3 ans et plus sont proches dans chaque tranche d’ancienneté (8% pour les moins de 3 ans contre 16 à 20% pour les autres anciennetés).
Ce constat est le même si l’on observe les liquidations (5,5% pour les moins de 3 ans vs 13 à 17% pour les autres tranches) et pour les redressements (18% pour les moins de 3 ans vs 29 à 32%). Noter que les redressements ont nettement plus augmenté que les liquidations.
Comparés à 2019, les défaillances ont augmenté de 30% ; elles ont un peu diminué pour les moins de 3 ans (-3,7%) et fortement progressé pour les 6 à 10 ans (+51% vs 31 à 35% pour les autres anciennetés).
Les défaillances selon la nature juridique.
Le nombre de défaillances est peu élevé au sein des entreprises individuelles (11% des défaillances), alors que cette nature juridique concerne au moins la moitié des entreprises (hors microentrepreneurs) ; de fait cette procédure ne s’avère pas nécessaire pour beaucoup de dirigeants qui cessent leur activité du fait de difficultés économiques. Par contre, il est proche pour les Sarl et les SAS (27 024 vs 30 206).
Entre 2023 et 2024, la hausse du nombre de défaillances est beaucoup plus élevée pour les SAS/SA que pour les Sarl (+24% vs 8,5%) ; La raison est le choix de plus en plus fréquent de la forme juridique SAS au détriment de la Sarl. Noter aussi la nette progression des défaillances en entreprise individuelle (19,5%).
Là encore la hausse des redressements est nettement plus forte que celle des liquidations, notamment pour les SAS (+38% vs +20%), mais aussi pour les entreprises individuelles (32% vs 14,5%) et nettement moins pour les Sarl (21% vs 6%).
Entre 2019 et 2024, la hausse est encore plus significative pour les SAS (+97%) vs +2,5 pour le Sarl et -2,9% pour les entreprises individuelles.
♦ Les défaillances selon les activités
– 5 activités ou groupes d’activité connaissent de fortes hausse du nombre de défaillances entre 2019 et 2024 :
* 2 activités font état de fortes hausses pour les 2 périodes : les activités immobilières en tout 1er lieu (+77% entre 2019 et 2024 et +47% entre 2023 et 2024), le transport (+42,5% et +31%),
* Les 3 autres connaissent des hausses trés élevées entre 2019 et 2024 mais moyennes entre 2023 et 2024 : on y trouve les activités financières et d’assurance (+115 et +21), l’informatique et communication (+55% et +17%) et l’industrie (+44% et +14%).
– 2 activités ou groupes d’activités ont des hausses moyennes lors des 2 périodes : la construction (+30,5% entre 2019 et 2024 et +22% entre 2023 et 2024), les services aux entreprises (+17% et +20%).
– 4 activités ont des hausses moyennes entre 2019 et 2024 et plutôt faibles entre 2023 et 2024 : le commerce (+25% et +13%), les HCR (+25 et +9), la santé (+14% et +18%) et l’exception des services aux particuliers qui affirment une hausse moyenne entre 2019 et 2024 (+36%) mais une stabilité entre 2023 et 2024 (+0,5%).
– 4 activités font état de faibles hausses entre les 2 périodes : l’enseignement (+11% et +10%), l’agriculture (+9% et +13%), alors que 2 autres connaissent des baisses à savoir la boulangerie-pâtisserie (+14% et -2,9%) et les activités récréatives (-5,5% et -0,8%).
♦ Les défaillances dans les régions.
– L’Île-de-France présente les taux les plus élevés, tant entre 2019 et 2024 (40% vs en moyenne 35%), qu’entre 2023 et 2024 (27% vs en moyenne 17). Noter aussi que cette région a le plus fort taux de liquidation en 2024 (80% vs 69 en moyenne).
– Alors que la plupart des régions ont des taux plus faibles pour les 2 périodes :
* Des taux trés faibles pour la Corse (3% et 8%), la Bourgogne-Franche-Comté (14% et 8%) , et le Grand-Est (11% et 8,5%),
* Des taux plus élevés entre 2019 et 2024, mais plus faibles que le moyenne, et plus faibles aussi entre 2023 et 2024 pour 6 régions : Bretagne (24,5% et 16%), Paca (28% et 15%), Pays de Loire (23% et 13%), Occitanie (33,5% et 13), Hauts de France (28% et 8%), Centre-val-de-Loire (28% et 7,5%),
* Des régions proches des moyennes des 2 périodes : Nouvelle Aquitaine (39% et 20%), et Auvergne-Rhône-Alpes (33 et 18%)
* Des taux plus élevés entre 2023 et 2024 : la Normandie (30% et 28%)
Pour en savoir davantage : https://www.altares.com/2025/01/21/etude-altares-defaillances-et-sauvegardes-dentreprises-4e-trimestre-et-bilan-2024/