Le numérique au sein des TPE/PME.


"Baromètre France Num, résultats de l’enquête qualitative", Edition 2024, Direction générale des Entreprises, décembre 2024

Méthodologie : enquête qualitative, menée par entretien auprès de 31 dirigeants d’entreprise (16 sont des TPE et 15 des PME); 17 sont en B to B, 8 en B to C et 16 les deux formes. Un focus a été réalisé sur les entreprises du secteur de l’industrie (12 interviewes).

Les dirigeants ont moins de 45 ans (12), de 45 à 65 ans (16) et plus de 65 ans (3).

 

Comment le numérique, dont l’IA, est-il perçu (quels apports, quid de la sécurité, des compétences nécessaires) ?

⇒ La typologie : 

Les entreprises « dynamiques » (26% des entreprises de l’enquête soit 12 entreprises interrogées). Elles sont plus équipées et avec des projets numériques. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises des NTIC, de l’industrie, des services à la personne. Ce sont surtout des PME dont les dirigeants sont plus jeunes (< 40 ans) et de niveau de formation plus élevé (Bac+2/+3 et > Bac+3).

 

– Les entreprises « matures » (23% des entreprises de l’enquête quantitative et 8 entreprises interrogées). Elles sont plus équipées, avec des projets numériques, mais n’ont pas de projets en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises des secteurs NTIC, assurance-finance, commerce et services spécialisés. On y trouve un peu plus de TPE ; les dirigeants sont plus jeunes (< 30 ans) et de niveau de formation plus élevé (> Bac+3).

 

– Les entreprises « en potentiel » (16% des entreprises de l’enquête quantitative et 7 interviewes). Elles sont moins équipées et sans projets numériques, mais elles ont des projets en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises de l’agriculture, des IAA, des HCR, du BTP, du transport/logistique. on y trouve plus souvent des 0 salarié dont les dirigeants sont de niveau de formation plus faible (< Bac et niveau Bac).

 

– Les entreprises « réticentes » (35% des entreprises de l’enquête quantitative et 4 interviewes). Elles sont moins équipées, sans projets numériques, et sans projet en cours. Elles sont sur-représentées parmi les entreprises de l’agriculture, du BTP, du transport/logistique et ont un peu plus souvent de 0 à 4 salariés. Les dirigeants sont plus âgés (> 60 ans),et de
niveau de formation modeste (< Bac et niveau Bac).

⇒ En ce qui concerne l’apport du numérique, on distingue 2 catégories :

– les TPE PME convaincues de l’importance du numérique (26) : il permet d’avoir une visibilité accrue, d’accéder à de nouveaux marchés, d’améliorer l’efficacité opérationnelle, de réduire les coûts, de mieux connaître les clients. Quelques TPE PME n’oublient pas qu’elles ont eu des périodes difficiles en termes techniques et financiers pour le choix des outils adaptés, la maîtrise de solutions complexes, la formation des salariés…

– et celles peu convaincues (5).

 

♦ Le numérique est alors perçu comme facteur de compétitivité, de croissance de l’entreprise :

– Il permet d’optimiser des processus, d’améliorer la qualité et la réactivité, d’automatiser certaines tâches. Les entreprises en B to B, n’ayant ni le même modèle commercial ni les mêmes types de clients et d’attentes, mettent plus l’accent sur l’efficacité des outils numériques. L’arrivée de la fibre a été une étape importante pour beaucoup (vitesse de connexion plus rapide, symétrie des débits, stabilité du débit, fiabilité accrue, productivité améliorée, possibilité de recourir aux solutions cloud / SaaS…).

– Mais il a un impact ambivalent sur la consommation d’énergie, car s’il permet de réaliser des économies (optimisation des processus industriels, télétravail, dématérialisation des documents), il entraîne également une augmentation de cette consommation (centre de données énergétivores, obsolescence des équipements numériques, augmentation de la demande énergétique). 

– Pour le secteur de l’industrie, le numérique est perçu surtout comme un facteur de compétitivité plus que de croissance : il constitue davantage un vecteur d’efficacité (plus grande productivité), de réduction des coûts, plutôt qu’un moteur direct de croissance du chiffre d’affaires ou du volume de production. 

⇒ La sécurité numérique : 3 catégories.

♦ 16 entreprises se sentent en sécurité grâce à leurs nombreux équipements et solutions et à une culture de cybersécurité (sensibilisation du personnel et formation et collaboration avec des experts en cybersécurité). 49% des entreprises craignent la perte de données ou d’être piratées lorsqu’elles utilisent les outils numériques. Les mails frauduleux restent la principale menace et la première préoccupation des entreprises). 

 

♦ 10 entreprises déclarent être bien conscientes, soit de leur retard, soit de se contenter d’une conformité réglementaire, un immense chantier qu’elles ne savent pas trop comment aborder.

 

♦ 5 entreprises ont déjà été victimes de piratage ou de pertes de données (piratage de compte bancaire ou de réseaux sociaux, virus de cryptage, cyberattaque….).Cela les a poussées à une grande prudence et parfois à investir dans des outils de protection.

⇒ L’intelligence artificielle : 3 catégories d’entreprise.

♦ 8 entreprises (de type Dynamique ou Mature)  sont à la pointe de l’IA, et l’utilisent pour automatiser, analyser des données, créer de nouveaux produits ou services.  

 

8 entreprises n’ont pas encore adopté l’IA, mais n’y sont pas opposées et vont s’y intéresser. Elles reconnaissent le besoin de se former mais avancent prudemment (entreprises de type Dynamique et en potentiel).

Si l’adoption de l’IA varie en fonction du secteur d’activité, l’âge peut être aussi un frein. La compétence ne se trouve pas forcément en interne ; réflexion alors sur l’embauche d’un nouveau salarié ou accueil d’un jeune alternant ou stagiaire, avec la difficulté du financement. ou de perte de sens (rôle de l’interaction humaine) pour 4 entreprises.

 

♦ 11 entreprises (de type plutôt dynamique) sont indifférentes ou blasées aux évolutions induites par l’IA. Ce sont des chefs d’entreprise qui privilégient le contact humain, le savoir-faire et qui perçoivent l’IA comme une menace.

⇒ La facturation électronique : 4 catégories.

♦ 13 TPE/ PME (de type Dynamique ou Mature) se déclarent prêtes soit parce qu’elles ont un prestataire réactif soit parce qu’elles ont des administrations publiques comme client. 

 

♦ 9 entreprises (plutôt de type en potentiel) attendent que leur prestataire leur propose une offre aboutie (au prestataire de se mettre à jour suivant les directives de l’Etat). Elles espèrent être bien accompagnées et que le logiciel soit facile d’utilisation. Ce peut-être aussi l’occasion de changer de prestataire, et de voir ce que la concurrence propose. 

 

♦ 7 TPE PME (plutôt de type Dynamique) font très peu de factures, ou sont en B to C, ou dans un secteur d’activité non marchand, et considèrent que cela ne les concerne guère. 

 

♦ 2 TPE PME sont très peu équipées de logiciels informatiques et font la gestion sous Excel. Elles sont très attachées à ce logiciel, ne souhaitent pas en changer et espèrent que cela va être compatible avec l’obligation de facturation électronique.

⇒ Les compétences numériques (67% déclarent avoir des compétences numériques en interne ou en externe) : 2 catégories.

♦ 18 entreprises (plutôt de type Dynamique ou Mature) optent pour des compétences en interne, notamment dans l’industrie. Elles préfèrent souvent internaliser certaines compétences stratégiques pour maintenir leur autonomie et leur contrôle sur les processus critiques (compétences techniques, recherche et développement), dans des domaines comme l’automatisation avancée, l’internet des objets, la robotique, le big data, l’intelligence artificielle). L’objectif est d’améliorer l’efficacité, la flexibilité et la personnalisation des produits tout en réduisant les coûts.

 

♦ Le 2ème groupe (13 entreprises) a une approche hybride, conjuguant compétences internes et externes, avec en priorité celles en interne (réactivité, flexibilité, contrôle…), et jouant les compétences externes (accès à des experts, gain de temps, mise à jour technologique), parfois pour des tâches précises (site, communication, comptabilité…). Noter que certaines entreprises ont eu des mauvaises expériences avec des prestataires (surfacturation, prestataire peu compétent, problèmes de sécurité, moins de contrôles, dépendance aux prestataires, coûts variables…).

 

Parmi les 31 rencontrées, les TPE PME sont nombreuses à évoquer la difficulté de trouver un bon prestataire, celle de mesurer la qualité de service et d’offre entre plusieurs fournisseurs. Elles sont confrontées à un décalage entre ce que l’entreprise cherche et ce que le prestataire propose. Se pose aussi le problème du coût, avec parfois un manque de transparence. Comme il est difficile de comparer les offres, elles se replient quand elles le peuvent sur leur réseau personnel et professionnel.

 

Certaines abordent spontanément le sujet de la formation (6 sur 31, de type Dynamique et Mature). Elles estiment que les compétences numériques doivent constituer un élément essentiel du parcours scolaire tout en se maintenant à niveau tout au long de la vie professionnelle, sachant que le numérique avance plus vite que les capacités d’adaptation des salariés.

⇒ Les réseaux du dirigeant (3 catégories).

♦ Pour 16 entreprises (plutôt de type Dynamique) le réseau professionnel formel est constitué des CCI/CMA, des fédérations et syndicats professionnels, des banques…jugée efficace ou pas.

 

♦ 4 entreprises font appel à leur réseau personnel qui aide, soutient et met en confiance mais s’avère rapidement insuffisant. Il s’agit de la famille, des amis, des connaissances, des confrères.

 

♦ 11 entreprises ne font pas appel à des réseaux car leur diplôme et leur propre expérience suffisent, couplés à une bonne stratégie d’embauches.

⇒ Zoom sur l’Industrie (12 entreprises essentiellement de type Dynamique).

Le numérique est considéré comme un levier indispensable pour améliorer l’efficacité, la visibilité et l’attractivité des entreprises. En effet elles ont intégré les outils numériques dans les processus de production (internet des objets industriels, automatisation, robotique, impression 3D, IA, Big Data…

 

La sécurité : elle est unanimement reconnue comme importante, mais elle est souvent mal maîtrisée, surtout dans les TPE, par manque de compétences ou/et de ressources financières. La plupart se contentent de mesures de base (sauvegardes, antivirus). Les entreprises qui investissent dans la sécurité le font souvent de manière réactive (après avoir subi un incident), et peu de manière proactive.

 

L’IA reste peu utilisée, parce que difficile à mettre en œuvre ou pas adaptée à leur activité. Mais l’IA est perçue comme une opportunité à explorer dans le futur.

 

– La facturation électronique : la transition vers la facturation électronique est en cours, mais son adoption varie en fonction de la taille des entreprises : les PME, qui disposent souvent d’outils comme des ERP ou CRM, se déclarent prêtes (ou quasiment), alors que les TPE sont souvent très en retard, s’estimant peu concernées ; le manque de temps pour se conformer aux exigences est aussi cité. Malgré cela, elles ne sont pas inquiètes, pensant pouvoir s’adapter dans les délais impartis.

 

Les compétences : la montée en compétences est vue comme incontournable et la formation la meilleure solution pour y parvenir. Dans les TPE, tout repose souvent sur le dirigeant ou un employé polyvalent. Ces personnes se forment généralement par elles mêmes.
Les PME, de leur côté, disposent de profils plus spécialisés.

 

Les réseaux jouent un rôle clé pour aider les entreprises : accès à des financements, des
conseils techniques, des expertises spécifiques. Les entreprises qui ont recours à ces dispositifs témoignent de leur utilité. Une grande partie des TPE méconnaissent ces réseaux ou hésitent à
y recourir (manque de temps, complexité des démarches).

 

Pour en savoir davantage : https://www.francenum.gouv.fr/guides-et-conseils/strategie-numerique/comprendre-le-numerique/barometre-france-num-2024-resultats